Ainsi, les séparatistes modérés d’Esquerra Republicana ont tendu la main à Junts per Catalunya, qui leur sont proches et rivaux à la fois, en les incitant à appuyer l’investiture du socialiste Pedro Sanchez, afin de permettre la gouvernabilité à partir de la mi-août, date de la mise en place de la nouvelle chambre basse.
La droite et l’extrême droite qui peine à arracher la majorité absolue pour gouverner font le même constat frustrant : personne ne veut les y aider. Pedro Sanchez, leader du PSOE au poste de Premier ministre depuis 2019, pourrait quant à lui obtenir la majorité à la chambre basse moyennant le soutien de toutes les autres formations, indépendantistes basques et catalans compris. L’objectif étant de dépasser la barre fatidique des 176 députés.
Si toutes les formations semblent d’accord, les sécessionnistes de Junts per Catalunya, dirigé par Carles Puigdemont, hésitent à suivre le pas. D’où les tentatives menées par les Catalans modérés d’Esquerra (ERC) pour les convaincre de jouer le jeu. « Nous tendons sincèrement la main » au parti Junts per Catalunya (JxCat), a déclaré l’ERC dans une lettre adressée à cette formation indépendantiste concurrente, publiée dimanche dans le quotidien catalan Ara.
Pour ce faire, l’ERC veut faire pression sur P. Sanchez : les 14 députés des deux formations catalanes pourraient le soutenir, mais seulement si la Catalogne bénéficie d’une réforme fiscale, de la compétence sur les trains de banlieue et que le catalan soit admis en tant que langue utilisée au Parlement européen.
Reste que les deux partis, dont Junts en particulier, exigent aussi une amnistie générale de leurs leaders condamnés par la justice et la tenue d’un nouveau référendum d’autodétermination. Perspectives rejetées par le leader socialiste. « Aujourd’hui, le PSOE n’a pas de majorité alternative. Nous avons un levier de force que nous devons savoir utiliser ensemble, pour avancer, pour construire » un chemin « vers l’amnistie et l’autodétermination », explique ERC dans sa lettre.
L’amnistie demandée bénéficierait aux personnes inculpées pour la tentative de sécession de 2017, y compris C. Puigdemont, réfugié en Belgique depuis l’échec de la tentative d’indépendance de la Catalogne en 2017, et qui s’est opposé jusqu’à présent à soutenir un gouvernement espagnol. Il n’a pas encore été jugé, exilé qu’il est en Belgique.
ERC et Junts ont gouverné ensemble la Catalogne pendant plusieurs années jusqu’en octobre 2022, date à laquelle la coalition mise en place à fini par éclater.
Le parti de Puigdemont accuse ERC de n’avoir rien obtenu avec sa position conciliante vis-à-vis du PSOE et de P. Sánchez. Ces derniers assurent à l’inverse que la grâce accordée à neuf dirigeants indépendantistes catalans en 2021 et l’abrogation du principal délit les ayant conduits en prison – celui de sédition – sont le fruit de leurs négociations avec Madrid.