Selon l’UMT, le taux de participation à la protestation a atteint 84,8%, un chiffre qui révèle l’ampleur de cette mobilisation. Cette grève nationale survient après l’adoption, au forceps, du projet de loi décrié sur la grève et dans un contexte de paupérisation avancée de larges couches de la population en proie à une inflation asphyxiante et un marché du travail des plus moroses. Si des secteurs, comme l’éducation et la santé, ont été complètement paralysés par ce débrayage général, le premier en dix ans, les secteurs des transports, dont l’aérien, ont été partiellement fonctionnels. Si les syndicats se félicitent de la forte participation, de nombreux travailleurs non syndiqués qui redoutent des retenues sur salaire ont fait fi de l’appel à la grève. L’approche du mois de ramadan, là où la consommation des ménages explose, explique en partie cet état de fait. Réalité qui ne doit nullement être considérée comme une action antisyndicale.
Younes Sekkouri, ministre de l’Insertion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, n’a fait aucune mention au coup de semonce syndical qui en dit long sur le rejet de la démarche de l’Exécutif. Il s’est contenté de passer en revue les étapes franchies par le projet de loi ainsi que le large débat l’ayant accompagné, assure-t-il, notamment avec les partenaires sociaux et au sein des deux chambres du Parlement, soulignant que ce texte organique renferme des dispositions « importantes et fondamentales ».
La grève générale qui se poursuit jeudi constitue un véritable camouflet pour l’actuelle majorité qui légifère pour le marché et au service du patronat. Les cinq principaux syndicats du pays appellent à la poursuite de la lutte et de la mobilisation. La détérioration du pouvoir d’achat des travailleurs, le taux de chômage, le dialogue social non institutionnalisé, mais surtout la loi encadrant le droit de grève, ont constitué autant de raisons alimentant la colère.
La réforme de la loi sur la grève, louée par Y. Sekkouri, est jugée par les centrales syndicale foncièrement « liberticide » en dépit des concessions du gouvernement, qui a notamment interdit au patronat d’avoir recours à des salariés de remplacement en cas de grève.
« Cette loi a donné un pouvoir absolu au chef du gouvernement pour qu’il puisse arrêter une grève. Il y a une double punition, si on peut dire, des travailleurs grévistes. Un contenu qui atteint et qui restreint le droit de grève », signale-t-on au niveau de la CDT.
La question qui se pose avec acuité serait de savoir jusqu’où le gouvernement ira-t-il dans son déni. Pour l’heure, Aziz Akhannouch préfère persister dans ses shows en inaugurant le jour du débrayage le Salon Halieutis à Agadir. En attendant le grand Ahouach du SIAM prévu dans quelques semaines à Meknès.