Le Premier ministre libanais sortant a mis l’accent sur les défis actuels du pays et la nécessité d’un soutien international global. S’exprimant au terme d’un entretien à l’arrivée du président français à l’aéroport, N. Mikati a déclaré que E. Macron comprenait parfaitement la situation du Liban et s’était engagé à soutenir le nouveau gouvernement. Le chef de l’Etat français s’est déclaré prêt à contribuer à l’obtention d’aide pour le Liban et a souligné l’importance de la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU.
N. Mikati a évoqué les violations israéliennes en cours, soulignant que ces violations sont étroitement surveillées. Il a partagé les assurances reçues selon lesquelles les violations cesseraient dans les 60 jours, exprimant l’espoir que ces engagements seraient respectés. E. Macron doit aussi échanger dans la matinée avec le chef d’état-major de la force de paix de l’ONU (Finul), le général Jean-Jacques Fatinet, ainsi qu’avec les chefs du mécanisme mis en place sous la houlette de la France et des États-Unis pour vérifier l’application du cessez-le-feu entre le Liban et Israël le 27 novembre. Le président français va plaider pour « compléter dans le temps imparti par l’accord de cessez-le-feu », c’est-à-dire d’ici au 26 janvier, le retrait de l’armée israélienne du sud du Liban et le déploiement de l’armée libanaise.
Par ailleurs, l’hôte de l’Elysée a rencontré lors de sa visite divers responsables politiques et militaires libanais. Sa visite express de douze heures, au rythme d’un emploi du temps millimétré, coïncide avec celle du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, arrivé jeudi soir à Beyrouth, en signe de solidarité avec le Liban. Selon une source diplomatique française, les deux hommes devraient se voir sur place. Cette visite intervient une semaine après l’élection du général Joseph Aoun à la présidence de la République du Liban, et quelques jours après la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre. A. Guterres reçu par Abdallah Bouhabib, ministre sortant des Affaires étrangères, est venu pour « féliciter (le président Joseph) Aoun à l’occasion de son élection, rencontrer de hauts responsables et s’informer sur la situation au Liban », a ajouté l’agence libanaise ANI.
Par ailleurs, Farhan Haq, porte-parole adjoint du Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré lors d’un point de presse à New York que la visite de Guterres durerait 3 jours. Il a expliqué que lors de sa visite, A. Guterres rencontrerait des responsables libanais et inspecterait le quartier général de la Force intérimaire des Nations Unies au Sud-Liban (Finul).
Les nouveaux dirigeants du Liban sont confrontés à de grands défis, notamment la grave crise économique, la question de la reconstruction du pays après la récente guerre israélienne, ainsi que le retrait de l’armée israélienne des zones qu’elle occupait dans le sud.
Depuis le 27 novembre 2024, un cessez-le-feu précaire prévalait dans le sud du pays, mettant fin aux bombardements mutuels entre Israël et le Hezbollah qui ont débuté le 8 octobre 2023, puis se sont transformés en une guerre à grande échelle le 23 septembre de l’année dernière. Parmi les dispositions les plus importantes de l’accord de cessez-le-feu figurent le retrait progressif d’Israël au sud de la Ligne bleue (précisant les lignes de retrait d’Israël du Liban en 2000) dans un délai de 60 jours, ainsi que le déploiement de l’armée et des forces de sécurité libanaises le long de la frontière, aux postes-frontières et dans la région sud.
L’agression israélienne contre le Liban a fait 4 68 morts et 16 670 blessés, dont un grand nombre d’enfants et de femmes, outre le déplacement d’environ 1,4 millions de personnes. La plupart des victimes et des personnes déplacées ont été enregistrées après l’escalade du 23 septembre de l’année dernière.
A signaler aussi que Tarek Bitar, juge chargé d’enquêter sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth, qui a fait plus de 220 morts et dévasté des pans entiers de la capitale le 4 août 2020, a repris ses investigations jeudi 16 janvier. Le magistrat a engagé des poursuites contre dix nouvelles personnes. La reprise de l’enquête sur l’explosion du port après deux ans d’interruption est le premier résultat concret de la désignation de Nawaf Salam au poste de Premier ministre. L’ex-président de la Cour de justice internationale a explicitement insisté dans sa première déclaration publique, mardi, sur la nécessité de faire la vérité sur l’explosion du port et de rendre justice aux victimes et à leurs familles.
Après avoir engagé des poursuites contre des ministres, anciens ou en exercice, des officiers et des hauts fonctionnaires, le juge libanais avait dû interrompre ses investigations après les pressions et les interventions politiques dans le cours de la justice. Les personnalités influentes mises en accusation avaient inondé la justice de recours pour entraver le travail du juge et avaient bénéficié de la bienveillance du procureur général qui a lui-même limité la marge de manœuvre de T. Bitar. Parmi les 10 personnes qui devront être entendues à partir du 7 février figurent des officiers supérieurs de l’armée et des services de sécurité, dont l’ancien chef des renseignements militaires, des hauts fonctionnaires des douanes et des employés du port.