À quelques jours de la deuxième réunion trimestrielle de son Conseil au titre de l’année 2022, la politique monétaire accommodante de BAM semble la seule option dans le but de soutenir la reprise de l’économie nationale, dans un contexte mondial marqué par une succession de crises. Certes la stabilité des prix et le maintien de l’inflation à un niveau acceptable sont au cœur des préoccupations de toute banque centrale, cependant les tensions inflationnistes qui se font de plus en plus sentir émanent de l’extérieur, ce qui réduit la marge d’intervention en matière de politique monétaire, selon les observateurs.
Ainsi, dans un flash pré-conseil, CDG Capital Insight fait état d’«un fort dérapage à la hausse de l’inflation et de l’inflation sous-jacente à des niveaux historiquement élevés », notant que ces tensions inflationnistes émanant de « la composante importée et d’un choc d’offre sur l’alimentation frais, avec une demande des ménages en ralentissement ». Par conséquent, « les deux composantes de l’inflation, en l’occurrence alimentaire et non alimentaire, ont connu des hausses importantes avec des niveaux historiquement élevés de la composante alimentaire de 9,1% en avril et mars 2022 et une évolution de 5,9% et 5,3% respectivement pour les produits non alimentaires », précise la même source.
Au niveau international, les annonces du relèvement des taux directeurs s’enchaînent, face à une spirale inflationniste qui a mis à rude épreuve les marchés financiers et plombé les perspectives de la reprise économique. Dans ce sillage, la Réserve fédérale (Fed) a opéré, tout récemment, la plus forte hausse de son taux directeur depuis 1994, relevant le taux de référence de 0,75% pour faire face à l’inflation galopante aux Etats-Unis. Confrontée à la même situation, la Banque d’Angleterre (BoE) a porté son taux directeur à 1,25%, tandis que la Reserve Bank of India (RBI) a augmenté son taux directeur de 50 points de base à 4,90%.
Au niveau national, les deux baisses du taux directeur opérées par BAM en mars et juin 2020, ont contribué à amortir le choc induit par la crise sanitaire, en assurant aux agents économiques des financements plus abordables à même d’accélérer leur reprise et booster leur performance. Cet accompagnement via une politique monétaire accommodante est toujours sollicitée par les acteurs économiques, pénalisés notamment par un contexte de stress hydrique non sans conséquences sur le secteur agricole. Soulignant un « un ralentissement prévu de la croissance économique en 2022 sous l’effet d’une baisse importante prévue du PIB agricole et d’un léger recul de la croissance non agricole », CDG Capital Insight estime qu’« il est plus probable que le Conseil de Bank Al-Maghrib maintienne le taux directeur inchangé, compte tenu des conditions de relance post-crise covid19, qui restent fragiles ».
Même son de cloche du côté d’Attijari Global Research (AGR) dont un sondage réalisé auprès des investisseurs financiers révèle un consensus sur une stabilité du taux directeur de BAM, précisant que 63% des investisseurs sondés anticipent un statu quo du taux directeur de BAM au terme de son prochain conseil. Cela montre l’appétit du marché pour des financements à des taux raisonnables afin d’amorcer leur reprise, ce qui implique une stabilisation du taux directeur, instrument phare pour agir sur le coût de financement.
Comme à l’accoutumée, tous les yeux seront tournés vers la réunion de politique monétaire qui dévoilera les orientations de la politique monétaire censée concilier, au plus juste, les objectifs de croissance et d’inflation, dans un contexte des plus incertains au niveau international.