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Tension en Géorgie : Un « Maïdan-bis » à Tbilissi ?

Le parti majoritaire en Géorgie a retiré un projet de loi sur les financements étrangers des ONG face à la pression de manifestations auxquelles des chancelleries occidentales ont apporté leur soutien. En dépit de la réaction de Tbilissi, les mobilisations se poursuivent.
Un « Maïdan-bis » à Tbilissi ?

Répondant à l’appel de plusieurs partis d’opposition, et malgré le retrait plus tôt ce 9 mars par le parti au pouvoir « Rêve géorgien » du projet de loi qu’ils contestaient, des milliers de manifestants antigouvernementaux battaient le pavé de Tbilissi en soirée.

Des manifestations, émaillées de confrontations avec les forces de l’ordre et de tentatives d’entrée dans le Parlement, avaient été organisées ces précédents jours contre le projet de loi en question, dit « Sur la transparence de l’influence étrangère ».

Ce texte proposait que les ONG financées à plus de 20% par des fonds étrangers s’enregistrent comme « agents de l’étranger ». Ses détracteurs l’ont comparé à une loi russe de 2012.  Plus globalement, des participants aux mobilisations antigouvernementales ont lancé des slogans contre la Russie ou exprimé leur hostilité au président russe ces derniers jours. Parallèlement, des drapeaux de l’Union européenne et des déclarations en faveur de l’intégration à l’UE ont été relevés lors de ces manifestations.

Face aux manifestations de ces derniers jours, le président de Rêve géorgien avait dénoncé l’action de « radicaux » et fait un parallèle entre ces protestations et le coup d’Etat de Maïdan soutenu par l’Occident en Ukraine, en 2014. « L’Ukraine, au final, a perdu 20% de son territoire » après ces événements, avait-il affirmé. Que ce parallèle s’avère pertinent ou non, les manifestants avaient trouvé un soutien auprès de hauts responsables occidentaux. Ned Price, porte-parole du Departement d’Etat US, avait appelé les autorités géorgiennes à « respecter les manifestations », se disant solidaires du « peuple géorgien » ; le chef de la diplomatie de l’UE avait qualifié le projet de loi polémique d’« incompatible avec les valeurs et les normes de l’UE » ; la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre, avait dénoncé un texte allant « à l’encontre du large soutien de la population géorgienne à la perspective européenne du pays ». Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait lui dit, de manière sibylline, souhaitait un « succès démocratique » et « européen » à la Géorgie.

Autre exemple encore : le 7 mars, l’ambassade des Etats-Unis en Géorgie avait dénoncé le projet de loi sur le financement étranger des ONG, estimant qu’il s’agissait d’un « jour sombre pour la démocratie géorgienne » après son adoption première lecture. « L’adoption par le Parlement de ces lois inspirées par le Kremlin est incompatible avec le désir manifeste du peuple géorgien de s’intégrer à l’Europe et de se développer démocratiquement », avait-elle indiqué dans un message sur Facebook, établissement elle aussi un parallèle avec la législation russe.

Interpellé jeudi, Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, a balayé toute implication des autorités de son pays dans l’élaboration du projet de loi géorgien. « Le Kremlin n’a rien à voir là-dedans. » « Vous savez, l’introduction de lois comme celle-ci a été pratiquée pour la première fois par les Etats-Unis à la fin des années 1930, si je me souviens bien », a fait valoir le représentant du Kremlin, dans un clin d’œil à la loi américaine sur l’enregistrement des « agents de l’étranger » (dite FARA, pour « Foreign Agents Registration Act »). Un parallèle qu’avait d’ailleurs dressé le président de Rêve géorgien, le parti majoritaire au Parlement de Géorgie, afin de défendre le projet de loi.

Quoiqu’il en soit, Rêve géorgien a annoncé dans la matinée du jeudi qu’il retirait le texte, ce que la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili, qualifiée par l’AFP de « pro-occidentale critique du gouvernement de son pays mais dont les pouvoirs sont limités », a salué comme une « victoire » des manifestants.

De plus, le ministère de l’Intérieur géorgien a annoncé la libération de manifestants arrêtés depuis le 7 mars, répondant ainsi à une des revendications de l’opposition. Or les protestataires, malgré ces victoires, ne semblent pour le moment pas prêts à cesser leur mobilisation.

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