Une manœuvre israélienne de plus qui s’est refermée sur l’administration Biden. L’offre de trêve a fait long feu, entrainant dans son sillage, l’effondrement des négociations tripartites du Caire sur le passage de Rafah. Les Egyptiens résistent aux propositions israélo-américaines de « normaliser » avec la présence israélienne aux points de contrôle entre les mains des Palestiniens avant le 7 octobre. Autant dire que L’Egypte réaffirme de la sorte son attachement au retrait israélien du terminal de Rafah pour reprendre son fonctionnement.
Sur le terrain, l’armée sioniste persiste à bombarder la ville de Rafah et ses troupes sont engagées, lundi, dans de durs combats du côté de Douar Abou Said. Un champ de mine a explosé dans une force israélienne dans la région. Plus, l’armée de l’occupation a tenté de réinvestir, pour la 4ème fois de suite, Hay Zeitoun, dans le centre de l’enclave palestinienne, butant sur la résistance palestinienne acharnée. Les Brigades Al-Qods assurent avoir bombardé avec un barrage d’obus de mortier de gros calibre les soldats et véhicules ennemis pénétrant dans les environs de Tal Zoroub, à l’ouest de la ville de Rafah. Raids aériens et pilonnages à l’artillerie se poursuivent avec leur concert de destructions et de morts et blessés parmi les civils. Au moins 10 martyrs, en majorité des femmes et des enfants, ont succombé à un bombardement israélien contre le camp d’Al-Boureij. Le bilan établi par le ministère de la Santé de Gaza fait état de 36.479 martyrs et 82.777 blessés.
Itamar Ben Gvir, ministre israélien de la sécurité nationale, a menacé que son parti allait « dissoudre le gouvernement » si l’accord de cessez-le-feu à Gaza était conclu, qualifiant la proposition de « victoire pour le terrorisme et un risque pour la sécurité d’Israël ». « Accepter un tel accord n’est pas une victoire totale mais une défaite totale », a-t-il menacé sur X. Bezalel Smotrich, ministre des Finances, a aussi affirmé qu’il « ne prendra pas part à un gouvernement qui accepterait le plan proposé ». « Nous réclamons la poursuite de la guerre jusqu’à ce que le Hamas soit détruit et que les otages reviennent », a-t-il ajouté.
Israël a, selon J. Biden le 31 mai, proposé une nouvelle feuille de route en trois étapes vers un cessez-le-feu complet, avec la libération des otages détenus dans la bande de Gaza. La première phase, d’une durée de six semaines, serait un cessez-le-feu accompagné d’un retrait israélien des zones densément peuplées, accompagné d’un nouvel échange d’otages israéliens, contre des prisonniers palestiniens. La deuxième phase, d’une durée de six semaines encore, serait négociée pendant les premières semaines de trêve, amenant à un arrêt définitif des combats, à la libération de tous les otages et au retrait complet de Tsahal de Gaza.
Enfin, dans un troisième temps, un vaste plan de reconstruction de Gaza serait lancé avec le soutien de la communauté internationale et la restitution des dernières dépouilles d’otages israéliens à leurs familles. Les partenaires régionaux veilleraient à ce que le Hamas ne reconstitue pas ses capacités de combat.
Le bureau du Premier ministre israélien a annoncé le 31 mai avoir autorisé son équipe de négociateurs à présenter une proposition permettant le retour des otages chez eux. B. Netanyahou a néanmoins réaffirmé qu’Israël posait comme condition la « destruction » du Hamas, la « libération de tous les otages » et « l’assurance que Gaza ne pose plus de menace ».
Yair Lapid, chef de l’opposition, a quant à lui apporté son soutien à la feuille de route. « Le gouvernement israélien ne peut pas ignorer le discours important du président Biden », a-t-il écrit sur X. Il accuse les ministres ultras de proférer des menaces qui reviennent à « abandonner la sécurité nationale, les otages et les habitants du nord et du sud ». « C’est le gouvernement le plus mauvais et le plus veule de l’histoire du pays », poursuit-il. « De leur point de vue, la guerre pourrait durer éternellement. » « Je rappelle à M. Netanyahu qu’il dispose d’un filet de sécurité pour un accord sur les otages si [le ministre de la Sécurité nationale Itamar] Ben Gvir et [le ministre des Finances Bezalel] Smotrich quittent le gouvernement », a-t-il ajouté, faisant référence à sa promesse de soutenir la coalition pour un accord si les partis d’extrême-droite retirent leur soutien en raison de leur opposition potentielle à un tel accord. Y. Lapid a fait aussi écho aux familles d’otages, en déclarant que le gouvernement devait accepter l’accord sur les otages annoncé par le président Biden.Le président du parti Avoda, Yaïr Golan, a également lancé un appel. S’adressant au président Isaac Herzog, il a insisté pour que les dirigeants du pays acceptent la proposition.
« Le Qatar, les Etats-Unis et l’Egypte appellent conjointement le Hamas et Israël à finaliser l’accord sur la base des principes énoncés par le président Joe Biden, qui regroupent les exigences de toutes les parties », ont affirmé les trois pays médiateurs dans un communiqué commun. « Ces principes ont rassemblé les demandes de toutes les parties dans un accord qui sert des intérêts multiples et apportera un soulagement immédiat à la fois à la population de Gaza qui souffre depuis longtemps, ainsi qu’aux otages qui souffrent depuis longtemps et à leurs familles. » « Cet accord offre une feuille de route pour un cessez-le-feu permanent et la fin de la guerre », poursuit le communiqué. Ces annonces interviennent alors que les craintes de pertes humaines plus dramatiques à Rafah s’accroissent.