« Le secrétaire d’État Marco Rubio a rencontré aujourd’hui le ministre égyptien des Affaires étrangères Badr Abdelatty », à Washington, rapporte un communiqué du département d’État US. Le chef de la diplomatie égyptienne a fait le déplacement dans la capitale américaine pour aborder la question de Gaza et la proposition controversée de D. Trump sur le déplacement des Palestiniens de l’enclave. « Le secrétaire a réitéré l’importance d’une coopération étroite pour faire progresser la planification post-conflit pour la gouvernance et la sécurité de Gaza et a souligné que le Hamas ne pourra plus jamais gouverner Gaza ni menacer Israël », indique le communiqué américain.
De son côté, l’Égypte a rejeté « tout compromis » qui porterait atteinte aux droits des Palestiniens, dans un communiqué publié peu après cette rencontre. « L’Égypte maintient sa position rejetant tout compromis sur les droits (des Palestiniens), y compris leur droit à l’autodétermination, à demeurer sur leur terre et à l’indépendance », affirme Le Caire.
Or, Donald Trump accentue la pression sur Amman et Le Caire. Alors que dans une interview diffusée dans la soirée du lundi sur Fox News, ce dernier a réaffirmé sa volonté de prendre « possession » de la bande de Gaza, il a précisé aussi devant la presse qu’il allait « peut-être » arrêter les aides versées par les États-Unis à l’Égypte et à la Jordanie si ces deux pays refusaient d’accueillir les Palestiniens qui vivent actuellement dans l’enclave. Le président américain n’envisage pas qu’ils puissent rentrer chez eux dans le cadre du plan qu’il imagine pour Gaza.
Le roi de Jordanie Abdallah II, dont le pays accueille déjà environ 2,3 millions de réfugiés palestiniens, doit quant à lui rencontrer D. Trump mardi 11 février, à Washington. Mais dès la semaine dernière, lorsque le milliardaire avait révélé son plan pour Gaza, le roi hachémite avait déjà rejeté « toute tentative » de prendre le contrôle des territoires palestiniens et d’en déplacer les habitants.
A rappeler que l’Egypte, comme la Jordanie, sont liés à Israël par des accords de paix signés séparément. Il s’agit des accords de Camp David signé en 1978 et ceux de Wadi Araba signés sur le sol jordanien en 1994.
Lors de la guerre génocidaire menée par l’entité sioniste contre l’enclave de Gaza après l’opération singulière Déluge d’Al-Aqsa, les deux pays se sont distingués par un positionnement politico-diplomatique pour le moins étonnant. C’est par les routes jordaniennes que les convois de ravitaillement destinés à Israël transitaient alors que les Jordaniens battaient le pavé à Amman exigeant de la monarchie de rompre avec Tel-Aviv et de renvoyer l’ambassadeur israélien. Du côté égyptien, l’armée qui s’est déployées le long du Corridor de Philadelphie, non loin de Rafah, n’a rien entrepris lorsque les chars israéliens ont pilonné ses positions et hissé le drapeau israélien sur le passage frontalier de Rafah. Pis, on a vu des bâtiments de guerre israéliens traverser le canal de Suez vers Israël alors que la résistance du Yémen a très tôt fait d’asphyxier Israël en empêchant les bateaux transitant de ou vers les ports israéliens d’emprunter les voies navigables tout le long de la mer Rouge. L’armée de Sanaa a même croisé le fer avec les bâtiments de américains et britanniques déployés dans la zone pour assurer la protection des navires israéliens.
Autant dire que Le Caire, comme Amman, s’acquittent pour l’heure de la lourde facture de la Pax Americana qui ne s’embarrasse d’aucun scrupule pour sauvegarder et défendre les seuls intérêts d’Israël dans la région tant que l’entité sioniste est encore capable d’assumer son rôle régional basé sur la déstabilisation et l’affaiblissement des pays arabes. Les stratèges les plus lucides n’auront pas manqué de le constater à la chute du régime baasiste de Damas. Israël a tôt fait de mener une série de raids méthodiques pour détruire toutes les capacités militaires syriennes.