Téhéran et Ankara ont été les premières capitales islamiques à saluer cette décision rendue au moment même où, à Khan Younès, l’armée sioniste persiste à cibler les civils palestiniens. Paris a émis, pour sa part, des réserves quant au verdict de la CIJ qui a incité l’entité sioniste à empêcher tout éventuel acte de « génocide » à Gaza. L’Afrique du Sud a saisi le mois dernier en urgence la plus haute juridiction de l’ONU, arguant qu’Israël violait la Convention des Nations unies sur le génocide. Mais si ses ordonnances sont juridiquement contraignantes, la Cour n’a aucun moyen pour les faire appliquer. Si du côté palestinien, on salue cette « victoire » juridico-diplomatique pour la cause palestinienne, Tel-Aviv persiste dans son déni. L’Union européenne attend une mise en œuvre « complète et immédiate » du verdict rendu vendredi par la Cour internationale de justice (CIJ) qui appelle Israël à prévenir tout éventuel acte de « génocide » et à permettre l’accès de l’aide humanitaire à Gaza. Les décisions « de la Cour internationale de Justice sont contraignantes pour les Parties et celles-ci doivent s’y conformer. L’Union européenne attend leur mise en œuvre complète, immédiate et effective », a indiqué un communiqué commun Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne et de la Commission européenne.
Dans la ville de Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, les bombardements israéliens se poursuivent sans relâche. L’armée israélienne considère que c’est là que se cache la direction locale du Hamas. Tôt vendredi, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de 120 morts à travers la bande de Gaza au cours de la soirée et de la nuit, et de combats intenses à proximité de l’hôpital Nasser de Khan Younès. Selon un journaliste de l’AFP, les bombardements étaient incessants jeudi sur Khan Younès.
Au cours des derniers jours, des milliers de personnes ont fui cette ville gazaouie pour tenter de trouver refuge à Rafah, ville jouxtant l’Égypte où se masse déjà la majorité des 1,7 million de Palestiniens déplacés par la guerre. « Une marée humaine est forcée de fuir Khan Younès pour se retrouver à la frontière avec l’Égypte », a déploré dans la nuit Philippe Lazzarini, commissaire général de l’Unrwa, évoquant « une recherche sans fin de sécurité » pour la population de Gaza depuis la guerre.Selon un bilan annoncé mercredi 24 janvier par le ministère de la Santé, 26 083 personnes ont été tuées à Gaza depuis le début de la guerre, le 7 octobre. Les morts sont en majorité des femmes, des adolescents et des enfants. On dénombre plus de 64.487 blessés.
La communauté internationale a fait état de ses préoccupations après que des tirs de chars contre un refuge de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) ont fait treize morts mercredi. L’Unrwa a annoncé d’ailleurs, vendredi, se séparer de « plusieurs » employés accusés par Israël d’être lié à l’attaque du 7 octobre. Les États-Unis ont suivi en disant vouloir « suspendre temporairement » tout futur financement à l’agence onusienne. « Les États-Unis sont extrêmement préoccupés par les allégations selon lesquelles 12 employés de l’Unrwa pourraient avoir été impliqués dans l’attaque terroriste du Hamas contre Israël le 7 octobre », a indiqué Matthew Miller, porte-parole du département d’État, dans un communiqué. Le patron de l’Organisation mondiale de la santé a réfuté vendredi les accusations de « collusion » avec le Hamas lancées par Israël la veille. « De telles allégations fausses sont préjudiciables et peuvent mettre en danger notre personnel qui risque sa vie pour servir les personnes vulnérables », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur X. « En tant qu’agence des Nations Unies, l’OMS est impartiale et oeuvre pour la santé et le bien-être de tous », a-t-il ajouté. Le Croissant-Rouge palestinien indique que des chars de l’armée israélienne ont pris pour cible la porte est de l’hôpital al-Amal, géré par le CRP. « L’hôpital est assiégé par des tirs nourris qui ont fait plusieurs blessés dans les environs », affirme son message publié sur X.
Jeudi, s’exprimant lors d’une réunion du Conseil exécutif de l’OMS, Meirav Eilon Shahar, ambassadrice israélienne auprès des Nations unies à Genève, a accusé le Hamas d’avoir « militarisé l’ensemble de la zone civile de la bande de Gaza dans le cadre d’une stratégie préméditée ».
Le ministre de la Défense Yoav Gallant a déclaré que « plus de 100 terroristes » du Hamas ont été capturés par les troupes israéliennes dans la bande de Gaza ces derniers jours, y compris certains qui se sont rendus après s’être cachés dans des tunnels. « Le Hamas s’effondre dans les tunnels qu’il a laborieusement creusés. Chaque endroit qui était censé être un piège pour les soldats de Tsahal est devenu un endroit où nous les attaquons », a expliqué Gallant aux soldats de l’unité d’élite de génie de combat Yahalom. Selon Gallant, le Hamas compterait « des centaines de victimes sous terre » grâce aux interventions de l’unité Yahalom.
« Nous avons fait plus de 100 captifs en 18 heures, certains d’entre eux sont sortis de leur cachette sous terre, dans la région de Khan Younès et dans d’autres zones, quand ils se sont rendus compte qu’ils ne pouvaient pas se battre contre Tsahal », dit-il. Les combats font rage entre l’occupant et la résistance palestinienne. Les médias israéliens ont signalé que le dernier bilan fait état de 47 militaires israéliens blessés durant les 24 dernières heures.
Le Premier ministre sioniste a réitéré son engagement pour une « victoire absolue » contre le Hamas alors qu’il plantait des arbres avec des soldats près de la frontière de Gaza en l’honneur de la fête juive de Tu BeShvat. « La victoire absolue suppose l’élimination du Hamas et le retour de tous nos otages. Nous n’avons pas renoncé à cet objectif », a-t-il déclaré. Benyamin Netanyahu promet que « nous approfondirons nos racines sur notre terre et déracinerons nos ennemis. Nous resterons ici, et ils ne seront plus là », a-t-il ajouté, selon un communiqué de son bureau.
Israël a rasé près de 40 % des 2 824 bâtiments de Gaza situés à moins d’un kilomètre de la frontière, selon une étude de l’Université hébraïque relayée par The Wall Street Journal. Ces démolitions semblent faire partie d’un plan visant à créer une zone tampon d’un kilomètre de large à l’intérieur de la bande de Gaza.
Près de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, où la zone frontalière est la plus densément peuplée, quelque 67 % des bâtiments ont été détruits, selon l’étude du professeur Adi Ben Nun, qui a analysé des données satellitaires pour parvenir à ces chiffres. D’anciens et actuels fonctionnaires ont déclaré au Wall Street Journal que certaines structures situées dans la zone prévue, dont la largeur variera en fonction de divers facteurs, pourraient être laissées en place.