Emmanuel Macron venait d’entamer son discours sur la souveraineté européenne quand de jeunes protestataires l’ont interpellé depuis les tribunes. « Où est la démocratie française ? », ont-ils hurlé, en déployant une banderole sur laquelle était écrit en anglais : « Président de la violence et de l’hypocrisie ». « Vous avez des millions de manifestants dans les rues », ont-ils encore lancé, à propos des vastes manifestations organisées depuis le début de l’année contre la réforme des retraites.
« Ceci est une démocratie et une démocratie est exactement un endroit où l’on peut manifester », a répliqué le chef de l’État lorsqu’il a pu reprendre la parole après une minute d’interruption. Mais « le jour où vous vous dites « quand je suis en désaccord avec la loi qui a été adoptée ou les personnes qui ont été élues, je peux faire ce que je veux, car je décide moi-même de la légitimité de ce que je fais », vous mettez la démocratie en danger », a-t-il poursuivi.
Pour le locataire de l’Elysée, les réformes comme celles des retraites sont nécessaires pour assurer la compétitivité de l’Europe, l’un des cinq piliers à consolider selon lui pour assurer la souveraineté européenne, avec la politique industrielle, la protection des intérêts stratégiques, la réciprocité et la coopération. « Il nous faut cette politique industrielle parce que nos concurrents eux interfèrent sur le marché » européen, a insisté le président français, appelant pour cela à augmenter les subventions et les « bonnes mesures incitatives ». À l’issue de son discours d’une quarantaine de minutes assuré en anglais, le président a répondu à quelques questions des étudiants, cette fois sans incident. « Il faut un commerce équitable et la réciprocité en fait partie. Et l’accord de libre-échange doit désormais obéir à une logique qui dépasse la pure logique économique. En premier lieu la durabilité », a-t-il ajouté.
E. Macron et son épouse Brigitte ont été accueillis mardi avec les honneurs militaires et hymnes nationaux au Palais Royal d’Amsterdam par le roi Willem-Alexander et son épouse Maxima, pour cette première visite d’État d’un président français dans ce pays depuis 2000. Des centaines de personnes s’étaient rassemblées derrière des barrières pour voir passer le couple présidentiel.
Cette visite d’État signe un rapprochement entre les deux pays depuis la décision en 2016 du Royaume-Uni de quitter l’UE qui a rebattu les cartes au sein de l’Union. Les Pays-Bas ont alors perdu un allié traditionnel sur la scène européenne qui les a conduits à diversifier leurs coopérations.