Tunisie

Le 59ème anniversaire de l’évacuation a été célébré en Tunisie a été l’occasion d’un bras de fer supplémentaire entre le pouvoir et l’opposition. Depuis trois jours, le grand malaise politico-social s’est exprimé dans la rue, opposant forces de l’ordre aux manifestants.

En Tunisie, l’instance électorale a annoncé mardi soir le résultat du référendum sur la nouvelle Constitution de lundi. Ce texte, porté par le président Kaïs Saïed, accorde de larges pouvoirs au chef de l’Etat. Selon les résultats officiels préliminaires annoncés par l’ISIE, le «oui» l’emporte à une écrasante majorité, mais avec une faible participation, dénoncée par l’opposition.

Rached Ghannouchi, patron de la formation islamiste Ennahdha qui a dominé la scène tunisienne après la « Révolution du Jasmin », se voit rattrapé par la justice. Le président du Parlement déchu le 25 juillet après la dissolution de l’institution par le Président Kais Saïed le 25 juillet, s’est présenté mardi 19 juillet au pôle judiciaire de lutte antiterroriste. Il doit répondre aux lourdes charges retenues contre lui : blanchiment d’argent et financement du terrorisme.

A l’appel de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la grève générale programmée jeudi a paralysé le pays. Aéroports et transports étaient à l’arrêt lors de cette grève qui a engagé plus de 650.000 fonctionnaires de l’Etat. L’UGTT parle de succès, le mot d’ordre ayant été observé à 96%.

En Tunisie, la voie de la transition parait bien sinueuse et difficile. Le « coup de force » réalisé par Kais Saïed continue à faire des remous. La dernière mesure présidentielle, celle qui a touché les magistrats, plonge le pays dans l’incertitude.

Depuis juillet dernier, date à laquelle « le coup de force » de Kaïs Saïed a été réalisé, le chef de l’Etat tunisien poursuit sa course solitaire à la tête du pays. Ayant pris soin d’éliminer plusieurs contre-pouvoirs, Parlement en tête, il souhaite désormais mettre en place une « nouvelle République », selon ses termes, et engager un « dialogue national ».

Le Front de salut national, récemment formé par cinq partis opposés au président Kais Saied, en tête desquels se trouve la formation islamiste Ennahdha, a manifesté dimanche en Tunisie. Pour cette première démonstration de force, les centaines de manifestants qui ont observé un sit-in face au théâtre municipal de la capitale croient en leur bonne étoile.

Le président tunisien a annoncé dimanche 1er mai, lors d’une allocution télévisée, lancer le dialogue national attendu depuis des mois. Le modus operandi choisi suscite la colère, le dialogue voulu par Kaïs Saied devant se faire en petit comité. L’UGTT, puissante centrale syndicale incontournable en pareille occasion, appelle à un dialogue responsable et inclusif.

En Tunisie, la confusion règne sur le plan politico-institutionnel depuis « le coup de force » opéré par le chef de l’Etat. Ahmed Néjib Chebbi, ancien opposant sous la dictature de Zine el Abidine Ben Ali a annoncé mardi la création d’un front regroupant plusieurs partis pour « sauver » la Tunisie de sa profonde crise. Le «coup d’Etat» du président Saied qui s’est accaparé les pleins pouvoirs depuis le 25 juillet dernier, est dénoncé. Mais de quelle chance dispose le front qui non seulement compte d’anciennes figures auxquelles la crise actuelle est imputée, mais en l’absence de la puissante centrale syndicale UGTT ?