«Toutes les images photos et séquences vidéos publiées par le régime de Kiev, qui témoigneraient des soi-disant « crimes » commis par des militaires russes dans le village de Boutcha, dans la région de Kiev, sont une nouvelle provocation», accuse le ministère. Qui rappelle avoir quitté cette zone le 30 mars au «lendemain de la session de pourparlers entre la Russie et l’Ukraine en Turquie».
Les images de corps de personnes vêtues en civil dans les rues de cette localité ont fait le tour du monde et soulevé un vif émoi. Le président ukrainien a accusé la Russie de «génocide» contre son peuple. Kiev estime que 300 personnes ont été enterrées dans des fosses communes à Boutcha.
L’AFP avait vu le 2 avril les cadavres d’au moins vingt hommes portant des vêtements civils gisant dans une rue de Boutcha, reprise par les troupes ukrainiennes. L’un d’eux avait les mains liées et les corps étaient éparpillés sur plusieurs centaines de mètres.
Tour à tour, Washington, Paris, Berlin ou Londres ont dénoncé des «atrocités», voire des «crimes de guerre». «Les autorités russes devront répondre de ces crimes», a notamment écrit Emmanuel Macron sur Twitter. Le Président américain n’a pas hésité à taxer de nouveau le maitre du Kremlin de criminel et de sauvage.
«Pendant tout le temps où la ville a été sous le contrôle des forces armées russes, et encore plus après, jusqu’à aujourd’hui, les habitants de Boutcha se déplaçaient librement dans le village et utilisaient leurs téléphones portables […] Dans le même temps, les banlieues sud du village, y compris les zones résidentielles étaient bombardées 24 heures sur 24 par les troupes ukrainiennes à l’aide d’artillerie de gros calibre, de chars et de systèmes de lance-roquettes multiples», relate la Défense russe. Moscou s’est étonné que les « preuves de crimes » à Boutcha « ne soient apparues que quatre jours», après le départ de ses soldats, «quand des officiers du Service de sécurité ukrainien (SBU) et des représentants de la télévision ukrainienne sont arrivés dans le village».
Pour la Russie, les cadavres montrés en images ne peuvent pas être restés aussi longtemps dans la rue puisqu’«ils n’ont pas de lividités cadavériques typiques et que dans les plaies il y a du sang qui n’a pas coagulé». Ainsi, pour l’armée russe, ces images sont une mise en scène orchestrée par Kiev «pour les médias occidentaux, comme ce fut le cas avec la maternité à Marioupol, ainsi que dans d’autres villes».
Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, a qualifié les faits rapportés à Boutcha d’«attaque à l’aide de fausses informations» organisée après le départ des troupes russes. «Les militaires russes se sont complètement retirés de cette ville le 30 mars. Le 31 mars, le maire de la ville a déclaré solennellement que tout allait bien. Et deux jours plus tard, nous avons vu cette mise en scène dans les rues qu’on tente maintenant d’utiliser à des fins anti-russes», a-t-il dit.
S. Lavrov a aussi rappelé que la Russie avait demandé la tenue d’une réunion du Conseil de sécurité « sur cette question particulière car elle considère que de telles provocations constituent une menace directe pour la paix et la sécurité internationales». Mais, a-t-il précisé, le «Royaume-Uni, qui assure la présidence du Conseil de sécurité ce mois-ci, n’a pas été en mesure jusqu’à présent de nous confirmer la possibilité d’une telle réunion».
Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a « rejeté catégoriquement toutes les accusations » sur une implication des forces russes dans la tuerie des civils dans la ville ukrainienne de Boutcha, assurant que les experts du ministère russe de la Défense avaient découvert des signes de « falsifications vidéo » et des « fakes » dans les images présentées par les autorités ukrainiennes comme preuves d’un massacre dont elles accusent la Russie. « A en juger par ce que nous avons vu, on ne peut pas faire confiance à ces images vidéo », a affirmé D. Peskov, en assurant qu’il fallait « mettre sérieusement en doute cette information ». Dans ce contexte, l’armée russe a publié une vidéo dans laquelle on voit l’un des « cadavres » à Boutcha en train de bouger sa main.
D. Peskov a en outre appelé les dirigeants étrangers à ne pas avancer d’ « accusations hâtives » à l’égard de Moscou et à « écouter au moins les arguments russes ». Et ajouté que « la Russie souhaite et réclame que cela fasse l’objet de discussions internationales ».
Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a commenté l’appel du président américain Joe Biden à la création d’un tribunal pour poursuivre en justice le président russe Vladimir Poutine au sujet de la crise en Ukraine. « Quelle bonne idée, mais qu’ils commencent par les raids sur la Yougoslavie et l’occupation de l’Irak », a écrit M. Zakharova sur son compte dans Telegram.
« On peut aussi trouver les meilleurs metteurs en scène à Srebrenica, et bien sûr le trafic d’organes au Kosovo, sous la protection d’officiels américains », a-t-elle ajouté. Tout en signalant qu’« une fois que vous avez terminé, ouvrez une enquête sur le bombardement nucléaire du Japon … « run, Forrest, run »! (Se référant au film américain Forrest Gump).
Plus tôt dans la journée, le président américain a affirmé que « la Russie avait commis des crimes de guerre en Ukraine » et a appelé à « la création d’un tribunal pour juger le président russe Vladimir Poutine en tant que criminel de guerre ». J. Biden a déclaré aux journalistes à la Maison Blanche: « Vous avez vu ce qui s’est passé à Butcha … c’est un criminel de guerre. »