Pure coïncidence ? La conférence de presse animée par le patron de l’UMT s’est tenue le jour même où la Chambre des conseillers a approuvé, tard dans la nuit, le projet de loi organique sur le droit de grève. Les conseillers de la centrale syndicale s’étaient retirés de la séance, en protestation contre la mouture adoptée. Pour M. Mokharek, la grève nationale intervient également en protestation « contre le chef du gouvernement, qui n’a pas respecté ses engagements de mettre en place un dialogue social, malgré le mémorandum et la charte sociale signée précédemment au sein de l’UMT, du patronat et de la Primature, en vue de tenir deux sessions par an, au cours des mois d’avril et de septembre ». A ce titre, il rappelle que « le chef de l’exécutif a annulé ces deux rendez-vous sans raison ».
Plusieurs autres instances ont également annoncé observer la grève générale, la première durant le mandat de l’actuelle majorité. Regroupant neuf organisations, dont celles de la santé publique, le Front marocain contre les lois sur la grève et sur la retraite a appelé les travailleurs à participer massivement à cette mobilisation. De son côté, la Confédération démocratique du travail (CDT) a souligné que la participation à ce mouvement était une « réponse au mépris continu du gouvernement envers la voix des masses populaires souffrant des inflations ». Il en va de même pour l’Organisation démocratique du travail (ODT), la Fédération des syndicats démocratiques (FSD), la Fédération nationale de l’enseignement (FNE), la Fédération nationale du secteur agricole (FNSA)…
Plus, ATTAC Maroc a aussi décidé de se joindre à cette mobilisation. Dans son appel à la mobilisation, l’ONG dénonce une « offensive multidimensionnelle » de l’État contre la classe ouvrière et les couches populaires. L’association critique notamment l’endettement public massif pour financer des infrastructures au profit du capital local et étranger, les exonérations fiscales accordées aux grands investisseurs, et la privatisation progressive des services publics essentiels comme la santé et l’éducation.
Le secteur agricole illustre également, selon ATTAC, les contradictions des politiques publiques. « Alors que le Maroc est de plus en plus dépendant des importations alimentaires, les exploitations modernes exportent massivement leurs productions, tandis que les ouvriers agricoles sont confrontés à des conditions de travail difficiles et à des salaires insuffisants« , explique l’ONG, notant que les récentes mobilisations dans la région du Souss, en décembre 2024, illustrent cette précarisation croissante du travail agricole.
L’augmentation du coût de la vie et la baisse du pouvoir d’achat alimentent la grogne sociale, avec une multiplication des protestations dans divers secteurs est également souligner par l’association. Pour ATTAC Maroc, la stratégie du gouvernement vise à limiter les libertés syndicales et à restreindre le droit de grève, en préparation à de nouvelles réformes, notamment celle des retraites. L’association dénonce fermement ces tentatives de « criminalisation » du mouvement social et appelle à une résistance collective.
L’appel d’ATTAC Maroc à la mobilisation s’inscrit dans une dynamique plus large de contestation qui pourrait s’intensifier dans les mois à venir. Face à un gouvernement jugé « inflexible » sur ses orientations économiques et sociales, la pression des syndicats et des mouvements sociaux pourrait se renforcer, ouvrant la voie à de nouvelles actions de protestation.
Lors de la séance plénière mensuelle tenue mardi à la Chambre des conseillers sur « Les indicateurs économiques et financiers et le renforcement de la position internationale du Maroc », le chef du gouvernement est resté sourd aux appels à la raison.