Six mois après son investiture, le Premier ministre britannique a fait un déplacement à Kiev qui intervient à un moment crucial pour l’Ukraine. On craint que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ne favorise une paix imposée aux conditions de Moscou. « Nous n’abandonnerons jamais l’Ukraine », a assuré K. Starmer en rendant visite à des blessés. Le dirigeant travailliste va en effet signer un siècle de partenariat entre les deux pays, dans les domaines militaires bien sûr, mais aussi technologiques et scientifiques. La guerre est proche. Pendant que K. Starmer discutait dans le bureau de Volodymyr Zelensky, des explosions ont résonné dans le ciel de Kiev. Le ministre italien de la Défense était présent également. Une partie de l’Europe veut montrer qu’elle ne lâchera pas l’Ukraine en cas de désengagement US.
V. Zelensky avait préalablement déclaré qu’il discuterent avec son hôte britannique de la possibilité de stationner des troupes occidentales en Ukraine pour superviser un accord de cessez-le-feu, une proposition initialement avancée par le président français Emmanuel Macron.
« L’ambition de (Vladimir) Poutine d’éloigner l’Ukraine de ses partenaires les plus proches a été un échec stratégique monumental. Au contraire, nous sommes plus proches que jamais, et ce partenariat portera cette amitié à un niveau supérieur », a déclaré K. Starmer, cité dans un communiqué de Downing Street. L’accord qui sera scellé entre Londres et Kiev portera sur « la collaboration militaire » en mer, mais aussi « des partenariats scientifiques et technologiques dans des domaines tels que les soins de santé et les maladies, l’agro-technologie, l’espace et les drones ».
« Les Britanniques nous aident activement en ces temps difficiles, a réagi le général Valéry Zaloujny, ambassadeur ukrainien à Londres. « Nous devons être ensemble pour devenir encore plus forts dans cette lutte difficile que l’Ukraine mène contre l’agresseur », a ajouté cet ancien commandant en chef des armées ukrainiennes.
The Telegraph rapporte par ailleurs que K. Starmer et E. Macron ont discuté de l’envoi d’un contingent de maintien de la paix sur le territoire de l’Ukraine après la signature d’un éventuel accord de cessez-le-feu. Les détails des pourparlers sont tenus secrets. Néanmoins, il est noté que K. Starmer n’aurait pas encore donné son accord définitif d’après les sources au sein du gouvernement du Royaume-Uni citées par le journal britannique. L’une de ces sources a indiqué au quotidien qu’elle n’était pas certaine et ne connaissait pas précisément les répercussions potentielles de cette décision. « Il y a des problèmes sur ce que nous pourrions soutenir, ce que nous voudrions soutenir, et la question plus large de la menace que ces troupes peuvent subir et s’il s’agit d’une escalade », a-t-elle laissé entendre.
À la mi-janvier, E. Macron, qui est le plus ardent défenseur de cette idée, a discuté du déploiement de soldats de maintien de la paix avec V. Zelensky, homme politique ukrainien dont le mandat présidentiel a expiré en mai 2024. Il est à noter que ce dernier est favorable à cette évolution potentielle. Selon la presse occidentale, il y a trois options proposées par les membres de l’équipe du président américain élu D.Trump, dont l’investiture aura lieu le 20 janvier. La première est la stratégie de Keith Kellogg, futur envoyé spécial du président pour la Russie et l’Ukraine, qui suggère que Washington utilise l’aide militaire à Kiev pour forcer les parties à négocier : si l’Ukraine refuse, les États-Unis réduiront leur aide, si la Russie refuse, au contraire, ils l’augmenteront. L’objectif des pourparlers est de parvenir à un cessez-le-feu sur la ligne de front actuelle. La deuxième c’est le plan du vice-président élu James David Vance qui prévoit la création d’une zone fortifiée démilitarisée le long de la ligne de front actuelle et le refus que l’Ukraine adhère à l’OTAN. La troisième c’est la feuille de route de Richard Grenell, futur envoyé spécial du président américain pour les missions spéciales, qui prévoit la création de régions autonomes dans l’est de l’Ukraine et le renoncement de l’Ukraine à une adhésion à l’OTAN.
En novembre 2024, le bureau de presse du Service de renseignement extérieur russe (SVR) avait indiqué dans son communiqué que l’Occident voulait déployer en Ukraine un « contingent de maintien de la paix » d’environ 100 000 personnes pour restaurer la capacité de combat du pays, occupant ainsi de facto l’Ukraine pour atteindre ses objectifs. Le Service russe a rapporté que, face aux récents succès de la Russie sur le champ de bataille, l’OTAN s’était orientée de plus en plus vers une solution de « gel » du conflit ukrainien. L’Occident considère ce scénario comme un moyen de restaurer la capacité de combat des forces armées ukrainiennes et de préparer Kiev à une tentative de revanche, selon le SVR. Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, s’est exprimé sur l’envoi de troupes occidentales dans une interview accordée à TASS en décembre 2024. « Nous ne sommes pas satisfaits des propositions formulées au nom des représentants de l’équipe du président élu visant à reporter de 20 ans l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, ainsi qu’à introduire un contingent de maintien de la paix de « forces britanniques et européennes » en Ukraine », avait-il alors souligné.