Le diplomate russe a estimé que « la situation dans la plupart des Etats du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord reste compliquée, en raison des nombreux foyers d’instabilité dans la région ». Pour étayer sa version, V. Nebenzia a cité des « conflits armés en Syrie, Libye, Yémen et au Soudan », avant d’enchaîner à sa liste le Sahara occidental.
Pourtant, quelques semaines plus tôt, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, qui présidait une réunion Conseil de sécurité avait ignoré la question du Sahara. C’était le 25 avril dernier.
Qu’est-ce qui a favorisé cette piqure de rappel auprès de la diplomatie russe qui, pourtant, n’a pas hésité à négocier avec Rabat le dossier de reconduction de l’accord de pêche qui lie les deux pays ?
Des analystes font valoir, à ce sujet, le déplacement attendu du président Abdelmadjid Tebboune en Russie, initialement annoncé en mai et qui pourrait avoir lieu vers la mi-juin. L’Algérie pourrait y officialiser sa demande d’intégration à l’espace des BRICS. En outre, on relève aussi que les échanges entre responsables russes et algériens se sont intensifiés. Ainsi, Dmitri Chougaïev, directeur du service fédéral pour la coopération militaire et technique russe, a été reçu le 8 juin à Alger, par le général Saïd Chengriha, chef des armées. Un déplacement précédé par l’arrivée d’une délégation d’industriels russes dans la capitale algérienne. De son côté, l’ambassadeur algérien à Moscou s’est entretenu, cette semaine, avec Mikhail Bogdanov, représentant spécial du président de la Russie pour le Moyen-Orient et l’Afrique, vice-ministre russe des Affaires étrangères.
D’autres commentateurs expliquent ce regain d’attention russe pour le dossier saharien par la position de Rabat dans le conflit opposant, sur le sol ukrainien, la Russie à la coalition occidentale. La neutralité du Maroc aurait été parasitée par la livraison de chars lourds T-72 dont les FAR voulaient qu’ils soient requalifiés auprès de la Tchéquie à Kiev. Sans l’accord explicite de Rabat…
En tout cas, Dmytro Kuleba, ministre ukrainien des Affaires étrangères, s’est rendu le 22 mai à Rabat. Un déplacement qui n’a pas été agréé par le voisin de l’Est surtout qu’à cette occasion, le responsable ukrainien a qualifié le plan marocain d’autonomie au Sahara de base « sérieuse et crédible » pour un règlement « réussi » du différend régional.