« Je me déclare indépendante du système partisan défectueux de Washington », a annoncé K. Sinema dans une vidéo. Jusqu’à l’annonce fracassante de l’élue de 46 ans, la Maison Blanche savourait ouvertement les résultats, bien meilleurs que prévu, des démocrates lors des toutes récentes élections de mi-mandat. De 51 sièges sur 100 au Sénat, le camp démocrate retombe à 50, son niveau d’avant ces midterms. En sachant toutefois que les républicains en ont 49. La décision de Kyrsten Sinema a été applaudie dans les rangs conservateurs qui espèrent désormais compter sur son vote sur les textes les plus disputés.
Sur le plan strictement parlementaire, la décision de la sénatrice de l’Arizona douche les espoirs de Joe Biden de gouverner avec des coudées plus franches pour la suite de son mandat. Mais elle ne change pas non plus radicalement la donne. L’autre chambre du Congrès, la chambre des représentants, penche largement du côté républicain après les élections de mi-mandat, mettant déjà J. Biden dans une position précaire.
L’euphorie retombe donc chez les démocrates du Sénat. K. Sinema explique que cela ne changera pas grand-chose à son positionnement et à l’équilibre des forces. La Maison Blanche en prend bonne note, mais c’est justement le problème. Car depuis le début du Mandat de J. Biden, la sénatrice étaity considérée comme un caillou dans la chaussure du parti. L’ancienne militante écologiste devenue démocrate centriste a souvent contrecarré les plans démocrates qui ne lui convenaient pas ou indisposaient ses généreux donateurs.
Avec Joe Manchin, son collègue de la Virginie occidentale, elle a considérablement réduit la portée des plans de Joe Biden. Pour cela, la branche progressiste, la gauche du parti, lui en veut beaucoup et envisage de contester sa nomination pour 2024 en lui imposant une primaire que, selon les sondages locaux, elle pourrait bien perdre. En se définissant comme indépendante, elle espère convaincre les démocrates de lui laisser le champ libre, comme ils le font par exemple avec un autre indépendant, Bernie Sanders, dans le Vermont. Le risque, dans le cas contraire, serait qu’un républicain extrémiste soit élu, et dans un état aussi disputé que l’Arizona, c’est un vrai problème pour les démocrates.