Initialement condamné à trois mois de prison ferme et à une amende de 1.000 dirhams, la cour d’appel d’Oujda a alourdi sa peine, la portant à huit mois de détention. Cette décision a été rendue le 14 février 2024, dans un contexte où les tensions entre les autorités et les manifestants s’intensifiaient.
Lors d’une séance d’audience qui a duré plusieurs heures, « Mofo » a défendu son innocence, affirmant n’avoir jamais incité la population à manifester. Il a précisé que sa présence lors de la marche, où il a formulé des déclarations jugées provocatrices par le « Pacha », était purement fortuite. Il a souligné que les habitants de Figuig se rassemblent chaque mardi et vendredi pour exprimer leur refus de la privatisation du secteur de l’eau.
L’équipe de défense a plaidé en faveur de son innocence, mettant en avant le manque de fondement légal et factuel dans le jugement de première instance. Les avocats de l’activiste ont également insisté sur le contexte particulier de cette affaire, marquée par la résistance des habitants contre la privatisation de l’eau. Ils ont souligné que, plutôt que de chercher des solutions aux préoccupations soulevées par les manifestants, les autorités ont choisi d’incarcérer M. Brahimi.
La décision de condamner « Mofo » a engendré une vague de critiques. La Fédération de la gauche démocratique (FGD) a exprimé son indignation par le biais d’un communiqué émis par son bureau à Oujda, qualifiant ce jugement d’inacceptable. La FGD a dénoncé l’illégalité de se baser sur le procès-verbal du « Pacha » plaignant, tout en critiquant « le caractère arbitraire et non objectif des interprétations des déclarations de l’accusé » .
La FGD a fermement condamné ces « jugements sévères », affirmant « qu’ils ont manqué aux normes d’un procès équitable, reposant sur un rapport du Pacha, contesté pour sa crédibilité ». Ce jugement a été perçu comme « une mesure punitive visant à instaurer un climat de peur et d’intimidation ». Selon la FGD, les autorités territoriales et judiciaires auraient mieux fait de travailler à apaiser les tensions en répondant aux revendications justes et légitimes des habitants de Figuig, qui ont mené un mouvement pacifique remarquable et créatif.
De plus, la FGD a mis en lumière que ces « jugements injustes » faisaient apparaître la loi sur les sociétés régionales multiservices (SRM) comme étant « au-dessus de tout », sans nécessité d’un référendum local de la part des autorités élues. Cette situation s’est confirmée à Figuig, où l’opposition du conseil à cette loi s’est transformée en approbation sous la pression, provoquant l’indignation d’une population qui s’est mobilisée dans un mouvement populaire massif, précise la même source.
Enfin, la FGD a exprimé sa solidarité avec les détenus et leurs familles, ainsi qu’avec les habitants de la ville. Elle a réaffirmé sa volonté de soutenir toutes les initiatives en faveur du mouvement social pour le droit à l’eau et à une dignité de vie.