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Epreuves électorales en Turquie : La hantise du tripatouille mobilise

À deux semaines des élections présidentielle et législatives en Turquie, et alors que la tension monte dans le pays, deux initiatives citoyennes forment des dizaines de milliers de volontaires pour observer le déroulement du scrutin et le dépouillement des votes, afin d'empêcher toute manipulation des résultats.
Epreuves électorales en Turquie

Pas moins de 61 millions de Turcs seront appelés le 14 mai aux urnes. Ce jour-là, les « Türkiye Gönüllüleri » – littéralement « les volontaires de la Turquie » – auront une mission : photographier chaque procès-verbal signé par chaque bureau de vote, puis le télécharger dans un programme informatique qui enregistre, en temps réel, le décompte des votes. « Notre but n’est pas tant de publier des résultats que d’archiver des données qui pourront être utilisées immédiatement en cas de contestations », explique Ayçe Yücel, l’une des fondatrices de l’initiative. Ainsi, les Türkiye Gönüllüleri auront la possibilité de saisir le Haut Conseil électoral pour réclamer un recomptage des voix là où c’est nécessaire.

A signaler que cette initiative est soutenue par l’Alliance de la nation – six partis d’opposition unis derrière Kemal Kilicdaroglu, principal rival de Recep Tayyip Erdogan. Si ce genre d’initiative a vu le jour en Turquie ces dernières années, c’est que les opposants n’ont pas confiance dans les résultats proclamés par le Haut Conseil électoral. Cette initiative citoyenne compte actuellement plus de 100 000 volontaires, et espère en compter deux fois plus pour être représentée dans chaque bureau de vote lors des scrutins décisifs pour la démocratie en Turquie.

Alors que ce double scrutin approche, et que les deux principaux candidats à la présidentielle sont donnés au coude-à-coude, la tension monte en Turquie. Un climat largement entretenu par le pouvoir, dont le discours de plus en plus musclé stigmatise l’opposition. Süleyman Soylu, ministre de l’Intérieur, n’a pas hésité vendredi à faire le parallèle entre la tentative de putsch de juillet 2016 et les élections à venir, allant jusqu’à assimiler le vote pour l’opposition à un vote pour l’Occident, présenté en ennemi de la Turquie. « C’est net : le 14 mai 2023 est une tentative de coup d’État politique de l’Occident. Une tentative de coup d’État où tous les préparatifs sont en place pour éliminer la Turquie », a-t-il affirmé.

Chez les opposants, ces propos inquiètent. Les appels à la démission du ministre se multiplient. « Aborder les élections dans un tel climat de tension politique pose en soi un problème pour la sécurité du vote, estime ainsi Oguz Kaan Salici, vice-président du CHP, Parti républicain du peuple, principal parti d’opposition. « Cette mentalité qui assimile le vote à un coup d’État pose un problème de sécurité. Le fait que ces propos émanent du ministre de l’Intérieur nous montre l’ampleur du problème. Nous exigeons des élections transparentes, et que les résultats annoncés soient fidèles aux bulletins mis dans les urnes », a-t-il souligné.

Après avoir dû réaménager tout son agenda depuis mardi soir en raison d’un virus intestinal, selon son entourage, R.T. Erdogan est réapparu samedi en public à l’occasion du salon aéronautique Teknofest. Selon des images retransmises en direct par les chaînes de télévision, le chef de l’État turque s’est présenté en combinaison rouge de pilote, sur l’ancien aéroport Atatürk d’Istanbul où se tient l’événement, présenté comme « le plus grand du monde » et qui permet à l’industrie militaire turque d’exposer ses drones et ses avions.

Il est arrivé encore pâle et le visage fatigué, en compagnie du président Ilham Aliev d’Azerbaïdjan et du Premier ministre de Libye Abdel Hamid Dbeibah, deux pays auxquels la Turquie fournit des drones de combats. Le président a pris la parole devant la foule pour célébrer « les efforts et les succès des ingénieurs » et la technologie turque. Le président turc devait ensuite enfiler un meeting électoral à Izmir, sur la côte ouest, selon son programme officiel. Dimanche, à Ankara, il est appelé à reprendre le cours de sa campagne électorale.

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