Dans une étude intitulée « Analyse des impacts économiques et environnementaux de la fermeture de la raffinerie marocaine la Samir », publiée par le magazine « Scientific African », les chercheurs font savoir que, depuis sa création en 1959, la raffinerie la Samir a facilité la production de diesel et a encouragé la production nationale. Celle-ci est déjà considérée comme un atout stratégique pour le développement national et la stimulation de la croissance économique.
Au Maroc, la demande de l’économie nationale de l’industrie du raffinage du pétrole (en tant qu’acheteur) est principalement liée aux secteurs minier et commercial, alors que l’offre de cette industrie (en tant que vendeur) est principalement destinée au transport, à la pêche, à l’électricité, à l’exploitation minière, à la construction et à d’autres industries manufacturières, expliquent les auteurs.
Le secteur du raffinage du pétrole consacre 65 % de ses dépenses à l’importation d’intrants du reste du monde, notamment de pétrole brut. L’industrie consacre également 34 % de ses dépenses à l’acquisition d’intrants intermédiaires auprès d’autres secteurs nationaux, 0,6 % aux impôts et 0,07 % au paiement du capital et de la main-d’œuvre, dévoile l’analyse.
Selon l’étude, ce secteur a contribué à moins de 4 % de la production nationale brute en 2013, soit 47. 860 millions de Dh. De plus, près de la moitié de la production du secteur du raffinage du pétrole est consommée, comme intrant, par d’autres industries (47 %). Le reste est partagé entre la demande des ménages (28 %) et les exportations étrangères (22 %).
Avant sa fermeture, la raffinerie importait environ 1,7 million de tonnes par an de fioul et d’autres produits depuis différents ports, notamment le port de Tanger, Mohammédia, Jorf Lasfar, Agadir, Laayoune et Dakhla. Après sa fermeture, le port de Tanger Med est devenu la principale porte d’entrée pour satisfaire les besoins pétroliers du marché intérieur.
De plus, la fermeture de la seule entreprise opérant dans ce secteur au Maroc a, comme prévu, généré des impacts considérables sur l’économie. Les pertes économiques globales sont évaluées à 66.572 millions de Dh, ce qui représente une réduction de 4,4 % de la production totale du pays et 1,7 % de sa valeur ajoutée.
En se concentrant sur la répartition régionale de ces effets, le Grand Casablanca-Settat a fait face à la plus forte réduction de la production brute (9,2 %), suivi de Beni Mellal-Khenifra (6,6 %), Laayoun-Sakia El Hamra (5,1 %), Drâa-Tafilalet (4,2 %) et Marrakech-Safi (3,9 %). Les pertes à Laayoun-Sakia El Hamra se concentrent en particulier dans l’industrie minière. Tandis que les régions de Rabat-Salé-Kénitra, Beni Mellal-Khenifra et Marrakech-Safi, voisines du Grand Casablanca-Settat, ont également été fortement impactées au niveau du commerce, des transports, des activités financières, de l’immobilier et d’autres industries manufacturières.
En outre, les chercheurs précisent que l’industrie minière a subi les pertes les plus notables en termes de valeur ajoutée (37,5 %). Cette industrie a perdu 11.233 millions de Dh en valeur ajoutée et 14.329 millions de Dh en production brute. Le transport (1,5 %), le commerce (1,1 %) et les autres industries manufacturières (1,1 %) sont touchés par la fermeture de la raffinerie, avec une perte totale de production atteignant 3,7 %.
Quant aux impacts environnementaux, la fermeture de la Raffinerie Samir a entraîné une réduction globale de 2,1 % des émissions du CO2, ce qui représente une réduction d’environ 1 170 000 millions de tonnes (Mt). La situation géographique de la raffinerie dans la région du Grand Casablanca-Settat a entraîné une contribution régionale substantielle à la baisse des émissions (62,1 % du total). Ses régions voisines ont également contribué de manière significative à la réduction des émissions, notamment Marrakech-Safi (7,5 % de la réduction totale), Beni Mellal-Khénifra (5,8 %) et Rabat-Salé-Kénitra (5,3 %).
En ce sens, l’incertitude quant à la fermeture définitive de l’unique raffinerie de pétrole du Maroc offre au pays une opportunité d’accélérer sa transition énergétique et créer une nouvelle géographie de l’économie énergétique.