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Xavier Driencourt : « Croire que le pouvoir algérien est légitime »

Élu ? - l’actuel locataire d’El-Mouradia à Alger, qui briguerait un second mandat- : point trop n’en faut, seulement 5 % de la population aura voté au milieu de dizaines de milliers de militaires, policiers, gendarmes, douaniers et autres corps constitués qui, se mêlant au peu d’électeurs, auront troqué l’uniforme pour un accoutrement civil à l’occasion.
Xavier Driencourt

Souvenez-vous de cette période soi-disant révolutionnaire où les colonels puis les généraux se faisaient élire en atteignant des scores jusqu’à 99,98 % de oui. Le 12 décembre 2019, le peuple algérien est descendu dans les rues pour dénoncer et condamner le trucage des élections présidentielles et tous les scrutins qui en découlent organisées par l’ancien chef d’état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, en scandant : « Tebboune faux président, les militaires l’ont installé, il n’est pas légitime, c’est le peuple qui décide … ».  Des régions entières, telles que l’Oranie, la Kabylie, l’algérois et le constantinois ont boycotté les dernières élections. À partir des soulèvements et des massacres du printemps berbère et des événements d’octobre 1988, ces scores apparaissent indécents.

Désormais, les généraux algériens désignent le candidat de leur clan et se prêtent à des mascarades électorales moins spectaculaires mais le résultat est le même. Il ne s’agit que d’un jeu de marionnettistes faisant parler et se déplacer une marionnette tout en racontant une histoire. D’ailleurs, l’actuel chef d’état-major de l’armée algérienne viendra à Paris courant janvier 2023 afin de préparer et d’encadrer la visite d’État prévue de l’actuel chef de l’État.

Le système algérien est bel bien un système militaire produit des services de renseignement à la fois de type décadent et de type KGB. L’ancienne sécurité militaire actuelle DRS est dirigée par des officiers octogénaires formés autrefois par le KGB au temps de l’Union des Républiques socialistes soviétiques. Leur méthode surannée se résume en trois mots : terreur, diffamation, corruption. Mais l’arme la plus sournoise qu’ils utilisent consiste à pousser des cris d’orfraie et de charognards à l’égard des ennemis extérieurs supposés ou réels. À savoir : la France, Israël et le Maroc. Leur mobile : continuer ad æternam à piller la rente pétrolière et capitaliser, fructifier, à l’exemple des traders, la rente mémorielle (Fonds de commerce juteux). En dernier ressort et à usage interne afin de se ménager une fausse élite réduite à la portion congrue, ils utiliseront le mensonge par omission et appliqueront, jusqu’à aujourd’hui, la formule suivante « plus le mensonge est gros mieux il passe » (J. Goebbels dixit) agrémentée de « nettoyage politique » (Xavier Driencourt), de racisme et d’antisémitisme, d’orgueil et de médiocrité.

Autre arme insidieuse du régime DRS-KGB d’Alger, le musellement des journalistes, l’infiltration et le contrôle par divers moyens des médias locaux et internationaux.

Voici un diplomate qui grandit la France : pourquoi ? Dans l’article de Xavier Driencourt du Figaro du 9 janvier 2023, honnêteté, lucidité, clairvoyance et prévoyance sont de mise. Il tire la sonnette d’alarme. L’acuité et la perspicacité du diplomate le fait, comme il se doit, véritable lanceur d’alerte. Il sort ainsi de sa réserve ou de l’atmosphère feutrée des cabinets car il s’agit d’une question majeure à laquelle les réponses apportées s’avéreront primordiales à court et à moyen terme.

Monsieur l’ambassadeur, quand on a le nez dedans, l’Algérie ne peut tromper personne. Ceux qui gardent toutefois une attitude dithyrambique ou mitigée c’est qu’ils ne détiennent pas les capacités de jugement suffisantes ou les clés de l’énigme à moins que leur jugement ne soit corrompu par la peur ou par l’appât du gain. Les maîtres du mystère font durer le suspense jusqu’à la fin. La fin de la nouvelle que tout le monde attendait, le roman policier (militaire), s’appelle dans la fiction littéraire la chute. Dans la réalité peu reluisante algérienne, c’est exactement ce à quoi nous assistons : LA CHUTE. Quel est donc cet esprit bien affûté qui a pris conscience du fait que la réalité dépasse la fiction ? En effet, à propos de chute, il suffirait juste de citer monsieur Xavier Driencourt : « 45 millions d’Algériens n’ont qu’une obsession, partir et fuir ». On assiste depuis un demi-siècle :

– à la fuite des cerveaux, qui va de pair avec la chute du niveau intellectuel moyen, éducation, université, recherche, fondamentale et opérationnelle compris,

– au délabrement total de l’économie et de ses infrastructures, pour exemple, les usines et installations des hydrocarbures ne font plus l’objet de maintenance et de soutien logistique, pourtant indispensables, depuis près de deux décennies, d’où le coût désormais exorbitant de l’investissement étranger d’ailleurs refusé de la part des majors compagnies aggravé par l’instabilité et le climat délétère permanent.

Ainsi des secteurs entiers comme celui de la rente pétrolière et autres ressources sahariennes annexées, sont livrés à l’insécurité technique, à l’accident industriel ou environnemental et à la ruine.

Mieux encore, la seule pseudo-institution qui monopolise le pouvoir dictatorial depuis 61 ans, l’armée, est elle-même en décadence avérée, livrée à la voyoucratie, à l’incompétence, la gabegie, la corruption effrénée, la drogue, la prostitution, la pédophilie, à la violence et à l’ostracisme sexuels, à l’impunité et à l’assassinat, aux exactions à l’égard des officiers et des sous-officiers honnêtes. Quant à l’homme de troupe (HDT), il est ravalé au rang de sous-homme aux pulsions suicidaires et fait d’ailleurs partie des « harragas » qui traversent la Méditerranée pour rejoindre l’Europe, la France, encore vêtus de leur uniforme de soldat (notamment à partir des plages de l’Oranie à l’Ouest et largement diffusés sur les réseaux sociaux).

Faut-il encore « faire mine de croire que le pouvoir algérien est légitime » (Xavier Driencourt) ? Comme un coq en pâte « embobiné », faut-il, encore et toujours, « culpabiliser » et faire preuve d’angélisme ?

Le Président Emmanuel Macron a bel et bien livré ses éléments de réponses notamment au journal Le Monde, comme le rappelle Xavier Driencourt, en démontant les mécanismes d’« une histoire officielle réécrite par Alger construite sur la haine de la France » – et de ses voisins -, permettant une exploitation à outrance de « la rente mémorielle », à l’usage exclusif d’« un système politico-militaire fatigué ».

Merci Monsieur Xavier Driencourt pour ce rayon de soleil de vérités qui autorise un espoir après plus d’un demi-siècle de tristesse, de larmes et de sang, de torture et de souffrance en Corée d’Afrique du Nord. Au 35e parallèle nord.

Pour qui sait lire entre les lignes, on comprend mieux pourquoi un tourisme gouvernemental entre Paris et Alger ne sera pas forcément productif.  Pour dire les choses plus simplement, une discussion sérieuse ne peut avoir lieu qu’entre gens sérieux et honnêtes. Qui s’assemble se ressemble.

Merci excellence pour cette respiration salutaire, cet oxygène empli de cet air pur et frais qui nous vient des sommets ou des grands espaces naturels.

Abderrahmane Mekkaoui (politologue), Chekib Abdessalam (essayiste)

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