Katharina Stasch, ambassadrice allemande auprès de l’ONU à Genève, a alerté, au nom de son gouvernement, sur la recrudescence des restrictions à l’exercice des libertés, les arrestations des militants du Hirak et la répression des défenseurs des droits de l’homme en Algérie. Evoquant une situation préoccupante dans ce pays, elle a estimé qu’«en Algérie, la recrudescence des restrictions contre la société civile, les médias en ligne et hors ligne, ainsi que les arrestations pour motifs politiques représentent une évolution dangereuse (…)».
Elle a ajouté que « la répression menée contre les défenseurs des droits de l’homme dans le cadre des élections nous préoccupe également», tout en soulignant la nécessité « d’assurer un environnement sûr dans ce processus politique».
La tirade allemande est intervenue après l’intervention de Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, laquelle avait fait part, mardi, de sa préoccupation au sujet des restrictions croissantes aux libertés fondamentales en Algérie. « En Algérie, je suis préoccupée par les restrictions croissantes aux libertés fondamentales, notamment la multiplication des arrestations et des détentions de défenseurs des droits humains, de membres de la société civile et d’opposants politiques », a indiqué M. Bachelet qui présentait son rapport sur la situation des droits de l’homme dans le monde.
La Haute commissaire, qui n’en n’est pas à sa première mise en garde dans ce sens, a exhorté le gouvernement algérien « à changer de cap et à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir les droits de son peuple à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique ».
Outre le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme et les rapporteurs spéciaux de l’ONU, le Parlement européen avait adopté, en moins d’un an, deux résolutions successives sur la situation des droits de l’homme en Algérie. De même, plusieurs eurodéputés avaient été à l’origine d’interpellations récurrentes sur les exactions massives, la répression du Hirak et l’arbitraire imposé par le régime militaire algérien se comptent par centaines.
Dans le cadre de cette session du CDH, les Nations unies ont été interpellées par des victimes du Polisario sur les graves exactions commises dans les camps de Tindouf. Les victimes, ainsi que des militants des droits de l’homme, ont évoqué pêle-mêle, les disparitions forcées, les arrestations abusives, les actes de représailles, les viols de femmes et les pratiques d’esclavagisme, mais surtout l’impunité dont jouissent les séparatistes dans les camps de Tindouf, avec la complicité des autorités algériennes.
A travers des témoignages poignants, les victimes ont raconté, chacune, ses malheurs et souffrances avec les séparatistes dans les camps de Tindouf, appelant la communauté internationale à intervenir pour mettre fin à une situation singulière et sans précédent en droit international.
Mohamed Zedan, un ancien prisonnier politique dans les camps de Tindouf, a à cet égard expliqué avoir été arrêté à deux reprises par les autorités algériennes et le Polisario pour son activité de journaliste et de défenseur des droits de l’homme dans les camps de Tindouf. En raison «principalement de son travail continu pour dénoncer la répression violente contre les Sahraouis à Tindouf et le détournement de l’aide internationale par les dirigeants du Polisario et les autorités algériennes, qui ont transformé les camps en une prison ouverte», il explique avoir été «enlevé, emprisonné et torturé».
Lemaadla Mohamed Salem Kouri, une sahraouie ayant réussi à fuir le calvaire des camps de Tindouf, a également témoigné. «Le polisario a transformé, avec le soutien de l’armée algérienne, en une prison à ciel ouvert», a-t-elle dit, évoquant «les violations odieuses des droits de l’homme commises à l’encontre des personnes âgées, des jeunes, des femmes et des enfants». L’impunité prévalant dans les camps de Tindouf encourage les dirigeants du Polisario et les responsables de l’armée algérienne à poursuivre leur répression systématique des Sahraouis, a déploré la militante sahraouie, qui a pointé la responsabilité de l’État algérien qui «a décidé, en violation totale de ses obligations internationales et du droit international, de déléguer ses pouvoirs régaliens à un groupe armé pour contrôler les camps de Tindouf».
L. Mohamed Salem, dont le père a été détenu et torturé à mort au bagne de « Errachid » dans les camps, a dénoncé l’état « de non-droit » régnant dans les camps de Tindouf, en ce sens que les victimes des exactions sont privées de leur droit de recourir à une autorité judiciaire pour l’examen de leurs plaintes. Elle a, à cet égard, fait savoir que son association a établi une longue liste de victimes sahraouies des disparitions forcées perpétrées par les dirigeants du Polisario en toute impunité sur le territoire algérien.
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