Joshua Harris, secrétaire d’Etat américain adjoint pour l’Afrique du Nord, s’est réuni vendredi 8 décembre à Alger avec Ahmed Attaf, chef de la diplomatie algérienne, et Lounès Magramane secrétaire général du ministère des Affaires étrangères. Les entretiens ont porté sur « les efforts communs visant à faire avancer la paix et la sécurité régionales, y compris une coopération intensifiée pour assurer, sans plus attendre, le succès du processus politique des Nations unies au Sahara occidental », indique le Département d’Etat US sur la plateforme X (ex-Twitter).
La partie algérienne n’a pas encore communiqué sur la rencontre avec l’émissaire de l’administration Biden. Pour rappel, les services d’Antony Blinken avaient annoncé, mercredi, un déplacement de J. Harris en Algérie et au Maroc afin de relancer le processus politique au Sahara.
Les dernières négociations entre les parties concernées par ce différend (le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Polisario) remontent à mars 2019, lors de la deuxième édition du format des Tables rondes, initiées par Horst Köhler, ancien envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental.
Coups de boutoir séparatistes
A rappeler que le déplacement du « Monsieur Sahara » de l’administration américaine intervient quelques semaines après que le Polisario ait attaqué la ville de Smara à deux reprises. La relance de la guerre, prônée par les séparatistes depuis l’épisode d’El Guerguerate ayant permis à l’armée marocaine de libérer le passage reliant le Maroc à la Mauritanie, avait jusqu’alors pris le pli de « communiqués militaires » triomphalistes sans effet. Jusqu’aux attaques de la ville marocaine qui ont causé la mort d’un civil et blessé deux autres.
Les séparatistes ne se contentent plus d’agiter le spectre de la guerre. Sur le plan diplomatique, ils sont tentés par la relance de leurs efforts pour isoler le Maroc. Au-delà de la réactivation du réseau charrié par la Conférence européenne de solidarité et de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO), le Polisario mobilise ses soutiens pour s’opposer à la candidature du Maroc à la présidence du Conseil des droits de l’ONU, au titre de l’année 2024. C’est le message porté par des ONG sahraouies réunies, vendredi 8 décembre, par visio-conférence. Un texte signé à cette occasion justifie leur opposition par « le refus de l’Etat occupant militairement le Sahara occidental de coopérer avec les instances onusiennes ».
Selon ces associations, la présidence du CDH de l’ONU est à même « d’assurer au Maroc le suivi de milliers de plaintes relatives aux droits de l’Homme et émanant du monde entier ». Et de conclure en affirmant que le royaume « n’est pas habilité à présider le CDH ».
Dans sa course à la présidence de l’organisme onusien en 2024, le Maroc a déjà eu l’appui de la Ligue arabe, en septembre dernier. D’habitude, le président de cette instance est désigné par consensus, à l’exception de 2021. L’Arabie saoudite, qui s’était alors opposée à la candidature de la Fidjienne Nazhat Shameem Khan, avait poussé le Bahreïn à présenter un postulant. L’opération de vote avait donné la victoire à la représentante des Iles Fidji.
L’Algérie et l’Afrique du sud, les deux principaux alliés du Polisario sur les scènes africaine et internationale, siègent également au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies pour la période 2023-2025. Le CDH compte 47 membres, élus par l’Assemblée générale de l’ONU pour un mandat de trois années.