La semaine dernière déjà, l’Afrique du Sud qui avait saisi la CIJ, estimait que « le génocide » commis par Israël à Gaza avait atteint un « niveau horrible ». Alerté, le Premier ministre sioniste qui a consulté son gouvernement immédiatement après la publication de l’ordonnance du tribunal de la Haye, a donné son feu vert à ses brigades déployées dans l’enclave palestinienne pour y aller franco ! autant dire que le génocide pourrait continuer puisque Tel-Aviv a sa propre interprétation de décision de la CIJ et, selon un communiqué commun du ministère des Affaires étrangères et du Conseil de la sécurité nationale, « n’a pas mené et ne mènera pas d’opérations militaires dans la zone de Rafah qui pourraient conduire à la destruction de la population civile palestinienne, en tout ou en partie ». En d’autres termes, les responsables israéliens ont l’intention de poursuivre les combats à Rafah.
Aujourd’hui samedi, l’armée israélienne bombardait d’ailleurs déjà Rafah. Ils indiquent cependant leur intention de se conformer aux directives de la Cour internationale de la Haye en permettant le passage d’aide humanitaire, notamment par le terminal de Rafah. Et prendre les précautions possibles pour minimiser les dommages à la population civile. Engagement qui, comme tant d’autres, ne sera pas suivi d’effet. Francesca Albanese, rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme en Palestine a exprimé ses inquiétudes face à Israël qui a intensifié ses attaques contre Rafah après que la Cour internationale de Justice lui a ordonné de mettre fin à ses opérations dans la ville. Pour elle, il n’y a pas lieu de tergiverser. C’est à la communauté internationale d’imposer à l’occupant l’arrêt des combats. A ses yeux, des sanctions doivent être imposées contre Israël, dont l’interdiction des exportations d’armes, voire la rupture des relations diplomatiques.
L’armée sioniste a lancé son assaut contre Rafah le 7 mai avec des opérations au sol, l’objectif assigné à l’opération consistant à y anéantir les derniers bataillons du Hamas à l’origine de l’attaque sans précédent sur le sol israélien le 7 octobre ayant déclenché la guerre.
Le bureau de Benyamin Netanyahu a rejeté une fois de plus les accusations de l’Afrique du Sud contre Israël, les qualifiant de mensongères. De son côté, Yair Lapid, chef de l’opposition a estimé que le fait que les juges de La Haye n’aient pas établi de lien entre l’arrêt des combats et la libération des otages est un désastre moral. Et à l’extrême droite, Betsalel Smotrich, ministre des Finances proclame, lui, que l’histoire jugera ceux qui se sont tenus aux côtés du Hamas.
Plus tôt cette semaine, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) avait demandé l’émission de mandats d’arrêt pour des crimes présumés commis dans la bande de Gaza et en Israël contre des dirigeants du Hamas mais aussi israéliens, parmi lesquels le Premier ministre. Si le gouvernement israélien a fustigé l’annonce du procureur, il avait néanmoins ordonné à ses négociateurs de « retourner à la table des négociations pour obtenir le retour des otages », selon un haut responsable. Le Hamas craint que la démarche israélienne ne relève que de la pure manœuvre pour faire durer le calvaire vécu par les Gazaouis. Le directeur de l’hôpital Kamal Adwan à Gaza a lancé aujourd’hui un appel de détresse à l’OMS pour sauver ce qui peut encore l’être au niveau de cette unité de soins encore opérationnelle. Certains patients et bébés prématurés sont encerclés par l’occupation sioniste à l’intérieur même de l’hôpital, a-t-il fait savoir.
Début mai, des négociations indirectes entre Israël et le Hamas, par l’entremise du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis, n’avaient pas abouti à un accord de trêve associée à la libération d’otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
William Burns, patron de la CIA, est attendu à Paris pour tenter de relancer les pourparlers sur une trêve alors que le président français avait reçu vendredi le Premier ministre du Qatar et les ministres saoudien, égyptien et jordanien des Affaires étrangères. Selon la présidence française, les dirigeants ont discuté de la mise en œuvre de la « solution à deux États », soit un État palestinien viable aux côtés d’Israël. L’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont récemment annoncé reconnaître l’État de Palestine. Ce que la France se prive, pour l’heure, d’accepter. Les dirigeants ont aussi parlé des « leviers qui pouvaient être activés afin d’obtenir la réouverture de tous les points de passage » vers ce territoire palestinien et examiné comment « augmenter et approfondir leur coopération en matière d’aide humanitaire ». Selon des médias israéliens, les négociateurs israéliens auraient obtenu l’aval pour proposer une « trêve durable ». les prochains jours apporteront leur lot d’éclaircissements d’autant plus que le chef du Mossad israélien est lui aussi appelé à se rendre à Paris pour y tenir des réunions avec les négociateurs américains et qataris.
Antonio Tajani, chef de la diplomatie italienne, a annoncé samedi la reprise des financements en faveur de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) après un entretien avec Mohammad Mustapha, Premier ministre palestinien à Rome. « J’ai informé M. Mustapha que le gouvernement a prévu de nouveaux financements en faveur de la population palestinienne d’un montant global de 35 millions d’euros […] dont cinq seront alloués à l’Unrwa », a dit A. Tajani selon un communiqué. « L’Italie a décidé de reprendre le financement de projets spécifiques destinés à l’assistance aux réfugiés palestiniens, mais seulement après des contrôles rigoureux qui garantissent que pas même un centime ne risque de servir à soutenir le terrorisme », a -t-il encore souligné. L’Unrwa, qui coordonne la quasi-totalité de l’aide à Gaza, est en crise depuis janvier, lorsque Israël a accusé, sans preuve, une douzaine de ses 13 000 employés de Gaza d’être impliqués dans l’attaque du 7 octobre.
A sigaler aussi qu’une partie de la jetée américaine à Gaza s’est détachée samedi, ont rapporté les médias israéliens. Selon la chaine de télévision Channel 12, les vagues ont emporté une partie de la jetée flottante américaine au large de la bande de Gaza jusqu’à la côte d’Ashdod, notant que la marine israélienne l’a restaurée et reliée à nouveau.
Le 26 avril, les États-Unis ont entrepris la construction de cette jetée au large de Gaza, sous prétexte d’acheminer de l’aide humanitaire dans la bande, qui subit depuis 8 mois une agression et un siège israéliens. Plus tard, l’armée américaine a annoncé le départ des premiers camions chargés d’aide, qui ont été transportés vers le port flottant au large de Gaza, et la distribution de leur cargaison dans la bande assiégée.
La construction du port a coïncidé avec l’exposition de Washington à des critiques croissantes dans le monde entier, compte tenu de son rôle central dans la poursuite du génocide commis par l’occupation israélienne contre les Palestiniens dans la bande de Gaza. Malgré les tentatives de Washington de commercialiser la jetée en prétendant vouloir apporter son aide, cette mesure a été largement critiquée pour être insuffisante pour répondre aux besoins requis, en plus du fait qu’elle n’offre pas d’alternative aux passages terrestres par lesquels l’occupation empêche le flux de l’aide.
Le magazine britannique The Economist avait critiqué ce port temporaire à Gaza et accusé le président américain Joe Biden de s’être délibérément abstenu d’user de son influence pour forcer « Israël » à autoriser davantage d’aide à Gaza. Et affirmé que Joe Biden, après avoir permis le comportement d’Israël pendant plusieurs mois, cherche désormais des « solutions alternatives » qui le dégageraient de toute responsabilité. « The Guardian » a assuré, lui, que le défaut le plus important dans la plate-forme temporaire concerne la partie qui distribuera l’aide, indiquant également qu’il existe de sérieuses craintes que l’aide supposée n’arrive trop tard pour les Palestiniens, contre lesquels Israël mène une guerre de famine. En outre, le projet US suscite des soupçons quant à ses objectifs qui vont au-delà de ceux déclarés, car il ouvre la voie à la mise en œuvre d’autres efforts, comme le déplacement des Palestiniens, sous une couverture humanitaires ou autres. Faut-il s’étonner dès lors de voir ledit projet ciblé par la résistance palestinienne ? Une résistance qui, pour l’heure, persiste dans ses opérations de harcèlement et d’usure contre l’occupant. Des opérations singulières sont en effet menées au niveau de Jabalia, dans le nord de l’enclave palestinienne, ainsi qu’au niveau des déploiements de l’armée sioniste dans plus d’un endroit à Rafah.