Nouvel épisode sanglant dans la nuit du 11 au 12 juin, au Burkina Faso. Après une attaque contre la brigade de gendarmerie jeudi dernier, les forces de sécurité avaient quitté les lieux, après un ratissage des forces armées. C’est après leur départ que les hommes armés, arrivés à moto, ont fait irruption dans la localité de Seytenga pour s’en prendre aux populations, massacrant de nombreux civils. Ils ont aussi semé la mort sur leur chemin.
La peur avait déjà saisi la ville depuis l’attaque de la gendarmerie, donnant lieu à une fuite de la population civile vers Dori, à près de 50 km à l’ouest, par crainte d’opérations punitives.
Le gouvernement a annoncé lundi 13 juin qu’une cinquantaine de corps avaient été retrouvés, en plus des 11 gendarmes tués. Mais « les recherches se poursuivent », a précisé lors d’une conférence de presse Lionel Bilgo, porte-parole du gouvernement, laissant donc présager que le bilan pourrait s’alourdir. « Par vecteurs aériens et terrestres, les forces de défense et de sécurité ont débarqué à Seytenga. Ils poursuivent les recherches maison par maison, lopin de terre par lopin de terre. Ici, il s’agit de dire que le bilan est peut-être plus lourd que les cinquante corps qui ont été retrouvés », a-t-il laissé entendre. « L’armée demande donc à toutes les populations de collaborer et de leur permettre de faire un comptage afin de livrer un bilan définitif de cette attaque ignoble », a ajouté le porte-parole, demandant aux habitants de signaler si un de leurs proches a été tué par ces hommes armés.
L’attaque a occasionné le déplacement d’environ 3 000 personnes, majoritairement des femmes et des enfants, accueillis à Dori. « Les populations sont accueillies grâce à l’armée et à l’action humanitaire du côté de Dori, a poursuivi le porte-parole gouvernemental. Tous ceux qui avaient besoin d’assistance sanitaire ont été pris en charge, et tous ceux qui avaient besoin d’assistance alimentaire ou autres ont été pris en charge. Une cellule psychologique a été également positionnée du côté de Dori pour accompagner ces victimes-là. »
De leur côté, société civile et autorités locales de Dori ont promis de prendre en charge les déplacés, principalement des femmes et des enfants. Le porte-parole du gouvernement appelle les Burkinabè à enterrer toute leurs divergences pour se rassembler autour de la défense du territoire national. « Le pays est en deuil, nous avons été frappés et ces actes ressemblent à des actes de représailles, car ces dernières semaines, l’armée a créé une saignée dans les rangs des terroristes. »