Francina Armengol a recueilli deux voix de plus que la majorité requise grâce à un accord de dernière minute avec Junts per Catalunya, parti représentant l’aile dure de l’indépendantisme catalan dirigé par Carles Puigdemnt, exilé en Belgique et recherché par la justice espagnole.
Junts per Catalunya a révélé sur son site peu après le vote que l’accord comprend quatre points, le premier étant « la reconnaissance du catalan comme langue officielle de l’Union européenne ». Les deux autres points portent sur la création d’une commission d’enquête sur l’attentat jihadiste du 17 août 2017 en Catalogne (il y a six ans jour pour jour) et d’une autre commission d’enquête sur l’espionnage de leaders indépendantistes via Pegasus, logiciel israélien.
Dans son premier discours en tant que présidente de l’Assemblée, F. Armengol a annoncé que le catalan, ainsi que le basque et le galicien, qui ont le statut de langues officielles en Espagne, pourraient désormais être utilisés au Congrès. Il s’agit là du deuxième point de l’accord avec Junts.
Pour le Premier ministre espagnol sortant, lui aussi socialiste, c’est un premier pas pour espérer sa réinvestiture à la tête du gouvernement, même si Junts a averti sur son site que « cet accord se limite » à l’élection de la présidence et des huit membres du bureau de l’Assemblée « et n’a aucun lien avec l’investiture » du prochain Premier ministre, qui nécessitera de nouvelles tractations. Le scénario d’un accord qui porterait P. Sanchez à la tête du gouvernement pourrait signifier plus de concessions aux différents partis nationalistes périphériques. Quoi qu’il en soit, les négociations pourront continuer et si celles-ci arrivent à bon port, il y a tout lieu de penser que Junts et ses sept députés permettra que P. Sanchez devienne le prochain chef du gouvernement espagnol.
Le Parti populaire, bien que vainqueur des dernières élections législatives, encaisse le choc de l’échec de sa candidate Cuca Gamarra, qui espérait pouvoir l’emporter. Les 33 députés de Vox, parti d’extrême droite dont dépendait le PP, ont voté pour leur propre candidat. Alberto Núñez Feijóo, leader du PP, revendique, lui aussi, le poste de Premier ministre, mais fait face aux divisions entre son parti et Vox, formation ultra idéologiquement proche du Premier ministre hongrois Viktor Orban et de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni.