Tout prête à croire que les représentants des deux pays signeront, à la demande de Beyrouth, deux copies de l’accord dans deux salles séparées dans la localité de Naqoura, à l’extrême sud du Liban, en présence d’un représentant US et d’un responsable onusien. Si la date de la signature n’a pas encore été fixée, le processus devrait être bpuclé avant le 31 octobre, dernier jour dans la mandature du Président libanais. Il est prévu que les documents signés prennent le chemin vers les Nations unies.
Appelant à la « prudence » en attendant la signature, Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah, a donné, mardi soir, sa bénédiction à l’accord. « Nous nous tenons derrière l’État, a-t-il dit dans un discours télévisé. Si les dirigeants estiment que l’accord donne au Liban ses droits et préserve ses richesses, alors nous les soutiendrons. » Si le leader du Hezbollah a mis beaucoup d’eau dans son vin, il n’a pas hésité à rappeler, dans un discours prononcé mardi, que pour lui, la frontière maritime du Liban s’étend jusqu’à Gaza.
L’accord négocié par l’entremise d’Amos Hochstein, envoyé spécial et coordinateur des affaires énergétiques internationales au département d’État US, donne au Liban bien plus que ce qui lui était proposé ces douze dernières années.
Le tracé frontalier convenu mardi entre les deux pays suit la ligne 23, située au sud de la ligne Hoff, du nom du diplomate américain Frederick Hoff chargé du dossier des négociations indirectes, il y a quelques années. Ce dernier avait proposé en 2012 un tracé qui accordait à Israël 45% d’une zone de 860 kilomètres carrés, revendiquée par le Liban, comprenant le bloc 10, dont les réserves gazières seraient prometteuses.
Le Liban obtient donc la totalité de la zone disputée et plus encore. Il exerce sa souveraineté sur l’ensemble du champ de Qana (bloc 10) dont une partie se situe au sud de la ligne 23, soit à l’intérieur de la zone d’exclusivité économique d’Israël.
En contrepartie de cette concession, Tel-Aviv recevra une compensation financière prélevée sur les profits réalisés par TotalEnergies, compagnie appelée par Beyrouth à diligenter l’exploitation du champ de Qana.
Tollé en Israël
L’accord obtenu au forceps, Washington ayant fait pression sur Tel-Aviv pour éviter tout embrasement de la situation en Méditerranée orientale, est loin de convenir à la classe politique israélienne. Ainsi, Amir Avivi, ancien général israélien, a déclaré mardi que « le Hezbollah libanais a forcé Israël à se soumettre et l’a mis à genoux ». Et de préciser que « le Hezbollah a réussi à soumettre Israël et à le forcer à accepter les conditions du Liban concernant l’accord entre Israël et le Liban sur la démarcation des frontières maritimes entre les deux parties », a rapporté le site israélien 0404, cité par la télévision libanaise AlMayadeen.
Il a expliqué que « la société israélienne témoigne d’un précédent dangereux, représenté par la menace du Hezbollah libanais, et la soumission de Tel-Aviv à cette menace, en particulier à l’approche des élections législatives de la Knesset, prévues le 1er novembre ». Et souligné « que le calme ou le silence temporaire ne signifie rien sur la stratégie à long terme d’Israël ».
Benjamin Netanyahu, leader de l’opposition, a relevé de son côté que le nouvel accord sur la frontière maritime avec le Liban est « une capitulation historique » face au Hezbollah. « Ce n’est pas un accord historique, c’est une capitulation historique. Une vente de liquidation par (le chef du gouvernement Yaïr) Lapid », a-t-il dit dans un communiqué cité par les médias israéliens. « Pendant plus d’une décennie, le gouvernement que j’ai dirigé n’a jamais cédé aux menaces de Nasrallah, et nous n’avons pas eu de guerre. Et puis Lapid est arrivé. En trois mois, il s’est entièrement soumis à toutes les exigences du Hezbollah », a-t-il précisé. Référence est ainsi faite aux menaces du secrétaire général du Hezbollah qui ont accéléré l’approbation du gouvernement israélien aux exigences libanaises.
Après deux ans de négociations sous l’égide des Etats-Unis, Israël a annoncé mardi avoir conclu un accord « historique » avec le Liban pour délimiter les frontières maritimes et lever des obstacles clés à l’exploitation de gisements gaziers en Méditerranée orientale.
De son côté, la présidence de la République libanaise a affirmé, mardi matin, que « la version finale de l’accord sur les frontières maritimes sud est satisfaisante et répond aux exigences libanaises ». La présidence libanaise a souligné que le président Michel Aoun avait reçu un appel du président américain Joe Biden, au cours duquel il l’a félicité pour la conclusion des négociations sur la démarcation des frontières maritimes.
Pour sa part, le vice-président du Parlement libanais, Elias Bou Saab, a rapporté que « le Liban a reçu de Washington la version finale du projet d’accord sur la délimitation des frontières maritimes avec Israël ». Et de noter que « le projet d’accord prend en compte toutes les exigences libanaises », avant d’ajouter « qu’un accord historique pourrait être imminent ».