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Drame migratoire de Nador-Melilla : Concertations maroco-européennes à Rabat

Comme attendu, des responsables européen et espagnol ont rencontré vendredi à Rabat le ministre marocain de l’Intérieur après le drame de Melilla qui a coûté la vie à au moins 23 migrants africains ayant tenté fin juin de pénétrer dans le préside occupé. Ce drame a fait 23 morts parmi les migrants, selon les autorités, ainsi que des dizaines de blessés (140 dans les rangs des policiers marocains.

Dans le cadre du dialogue politique régulier entre le Royaume du Maroc et l’UE, Ylva Johansson, Commissaire européenne chargée des affaires intérieures, et Fernando Grande-Marlaska, ministre espagnol de l’Intérieur, ont rencontré, vendredi à Rabat, Abdelouafi Laftit ministre marocain de l’Intérieur. Tout en mettant en exergue les résultats probants de leur coopération basée sur la responsabilité partagée dans le domaine migratoire, ils ont convenu de rénover leur partenariat pour faire face, ensemble, aux réseaux de trafic des personnes, notamment suite à l’émergence de nouveaux modes opératoires extrêmement violents adoptés par ces réseaux criminels, indique un communiqué conjoint publié à l’issue de cette rencontre, ajoutant qu’ils dénoncent les actions de ces réseaux, de leurs complices et de tous ceux qui les aident.

Les responsables des deux parties déplorent tous les décès des personnes qui essayent d’émigrer irrégulièrement, y inclus ceux qui ont eu lieu lors des derniers évènements douloureux du 24 juin 2022. Ils regrettent également les blessés, y compris parmi les forces de l’ordre marocaines et espagnoles, poursuit la même source.

Ces évènements, outre leur dimension de tragédie humaine, démontrent l’extrême dangerosité et violence des réseaux de trafic de personnes qui sont prêts à tous les risques, souligne le communiqué conjoint, notant que des enquêtes se poursuivent afin d’élucider les aspects en relation avec ces événements.

Parallèlement, la Commissaire européenne et les deux ministres se sont félicités de la mission d’information effectuée par le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) en vue d’établir les faits, le respect des droits fondamentaux étant une valeur partagée par le Maroc et l’Union Européenne, indique la même source.

Le nouveau partenariat opérationnel en matière de lutte contre le trafic de personnes entre la Commission et le Maroc pourra couvrir notamment le soutien à la gestion des frontières, le renforcement de la coopération policière, y compris les enquêtes conjointes, la sensibilisation aux dangers de la migration irrégulière, ainsi que le renforcement de la coopération avec les agences de l’Union Européenne chargées des affaires intérieures, explique-t-on.

Le communiqué conjoint confirme que le Maroc est un partenaire stratégique et engagé de l’Union Européenne avec lequel le partenariat en matière de migration remonte à plusieurs années, notant que la Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile (SNIA) constitue aujourd’hui un modèle de gestion migratoire des plus avancés, tant sur le plan législatif qu’institutionnel, ayant permis de régulariser la situation administrative de plusieurs milliers de migrants et de les intégrer dans la société marocaine.

Le Maroc est également l’un des États fondateurs du processus de Rabat et le Roi Mohammed VI est désigné par ses pairs Chefs d’États africains comme leader du Continent africain dans les questions migratoires, ajoute la même source.

Les efforts opérationnels du Maroc empêchent des dizaines de milliers de départs irréguliers vers l’Europe avec un nombre important secouru en mer, rappelle le communiqué, notant que le Royaume a également procédé, durant cette même période, au démantèlement d’une centaine de réseaux criminels de trafic de personnes.

Dans le cadre du nouveau pacte sur la migration et l’asile, la Commission met en place des partenariats en matière de migration avec les pays d’origine, de transit et de destination pour lutter contre les réseaux de trafic de personnes, mais aussi s’attaquer aux causes profondes de la migration et améliorer les possibilités de migration légale, de sorte que les personnes ne ressentent pas le besoin de risquer leur vie lors de voyages dangereux, conclut le communiqué conjoint.

Khartoum, enfin, réagit

A signaler aussi que le gouvernement soudanais a demandé à ce que le Maroc lui fournisse des informations documentées concernant la tentative de traversée de la clôture par plusieurs centaines de migrants, le 24 juin dernier, et qui a coûté la vie à au moins 23 ressortissants étrangers  (30 selon les ONG), dont beaucoup ont la nationalité soudanaise.

Une réunion s’était tenue dans la capitale, Khartoum, avec la participation de Dafallah Al-Hajj Ali, sous-secrétaire du ministère des Affaires étrangères, et Mohamed Maelainin, ambassadeur du Maroc au Soudan. La discussion a porté, selon les média soudanais, sur les relations bilatérales ainsi que sur le drame survenu à la clôture entre Nador et Melilla.

Un communiqué de la diplomatie soudanaise a souligné que «le sous-secrétaire du ministère a demandé à l’ambassadeur de fournir au ministère des Affaires étrangères toutes les informations dont il dispose et de faciliter la mission de l’ambassade du Soudan à Rabat, pour visiter les centres de détention et fournir des informations aux autorités compétentes concernant les victimes, à la suite des événements».

Le responsable soudanais a précisé que le ministère des Affaires étrangères de son pays n’avait pas encore reçu d’informations fiables indiquant si des concitoyens figuraient ou non parmi les victimes. Il a ajouté que l’intérêt du gouvernement soudanais pour ces événements découlait de du devoir de ce dernier, dans le cadre de la protection de ses ressortissants soudanais à l’étranger.

De son côté, le diplomate marocain a exprimé ses regrets sur ce qui s’est passé et a confirmé suivre ce dossier avec le plus grand intérêt, promettant de fournir à Khartoum toute information à ce sujet.

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