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Navires humanitaires en Méditerranée : Rome arraisonne et sanctionne les ONG

L'Italie a saisi, mercredi 23 août 2023, un navire humanitaire géré par une ONG allemande. C'est le troisième de ce type à être mis sous séquestre en 48 heures en vertu des nouvelles règles en matière d'immigration introduites par le gouvernement de Giorgia Meloni.
Navires humanitaires en Méditerranée

L’ONG allemande Sea-Eye a indiqué avoir reçu une amende de quelque 3 000 euros, et son navire SEA-EYE 4 a été saisi après avoir procédé à trois opérations de secours, qui selon l’organisation ont permis de recueillir 114 personnes. L’ONG espagnole Open Arms a, elle, affirmé avoir reçu une amende de 10 000 euros. Son navire a été saisi le mardi 22 août après avoir ignoré les instructions des autorités italiennes lui enjoignant de ne pas procéder à deux opérations de secours en Méditerranée. Lundi 21 août, c’est le navire Aurora, de l’ONG allemande Sea-Watch, qui a été saisi pour avoir débarqué des migrants dans un port non choisi par les autorités italiennes.

Ces navires ont violé une récente loi obligeant les navires d’ONG à regagner un port choisi par les autorités italiennes entre chaque sauvetage. Cette nouvelle législation a été décidée cette année par le gouvernement de la Première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni. L’objectif : faire baisser le nombre d’arrivées, même si les navires d’ONG ne représentent qu’une fraction du nombre total de migrants débarquant en Italie.

« Les ONG de sauvetage marin doivent, après avoir effectué un sauvetage, tout de suite se diriger vers le port désigné au lieu de répondre à d’autres appels de détresse. Cette loi, elle contredit le droit international : le capitaine de chaque navire a l’obligation de porter secours aux personnes en détresse en mer. Cette loi nous met dans la situation où, quand on est dans la zone de sauvetage, on a le choix entre laisser mourir des gens et garder notre bateau… C’est une loi qui est perverse et inhumaine, et la réduction des arrivées de migrants et de réfugiés ne peut pas se faire au prix de milliers de morts et de vies perdues en mer », explique Anna Paulitsch, porte-parole de l’ONG Sea-Eye.

« Ce qui est important à savoir, c’est que les peines prévues par la loi Piantedosi peuvent augmenter, donc la loi prévoit qu’en cas de violations répétées, on peut être immobilisé indéfiniment, et aussi le montant des amendes peut augmenter. Donc pour une ONG comme nous, par exemple, ça menacerait l’existence même de l’ONG », poursuit la porte-parole. 

Open Arms a raconté que son navire était en train de se rendre au port de Carrare, choisi par les autorités italiennes, quand l’équipage a pris connaissance d’un appel de détresse d’Alarm Phone, un numéro utilisé par les migrants rencontrant des difficultés lors de leur traversée. Cette alerte « concernait deux bateaux en péril au sud de notre position », une information confirmée par l’avion de surveillance d’une ONG. En l’absence de réponse immédiate des autorités italiennes à cet appel de détresse, le navire d’Open Arms explique avoir suivi le droit maritime international et a procédé au sauvetage. Le navire a ensuite reçu l’ordre « d’abandonner les recherches et de continuer vers le port choisi, étant donné que les autorités avaient pris la situation en main », mais sans donner de délai, selon Open Arms. L’ONG a donc continué sa route et recueilli 132 personnes, cela lors d’une opération de deux heures « au cours de laquelle aucun navire des autorités n’est paru, confirmant une fois de plus que ces gens étaient laissés à la dérive ». Le bateau s’est ensuite rendu à Carrare, où il a été saisi.

Selon Sea-Eye, son navire SEA EYE 4 a été saisi dans le port de Salerne, dans le sud de l’Italie, pour avoir procédé à plus d’une opération de sauvetage jeudi et vendredi. « Si ne nous ne l’avions pas fait, il y aurait eu des morts », a déclaré Gorden Isler, un des responsables de l’ONG

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