Le milliardaire accusé avec deux de ses fils d’avoir surévalué de manière colossale pendant des années leur patrimoine immobilier, s’est assis lundi 2 octobre au tribunal de New York. Flanqué de deux de ses avocats, Chris Kise et Alina Habba, l’ex-Président était installé en face du juge new-yorkais Arthur Engoron qui va présider les débats pendant des semaines. Le top départ d’un procès civil pour le favori des républicains à la présidentielle de 2024.
Dans cette affaire, D. Trump sait qu’il a perdu la bataille sur le plan judiciaire. Du coup, il tente de l’exploiter politiquement. Il poursuit sa stratégie victimaire et fait de cette comparution un spectacle politique. C’est lui qui tenait à être présent aujourd’hui pour la photo, alors que rien ne l’y oblige. Avant d’entrer dans la salle du tribunal, il a pris le temps devant les micros et caméras pour dérouler son numéro : selon lui, ce procès est une « arnaque » et un « spectacle d’horreur ». D. Trump n’a pas hésité à s’en prendre au juge lui-même, l’accusant de « chasse aux sorcières, d’interférence électorale, ce juge devrait être destitué », a-t-il ajouté, juste avant de se présenter devant lui. Il s’en est également pris à Letitia James, procureure générale de l’État de New York, plaignante dans cette affaire. « Nous avons une procureure générale raciste qui est un spectacle d’horreur […]. C’est une arnaque », a lancé l’ancien président.
Il l’a aussi accusée de « racisme ». L. James qui a mené toute cette enquête est afro-américaine. Cette dernière l’attendait à l’intérieur du tribunal, une image évidemment marquante. Dans la salle, la procureure, assise dans le public, derrière D. Trump, ne l’a pas quitté des yeux. « Quel que soit votre pouvoir, quel que soit l’argent que vous pensez détenir, personne n’est au-dessus de la loi », a-t-elle martelé avant le début de l’audience.
Dans cette affaire, le milliardaire de 77 ans ne peut pas être condamné à de la prison. En revanche, il risque gros sur le plan financier : il encourt une amende vertigineuse de 250 millions de dollars.
Sur le plan politique, à court terme, ses ennuis judiciaires sont une bénédiction pour lui. Ils l’ont rendu absolument intouchable auprès de sa base. Ses supporters le voient maintenant comme un martyr politique.
Plusieurs sondages montrent que la majorité de ses soutiens lui font plus confiance qu’à leur propre famille. Et ses inculpations l’ont propulsé au sommet des enquêtes d’opinion dans le cadre de la primaire républicaine. À noter néanmoins que ces affaires qui lui profitent pour l’investiture républicaine risquent de se transformer en handicap majeur pour l’élection présidentielle en novembre 2024.
En effet, ses calendriers judiciaire et politique sont totalement imbriqués. À tel point que D. Trump fait autant campagne sur les bancs des tribunaux que sur le terrain auprès de ses supporters. Pour rappel, l’ancien président est quatre fois inculpé, avec deux inculpations fédérales, dont une pour complot contre l’État. Ce procès doit commencer le 4 mars prochain devant un tribunal fédéral à Washington. Soit la veille du « Super Tuesday », échéance électorale déterminante dans la primaire républicaine. Ce procès doit durer quatre à six semaines. C’est-à-dire que son éventuelle condamnation devrait tomber avant la présidentielle. En clair, D. Trump pourrait être condamné à une peine de prison ferme avant l’élection. Ce qui constituerait un fait politique absolument inédit. Même si cela ne devrait pas l’empêcher de se présenter, selon toute vraisemblance.