Après l’annonce du retrait des États-Unis, principal contributeur de cette agence onusienne, ou encore de l’Argentine, un député russe a appelé le législateur à se pencher sur les activités de l’OMS en Russie. Le 6 février, sur sa chaîne Telegram, Piotr Tolstoï, vice-président de la Douma, a pointé du doigt une réalité: une part importante du budget de l’organisation provient d’entités « affiliées » à l’entrepreneur américain Bill Gates, a-t-il avancé. « J’ai une question à poser : pourquoi la Russie cherche-t-elle à rester à tout prix membre d’une « organisation » qui appartiendra bientôt à un homme à la réputation très douteuse en matière de santé publique ? » écrit le député. Selon ce dernier, « une enquête approfondie sur les activités de l’OMS en Russie » est nécessaire. « Pendant l’enquête, l’adhésion de la Russie devrait au moins être suspendue ou, mieux encore, être résiliée », a conclu P. Tolstoï.
L’OMS est financée par les pays membres, qui paient une contribution proportionnelle à leur PIB, ainsi que par des « contributions volontaires » tant d’États membres que d’autres partenaires tels que la Fondation Bill et Melinda Gates. En effet, selon le site de l’OMS, plus de 80% du financement de l’Organisation provient de ces « contributions volontaires ». Selon les données de l’OMS, la Fondation Gates, ainsi que l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation (GAVI) – elle-même financée par la Fondation Gates – ont versé à l’agence onusienne plus de 1,3 milliard de dollars en contributions volontaires. Une somme, cumulée, supérieure aux contributions de l’Allemagne. Au cas par cas, cette dernière occupe la deuxième place du tableau des donateurs, toutes contributions confondues, ne devançant que d’une courte tête la Fondation Gates.
« L’OMS n’est pas en mesure de définir le programme mondial en matière de santé et a dû céder aux exigences de riches donateurs, non seulement des pays riches d’Europe et d’Amérique du Nord, mais aussi de riches philanthropes tels que la Fondation Gates », avait déclaré en février 2023 à Euronews Lawrence Gostin, directeur du Centre collaborateur de l’OMS pour la législation nationale et mondiale en matière de santé. La chaîne européenne se penchait, déjà, sur les critiques formulées à l’encontre de cette dépendance de l’OMS aux financements de la fondation des ex-époux Gates. « L’OMS dispose d’un budget annuel inférieur à la taille d’un seul grand hôpital universitaire aux États-Unis et d’un quart du budget des Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) », avait ajouté L. Gostin.
Dans la foulée de l’annonce du retrait des États-Unis de l’OMS, le porte-parole du président argentin, Manuel Adorni, a déclaré le 5 février que le président du pays, Javier Milei, avait chargé son ministre des Affaires étrangères de « retirer l’Argentine de l’OMS ». « Pour l’heure, les faits montrent que les prescriptions de l’OMS ne sont pas efficaces puisqu’elles résultent d’une influence politique et ne sont pas fondées sur la science », a justifié dans un communiqué le bureau du président. « En outre, l’organisation a confirmé son refus de changer d’approche et, loin d’admettre ses erreurs, choisit de continuer à assumer des compétences qui ne lui reviennent pas et à limiter la souveraineté des pays », est-il également stipulé dans le communiqué.
La décision de se retirer de l’OMS a été prise le 20 janvier par le président américain invoquant notamment une supposée « incapacité à démontrer son indépendance face à l’influence politique inappropriée des États membres » ainsi qu’une disproportion entre leurs contributions. Ce n’est pas la première fois que les États-Unis quittent l’OMS. Au printemps 2020, D. Trump avait déjà annoncé la rupture des relations avec l’organisation internationale, l’accusant de se montrer trop indulgente avec la Chine.
