Au moins dix citoyens palestiniens sont tombés en martyre et plusieurs autres blessés, jeudi à l’aube, suite à un bombardement israélien qui a visé une maison de la famille Hamouda à Beit Lahia, au nord de la bande de Gaza. Des sources médicales ont rapporté que la plupart des martyrs étaient des enfants et des femmes, leurs corps étant arrivés à l’hôpital Kamal Adwan, avec des restes calcinés. En outre, des raids intensifs menés par l’occupation ont ciblé les terres entourant le cimetière d’Abu Ubaida et les tours Al-Qastal, à l’est de la ville de Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza. Parallèlement, des raids similaires ont visé une maison, à l’ouest du camp de Nouseirat, dans le centre de la bande de Gaza, blessant de nombreux citoyens, dont des enfants et des femmes, selon l’agence de presse palestinienne (WAFA).
Dans la journée, le ministère de la Santé de Gaza a fait savoir dans son bilan quotidien des victimes, rendu public sur Telegram, au 321ᵉ jour de guerre, que « le bilan des victimes de l’agression israélienne s’est élevé à 40 265 martyrs et 93 144 blessés depuis le 7 octobre dernier ». La même source a expliqué que « l’occupation israélienne a commis 4 massacres contre des familles dans la bande de Gaza, faisant 42 martyrs et 163 blessés transportés vers les hôpitaux durant les dernières 24 heures ». Et de souligner que « plusieurs victimes sont toujours sous les décombres et sur les routes, et que les ambulances et les équipes de la protection civile ne peuvent pas les atteindre ».
Il y a lieu de signaler que l’armée d’occupation israélienne s’est retirée de la ville de Tulkarem après une offensive et un siège de 14 heures. Le ministère palestinien de la Santé annonce trois martyrs suite à un assaut israélien contre un camp de réfugiés. De violents affrontements opposaient des jeunes palestiniens aux forces d’occupation dans les axes de combat dans les ruelles du camp de Tulkarem, avant que les forces de la Saiqa, du Fatah, ne se joignent aux combats. Un bulldozer israélien a été ciblé par une bombe et une force israélienne a subi des pertes lors d’une emuscade. Un appel à une grève générale a été lancé après cet assaut sanglant au terme duquel l’armée sioniste n’a rien trouvé de mieux que de couper le courant et l’eau potable sur le camp. Yitzhak Brik, ex-général de division, assure sur ces entre-faits que « si la guerre d’usure contre le Hamas et le Hezbollah se poursuit, Israël s’effondrera d’ici un an »
Dans l’enclave palestinienne, les résistants mènent toujours des opérations héroïques contre les forces israéliennes dans diverses zones. Les Brigades Al-Qods afffirment ainsi avoir bombardé avec des obus de mortier lourds un quartier général appartenant au commandement ennemi dans l’axe Netzarim La veille mercredi, la résistance palestinienne poursuivait depuis 320 jours ses opérations contre les forces de l’armée d’occupation en pénétrant dans tous les axes de combat de la bande de Gaza. Les Brigades al-Qassam, branche militaire du Hamas, ont annoncé avoir fait sauter l’entrée d’un tunnel contre une force de l’armée d’occupation israélienne, à l’ouest de la ville de Hamad, au nord de Khan Yunis, au sud de la bande de Gaza. Et précisé, dans un communiqué, « qu’après le retour de leurs moudjahidines des lignes de combat, elles ont confirmé le bombardement du tunnel préalablement piégé contre une force israélienne qui s’est avancée vers l’endroit provoquant des morts et des blessés parmi les soldats d’occupation , à l’ouest de la zone d’Al-Hawzin. » Par ailleurs, elles ont annoncé avoir visé un char israélien Merkava avec un obus Al-Yassin 105, à l’est de la ville de Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.
De leur côté, les Brigades du martyr Abou Ali Mustafa, branche militaire du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), ont affirmé avoir visé le site militaire israélien de Kissufim avec une salve de missiles. Et ajouté que « l’opération a été menée en collaboration avec les Brigades Nasser Salah al-Din, la branche militaire des comités de résistance en Palestine, en réponse aux crimes de l’occupation contre le peuple palestinien ».
Au moins 25 citoyens martyrs avaient été signalés mercredi dans l’après-midi, suite à une série de raids menés par l’aviation d’occupation israélienne contre des maisons, une école et des tentes abritant des personnes déplacées dans le centre et le sud de la bande de Gaza, portant le bilan à 53 martyrs en plus des dizaines de blessés.
Le même jour, le président américain a insisté auprès du Premier ministre israélien sioniste sur « l’urgence de finaliser un accord sur un cessez-le-feu et une libération des otages » dans la bande de Gaza. Au cours d’un entretien téléphonique, auquel participait également la vice-présidente et candidate démocrate à la présidentielle de novembre Kamala Harris, Joe Biden a également abordé « les pourparlers à venir au Caire, visant à éliminer les derniers obstacles » à la conclusion d’un accord, selon le compte rendu de la conversation fourni par la Maison-Blanche. La discussion entre les deux hommes avait lieu alors que le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a achevé mercredi sa tournée au Moyen-Orient, sans être parvenu à arracher un cessez-le-feu à Israël et au Hamas, en dépit de « l’optimisme récent selon lequel une avancée décisive était en cours », notent des médias israéliens. La proposition d’accord sur les otages soumise la semaine dernière par l’administration Biden visant à combler les écarts entre Israël et le Hamas serait allée trop loin en faveur des positions de Benyamin Netanyahu concernant la présence israélienne continue dans les couloirs de Rafah et Netzarim, ont déclaré au Times of Israel deux responsables arabes d’un pays médiateur et un troisième responsable impliqué dans les pourparlers. Ceux-ci sont donc dans l’impasse, et un responsable arabe déplore qu’il ne serve à rien d’organiser une autre réunion de négociateurs de haut niveau prévue plus tard cette semaine au Caire, à moins que les États-Unis ne fassent pression sur B. Netanyahu pour qu’il renonce à ses nouvelles exigences et modifie sa proposition de rapprochement en conséquence.
Un deuxième responsable arabe a exprimé sa perplexité face à l’insistance publique répétée du secrétaire d’État américain ces derniers jours selon laquelle B. Netanyahu soutiendrait la proposition US, arguant que cela présentait à tort le Hamas comme le seul parti obstructionniste. Le responsable arabe pointe du doigt les commentaires que le Premier ministre israélien a continué à faire sur la nécessité d’une présence militaire israélienne permanente dans le corridor de Rafah pour empêcher la contrebande d’armes d’Égypte vers Gaza.
Un troisième responsable impliqué dans les pourparlers affirme que la proposition américaine ne permettait pas une présence israélienne permanente à Rafah, mais n’excluait pas non plus totalement un tel déploiement. Mais B. Netanyahu est allé plus loin dans ses commentaires adressés à un groupe de familles d’otages plus tôt cette semaine, évoquant une présence permanente de Tsahal à Rafah, un point qui ne faisait pas partie de la proposition et qui nuit aux efforts visant à maintenir les pourparlers avec le Hamas.
Le Hamas a clairement fait savoir, après avoir renoncé à sa demande d’un engagement préalable d’Israël à un cessez-le-feu, qu’il n’accepterait pas la présence israélienne continue à Rafah et Netzarim. « [Netanyahu] va donc devoir décider s’il veut s’en tenir à ces nouvelles exigences ou s’il veut ramener les otages vivants chez eux », a déclaré le responsable.
De nombreuses tractations visant à empêcher la Cour pénale internationale (CPI) d’émettre des mandats d’arrêt contre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et le ministre de la défense, Yoav Gallant, sont en cours. Israël Katz, ministre des affaires étrangères israélien, avait justifié la décision de révoquer, le 8 août, le statut diplomatique du personnel norvégien auprès de l’Autorité palestinienne en reprochant à la Norvège d’avoir, fin mai, reconnu la Palestine, et de s’être jointe au « procès sans fondement contre [Israël] devant la CPI ». Le 20 mai, Karim Khan, procureur de la Cour, avait requis des mandats d’arrêt contre B. Nétanyahou et Y. Gallant. Dans cette curée, le Royaume-Uni joue un rôle primordial en ayant demandé à intervenir en qualité d’amicus curiae (« ami de la cour ») censé apporter son expertise aux juges. Londres affirmait alors que les accords d’Oslo – signés en 1993, à la Maison Blanche, par Israël et l’Organisation de libération de la Palestine – ne permettent pas aux Palestiniens de demander à la CPI d’enquêter sur des crimes commis par des Israéliens, comme ils l’ont fait en 2018. Cette demande avait conduit à l’ouverture d’une enquête en mars 2021, puis, cette année, aux mandats d’arrêt – lesquels n’ont toujours pas été délivrés. Les juges ont alors autorisé les Britanniques à remettre un mémoire de dix pages, ouvrant ainsi la possibilité à d’autres d’intervenir.
L’initiative britannique, qui avait été discutée mi-juin par le G7, s’ajoute aux tentatives pour empêcher l’émission des mandats d’arrêt contre des responsables israéliens. Le premier ministre israélien a lui-même fait campagne. Début juillet, lors d’un entretien téléphonique avec Emmanuel Macron, B. Nétanyahou a demandé à Paris de devenir à son tour un « ami de la cour ». La France s’est abstenue, L’Allemagne, qui s’oppose aussi aux mandats, a d’ailleurs fait l’impasse a ouvert le débat de la « complémentarité », principe auquel s’accroche Israël depuis avril. Selon ce dernier, la Cour n’intervient qu’en dernier recours, lorsqu’un Etat n’a pas les capacités ou la volonté politique de juger les auteurs de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide. Si Israël démontre qu’il peut juger à domicile, alors la CPI doit se dessaisir. La « complémentarité » est l’un des outils pour mettre fin à l’impunité des crimes de guerre. Elle est aussi le meilleur moyen pour un Etat d’échapper à la CPI et à sa chambre d’écho. Israël et ses alliés ne sont pas les premiers à jouer cette carte. Beaucoup l’ont tenté. Le Royaume-Uni, notamment, y a eu recours avec succès lorsque la Cour a inquiété Londres sur des allégations de torture en Irak. Lindsey Graham, sénateur américain connu pour ses positions anti CPI, a volé au secours de Tel-Aviv auprès de la Cour. Dans son mémoire, il dit avoir parlé avec K. Khan, le 1er mai. « Le procureur et son bureau ont assuré qu’ils collaboreraient avec Israël pour enquêter sur ces questions et pour procéder judicieusement », écrit ainsi L. Graham. Le 20 mai, les services de K. Khan ont annulé à la dernière minute le déplacement d’une équipe en Israël et à Gaza.
Une fois que les mandats d’arrêt seront émis, Israël pourra toujours demander à la Cour de se dessaisir. Mais, pour l’emporter, il lui faudra alors prouver qu’elle a lancé des poursuites contre B. Nétanyahou et Y. Gallant pour crimes contre l’humanité, pour des faits d’extermination et de persécution, ce qui paraît aujourd’hui peu réaliste. K. Khan a jusqu’au 26 août pour répondre aux mémoires déposés par les différents intervenants. Les juges, eux, n’ont aucun délai pour délivrer – ou rejeter – les mandats d’arrêt. Dans le passé, il avait fallu moins d’un mois à la CPI pour confirmer le mandat demandé après vingt-deux jours d’enquête contre l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, six semaines pour statuer sur le sort de Mouammar Kadhafi et huit mois pour confirmer le mandat contre Omar Al-Bachir. Pour Vladimir Poutine, les juges ont confirmé en trois semaines le mandat d’arrêt requis par le procureur, après un an d’enquête.