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Le retour contesté de B. Netanyahu aux affaires : La société israélienne divisée

Le retour de Benyamin Netanyahu au pouvoir à la tête de la coalition la plus à droite d'Israël, acté jeudi, libère bien des démons sur la scène sioniste. Une foule a protesté devant le Parlement israélien, contre ce nouveau gouvernement, jugé par trop fasciste.
Le retour contesté de B. Netayahu aux affaires

Le gouvernement israélien a dévoilé jeudi son programme, devant la Knesset, et les députés israéliens lui ont accordé leur confiance. Au total, 63 députés sur les 120 de la Knesset ont voté en faveur du gouvernement de B. Netanyahu formé de son parti, le Likoud [droite], de deux formations ultra-orthodoxes et de trois d’extrême droite. 53 députés s’y sont opposés. B. Netanyahu a ensuite prêté serment à titre de Premier ministre.

Le débat était houleux et B. Netanyahu peinait à se faire entendre. Plusieurs ténors de la nouvelle opposition ont été expulsés de l’hémicycle. Dès la fin du débat, les membres du gouvernement se sont réunis pour un premier Conseil des ministres. Rapidement, B. Netanyahu et son prédécesseur, Yaïr Lapid, se sont également rencontrés pour une passation de pouvoirs.  « Je ne suis pas tranquille en passant les rênes du pays », a souligné pour sa part le chef du gouvernement sortant. Il a qualifié son successeur d’homme faible face à des partenaires ultra-extrémistes.

A l’extérieur du Parlement, une manifestation pour exprimer la déception et l’inquiétude. « Le gouvernement de la honte », s’écrient les manifestants. Ils ont été quelques milliers face à la Knesset pour protester pendant le débat d’investiture de la nouvelle coalition. Une grande inquiétude pour l’avenir.  Un rassemblement à l’appel de près de 40 organisations de la société civile israélienne en faveur de la paix, pour les libertés, contre la coercition religieuse ; et aussi des militants des organisations LGBT.

Plusieurs des proches de B. Netanyahu, parmi les plus loyaux, ont été laissés sur la touche dans le nouveau gouvernement de ce dernier, ce qui provoque la colère au Likoud.  Le chef du Likoud a d’abord annoncé la nomination de Yoav Galant en tant que ministre de la Défense, un de ses proches au Likoud, le parti de droite de M. Netanyahu. Yoav Galant, 64 ans et ancien commandant, a déjà occupé plusieurs postes ministériels dans d’autres gouvernements de B. Netanyahu. L’ex-ministre du Renseignement israélien, Eli Cohen, qui avait joué un rôle important dans la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes, a quant à lui été nommé chef de la diplomatie israélienne ce jeudi. Au poste de ministre de la Justice, c’est Yariv Levin – qui était le président intérimaire de la Knesset depuis la mi-décembre 2022 et a démissionné de son poste mardi 27 décembre – qui a été désigné.  Un nouveau président de la Knesset a aussi été choisi. Pour apaiser les craintes de la communauté LGBT, le Premier ministre a offert ce poste à l’ancien ministre Amir Ohana, qui est lui-même ouvertement homosexuel.

Le programme politique de la coalition gouvernementale a été publié à 24 heures de la prestation de serment, comme l’exige la loi. Il comprend, pêle-mêle : la reprise de la construction dans les colonies de peuplement en Cisjordanie, l’établissement de la peine de mort pour les auteurs d’attentats terroristes, le changement de la loi du retour pour éviter l’assimilation, la lutte contre la criminalité dans les localités arabes, la baisse des prix et de meilleurs transports publics. En sus, le Premier ministre israélien a fixé trois autres objectifs principaux pour son gouvernement. La première est d’empêcher, par tous les moyens, l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. La coalition gouvernementale israélienne veut également développer considérablement les infrastructures technologiques dans le pays. L’autre but souligné par Netanyahu est de poursuivre et d’élargir les accords d’Abraham avec de nouveaux accords de normalisation avec des pays arabes de manière à régler le conflit du Proche-Orient.

Pour le moment, il n’y a toujours pas eu de réaction de l’Autorité palestinienne. Mais le 24 décembre, avant même de connaître la composition définitive du nouveau gouvernement, l’Organisation de libération de la Palestine avertissait « d’une escalade sans précédent » notamment dans la confiscation des terres palestiniennes. Mardi, des centaines de Palestiniens sont descendus dans les rues de la Cisjordanie occupée et de la bande de Gaza assiégée pour réclamer la dépouille du prisonnier palestinien, Nasser Abou Hamid, décédé la semaine dernière, à 50 ans d’un cancer du poumon avancé, alors qu’il était détenu dans une prison de l’occupation israélienne. Les manifestants portaient un cercueil symbolique orné de la photo d’Abou Hamid à Gaza, exigeant que les organisations mondiales jouent un rôle dans la sécurisation de la libération des corps d’Abou Hamid et d’autres martyrs palestiniens.

L’agression des forces israéliennes, tant lors des raids militaires qu’en détention, a pris des proportions alarmantes au fil des ans, alors que les puissances occidentales détournent le regard. Selon des organisations internationales, les femmes et les enfants palestiniens sont les plus durement touchés par les crimes du régime d’apartheid dans les territoires palestiniens occupés.

Le mois dernier, Save The Children, ONG internationale basée à Londres, a déclaré que l’année 2022 était devenue l’année la plus meurtrière pour les enfants palestiniens en Cisjordanie occupée depuis plus de 15 ans. Le nombre d’enfants tués par les forces d’occupation israéliennes et les colons en Cisjordanie occupée a doublé cette année, a ajouté l’ONG tout en condamnant la poursuite de l’utilisation de la force meurtrière contre les enfants.

Lundi 26 décembre, la Commission palestinienne des affaires des détenus et ex-détenus a déclaré dans son dernier rapport que pendant l’année 2022, le régime israélien a placé plus de 600 enfants palestiniens en résidence surveillée, indiquant que la pratique a été principalement utilisée contre les enfants et les jeunes dans l’est de la ville occupée d’AlQuds.

Cheikh Azzam al-Khatib, directeur général du Département du Waqf Islamique (Leg islamique) et des Affaires de la Mosquée Al-Aqsa, a déclaré jeudi que l’année 2022 a été la pire en termes de violations israéliennes de la mosquée Al-Aqsa. Il a souligné dans un communiqué que « l’intensité et la fréquence des incursions ont augmenté au cours de cette année, portant le nombre total de Juifs qui ont pénétré par effraction dans la mosquée bénie Al-Aqsa, du côté de la porte des Marocains, à 48 238 extrémistes ».

Le communiqué précise que « les violations ne se limitent pas à la militarisation des terrains et à la conversion de la mosquée en une caserne militaire, mais elles sont allées bien au-delà par des actions de provocation de la part de groupes juifs extrémistes pour les sentiments des musulmans, en exécutant des prières, des prosternations, des rites talmudiques en public, ainsi que chants et des danses dans ses cours ». Ces violations interviennent « sur fonds de développements graves et rapides conduits par les gouvernements extrémistes israéliens, qui finiront par déclencher une guerre de religion dans la région et dans le monde », a-t-il averti.

Assurant que la mosquée Al-Aqsa appartient « exclusivement aux musulmans du monde entier », A. Al-Khatib a souligné « qu’elle n’admet aucun partage ou partenariat, malgré toutes les tentatives de changer son statu quo, religieusement, historiquement et juridiquement ».

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