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Normalisation entre Rabat et Tel-Aviv : La pilule ne passe toujours pas…

Face au Parlement, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées à Rabat, dans l’après-midi de mercredi, pour protester contre la visite effectuée par Amir Ohana, président du Parlement d'Israël (Knesset). Attendu sur la question du Sahara, ce responsable sioniste s’est contenté d’énoncer des lieux communs alors que la normalisation entame sa troisième année…
Normalisation entre Rabat et Tel-Aviv

Les manifestants, dont beaucoup sont membres de la société civile ou défenseurs des droits humains, ont brandi des slogans contre la venue du responsable et contre la normalisation des relations entre le Maroc et Israël.

La visite du président de la Knesset intervient à un moment où Israël pense à la question de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Auprès de Reuters, Aziz Hennaoui, membre de l’initiative marocaine pour le soutien à la Ouma a exprimé son refus de « marchander sur la question du Sahara marocain à travers la normalisation ». Il ajoute encore que les démarche du Maroc pour obtenir l’adhésion d’Israël à son plan d’autonomie ne doit nullement se faire « au détriment de la lutte du peuple palestinien ».

Pour rappel, le Maroc et Israël ont normalisé leurs relations depuis le 10 décembre 2020.

A.Ohana a estimé jeudi que son pays « devrait aller vers une reconnaissance » de la souveraineté du Maroc sur le territoire disputé du Sahara occidental, lors de sa première visite officielle au royaume. « Je l’ai déjà dit et je le redis très clairement en tant que président de la Knesset, Israël devrait aller vers une reconnaissance du Sahara marocain, tout comme l’a fait notre plus proche allié les Etats-Unis en signant les accords d’Abraham. J’ai soutenu et poussé vers cet objectif », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Rabat. « Il y a actuellement des discussions sérieuses entre nos gouvernements sur cette question, et je crois que le Premier ministre (Benjamin) Netanyahu annoncera sa décision dans un avenir proche », a précisé le responsable israélien en marge d’une rencontre avec son homologue marocain Rachid Talbi Alami.

Le Maroc et Israël ont normalisé leurs relations diplomatiques en décembre 2020 dans le cadre des accords d’Abraham, un processus entre Israël et plusieurs pays arabes, soutenu par Washington. En contrepartie, Rabat a obtenu de Washington la reconnaissance de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental. Sauf que depuis, et contrairement à ce qui avait été avancé, Tel-Aviv freine des quatre fers lorsqu’il s’agit de la question saharienne. Processus qui annihile, il faut en convenir, l’argumentaire ayant été développé pour faire avaler la pilule de la normalisation à l’opinion nationale. Entre-temps, la coopération israélo-marocaine se poursuit à un rythme soutenu dans les divers domaines.

Pour rappel, Nasser Bourita, chef de la diplomatie marocaine, s’est entretenu mercredi à Rabat avec Tzachi Hanegbi, conseiller à la Sécurité nationale d’Israël, selon l’agence de presse marocaine MAP. Les deux responsables « se sont félicités de la dynamique soutenue de renforcement de la coopération » bilatérale, selon la même source.

Aux portes de la Géhenne

Mettant à profit l’élan induit par la normalisation rampante, un groupe d’activistes, représentés par Houcine Benmessaoud, a lancé une initiative en vue d’accorder la nationalité marocaine aux enfants et descendants des juifs marocains. Une copie a été remise à R. T. Alami pour que la demande soit examinée et décidée par le Parlement dans un délai de soixante jours. Pour que ladite proposition puisse avancer, 20.000 signatures sont exigées.

Le représentant de cette initiative a déclaré à Hespress que l’objectif était de « maintenir le lien entre les Juifs d’origine marocaine, Amir al-Mouminin (Commandeur des croyants), et leur pays d’origine en rétablissant la nationalité marocaine pour les générations qui l’ont perdue ». Il a ajouté que « la proposition législative trouve son fondement constitutionnel dans le deuxième paragraphe du préambule de la Constitution, ainsi que dans les articles 14 et 71. Elle s’appuie également sur les discours du Roi Mohammed VI, Amir al-Mouminin, et de ses prédécesseurs bienveillants, d’un point de vue politique, religieux et culturel ».

Le texte prévoit l’octroi de la nationalité marocaine à tous les juifs marocains qui l’ont déjà abandonnée, ainsi qu’à tous leurs enfants et descendants. Les demandes en ce sens seront traitées par les services extérieurs du ministère de l’Intérieur au Maroc et par les services consulaires pour les résidents à l’étranger. La demande propose également que les tribunaux de première instance examinent les demandes de naturalisation en fonction du dernier lieu de résidence du père ou du grand-père, et que les décisions prises à cet égard puissent faire l’objet d’un appel devant les tribunaux supérieurs, ainsi que devant un comité ministériel proposé pour suivre et gérer les demandes de naturalisation.

Plus, les initiateurs de cette demande proposent également que l’État fournisse diverses facilités, ressources et moyens pour faciliter l’intégration économique, politique, religieuse, culturelle et sociale des enfants et descendants des juifs marocains. Comme ils visent à créer un organisme national indépendant, doté de la personnalité morale, qui serait chargé des affaires religieuses des juifs marocains et travaillerait à rétablir les droits économiques, financiers et culturels de la communauté juive marocaine qui ont été compromis lors de leur départ collectif du Maroc.

Ce processus est jugé pernicieux par les milieux qui rejettent la normalisation au regard des dangers qu’une telle initiative comporte. Elle pourrait nuire non seulement à l’harmonie sociale, mais aussi déstructurer le creuset culturel. Cela sans parler de l’ouverture d’une brèche face aux ultras sionistes qui exigent des pays de départ vers Israël des centaines de milliards de dollars à titre de compensation…

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