Proche du président Donald Trump, le successeur d’Antony Blinken à la tête du département d’Etat a longtemps défendu la coopération avec le Maroc. En témoignent ses déclarations, la semaine dernière, lors d’une séance au Sénat consacrée à l’Afrique. Il a salué les avancées réalisées par le Maroc, notamment après son engagement, le 10 décembre 2020, dans le processus des accords d’Abraham, lancé durant le précédent mandat de D. Trump (2017 – 2021). Il a toutefois déploré des relations économiques avec Rabat en-decà de la profondeur des liens politiques et historiques entre les deux pays.
Pas de quoi rassurer le voisin algérien. La presse du voisin de l’Est avait déjà accusé, en septembre 2022, le sénateur désormais chef de la diplomatie US d’être à la solde du lobby marocain à Washington. Lorsqu’il avait appelé A. Blinken à prendre des sanctions contre l’Algérie pour son « financement » de l’invasion russe en Ukraine, conformément au « Countering America’s Adversaries Through Sanction Act », adopté par les sénateurs et les députés et signé ensuite, en août 2017, par le président D. Trump.
Les faits marquants rapportés par les médias lors de l’audition/ nomination de M. Rubio n’ont fait aucune référence à la zone maghrébine. M. Rubio a exprimé son soutien à l’OTAN ainsi qu’à la loi bipartisane qu’il a coécrite et qui stipule que les États-Unis ne peuvent se retirer du bloc militaire occidental sans l’approbation du Sénat ou une loi du Congrès. Lors de son audition de confirmation, il a également évoqué la nécessité pour les États-Unis d’adopter une position ferme à l’égard de la Chine, qualifiant le Parti communiste chinois d’adversaire « puissant » et « dangereux ». « Ils sont un adversaire et un concurrent technologique, un concurrent industriel, un concurrent économique, un concurrent géopolitique, un concurrent scientifique dans tous les domaines. Il s’agit d’un défi sans précédent qui, à mon avis, définira le XXIe siècle », a déclaré le secrétaire d’État américain. Celui-ci a par ailleurs plaidé pour armer Taïwan, en passant par des livraisons directes d’équipements militaires plutôt que par la vente d’armes.
Réagissant au conflit ukrainien, M. Rubio a indiqué qu’il était « irréaliste de croire » que Kiev serait en mesure de repousser les forces armées russes et que la position officielle des États-Unis devrait être de mettre un terme au conflit. Il a critiqué l’administration Biden de ne pas avoir fixé un « objectif final » clair sur la question. « Cette guerre doit cesser, et cela devrait être la politique officielle des États-Unis que nous voulons qu’elle cesse », a déclaré Rubio, selon des propos rapportés par la Radio Télévision suisse. Le nouveau secrétaire d’État US a également souligné que les achats de produits énergétiques russes par l’UE affaiblissent la capacité des pays occidentaux à contenir Moscou.
A rappeler qu’à la veille de la cérémonie d’investiture de D. Trump au poste de nouveau président des États-Unis, l’Agence de renseignement US CIA a publié la carte complète du Maroc, incluant les provinces sahariennes. L’agence américaine a précisé, dans un petit texte accompagnant la carte intégrale du royaume, « qu’en 2020, les États-Unis ont reconnu le Sahara occidental comme faisant partie du Maroc ».
Une décision que le président sortant Joe Biden a maintenue malgré une forte pression de l’aile gauche du Parti démocrate et de quelques parlementaires républicains proches de l’Algérie.
Avec le retour au pouvoir de D. Trump, le Maroc souhaite que le milliardaire américain donne l’ordre à son chef de la diplomatie d’ouvrir un consulat des États-Unis à Dakhla, comme il l’avait annoncé le 10 décembre 2020, dans sa déclaration de reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara.
En attendant, c’est Aimee Cutrona, membre chevronnée du Service extérieur des États-Unis, qui a été nommée Chargée d’Affaires à l’ambassade des États-Unis au Maroc, à compter du dimanche 19 janvier, selon un communiqué de presse de l’ambassade.
Cette nomination intervient à la suite du départ prévu de l’ambassadeur Puneet Talwar. Le diplomate a conclu son service le 19 janvier, après plus de deux ans à représenter les États-Unis dans le Royaume.
La Chargée d’Affaires avait précédemment occupé le poste de Chef de mission adjoint à Rabat depuis juillet 2022. Sa carrière diplomatique comprend des rôles importants à Washington D.C., où elle a été Sous-secrétaire d’État adjointe pour les affaires du Moyen orient et Directrice du Bureau des affaires du Moyen orient au Département d’État. La diplomée du Smith College qui détient une maîtrise en relations internationales et gestion des conflits de la Johns Hopkins School of Advanced International Studies (SAIS) a également été Chef de mission adjoint à l’ambassade des États-Unis à Bahreïn de 2016 à 2019. Son parcours professionnel a commencé en 1999, avec des affectations dans divers pays, notamment en Éthiopie, au Salvador, au Qatar et en Égypte, ainsi que plusieurs postes à Washington D.C.
Un ambassadeur des États-Unis au Maroc sera nommé après le processus de validation au Sénat. Mais cela pourrait prendre plusieurs semaines voire des mois…