En tant que monnaie de réserve, le dollar devrait s’effondrer si les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) créent leur propre monnaie, a estimé James Rickards, ancien conseiller de la CIA.
Cette annonce pourrait intervenir d’ici deux mois et demi, notamment le 22 août, lors du sommet des BRICS. D’ampleur inédite, elle serait la plus significative de la finance internationale depuis 1971, a-t-il écrit dans un article publié sur le portail Daily Reckoning.
Pour cause: les BRICS représentent une alternative considérable à l’hégémonie occidentale sur tous les plans, a indiqué J. Rickards qui est aussi expert en finance.
Le groupe pèse déjà beaucoup sur la scène internationale. Il compte quatre des sept plus grands pays du monde en masse continentale, possédant 30% de la surface sèche de la Terre et des ressources naturelles associées, rappelle l’ex-officier américain.
Près de 50% de la production mondiale de blé et de riz ainsi que 15 % des réserves mondiales d’or se trouvent dans les BRICS. Enfin, la Chine, l’Inde, le Brésil et la Russie sont quatre des neuf pays les plus peuplés de la planète avec une population combinée de 3,2 milliards de personnes ou 40% de la population de la Terre.
De plus, des dizaines de pays s’intéressent aux BRICS, et huit ont officiellement demandé à y adhérer. Cela signifie que le poids du groupe ne fera que monter. Par exemple, en cas d’admission de l’Arabie saoudite, la part des BRICS dans le PIB mondial serait supérieure à 54%, mesurée en parité de pouvoir d’achat.
J. Rickards, cet intérêt s’explique par le fait que Washington abuse des sanctions à l’encontre de certains pays. D’après lui, le cas de la Russie a suggéré à de nombreux États qu’ils pourraient subir le même sort. Surtout si leurs démarches déplaisent un jour aux États-Unis. « Cette peur a considérablement accéléré la pression pour se retirer complètement du système du dollar », a-t-il estimé.
Revenant sur les avertissements qu’il avait formulés, l’ex-employé de la CIA a avancé que ce tournant crucial de l’économie mondiale pourrait « survenir plus tôt que l’on ne le pensait ». Ces transformations produiraient « une onde de choc géopolitique à laquelle le monde n’est pas préparé », relève-t-il. Et d’ajouter que « ce jeu pour le statut de monnaie de réserve mondiale par les BRICS affectera le commerce mondial, les investissements étrangers directs et les portefeuilles des investisseurs de manière dramatique et imprévue. »
Certains pays membres des BRICS ou leurs sympathisants utilisent déjà leurs propres devises dans les échanges commerciaux. Or, Dubaï et Pékin ont récemment conclu un accord selon lequel le premier acceptera le yuan chinois en paiement de ses exportations de pétrole. À son tour, Dubaï peut utiliser le yuan pour acheter des semi-conducteurs ou des produits manufacturés à la Chine.
Puis, la Chine et le Brésil ont récemment conclu un accord monétaire bilatéral où chaque pays accepte la monnaie de l’autre dans le commerce.
Enfin, la Russie peut payer en roubles les produits manufacturés chinois et d’autres exportations, tandis que la Chine paie en yuans l’énergie, les métaux stratégiques et les systèmes d’armement russes.
La question de la création d’une monnaie commune devrait être à l’ordre du jour du prochain sommet, d’après Moscou qui l’a évoquée à plusieurs reprises. Cette idée a été soutenue par Luiz Inacio Lula da Silva, président brésilien.