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Attaques contre le territoire russe : L’appui à Kiev diversement apprécié par Washington et Paris

Antony Blinken et Stéphane Séjourné ont tenu une conférence de presse à l'issue de leur rencontre à Paris. Le ministre français des affaires étrangères a jugé que les frappes ukrainiennes sur le territoire russe relevaient de la « légitime défense », tandis que son homologue américain a refusé de soutenir ces initiatives de Kiev. En parallèle, le ministre français de la Défense a eu un entretien téléphonique avec son homologue russe, le premier depuis des moins de silence radio.
Attaques contre le territoire russe : L’appui à Kiev diversement apprécié par Washington et Paris

« Je serai très direct et clair sur le sujet des attaques ukrainiennes contre les raffineries russes: l’Ukraine agit dans le cadre de la légitime défense », déclaré Stéphane Séjourné, ministre français des affaires étrangères mardi 2 avril lors d’une conférence de presse avec Antony Blinken, son homologue américain. Ce dernier a quant à lui déclaré « nous n’avons ni soutenu ni facilité les frappes ukrainiennes en dehors de son territoire ». Des drones ukrainiens ont attaqué plusieurs raffineries de pétrole russes au mois de mars, dans les régions de Nijni Novgorod, Samara, Riazan et Krasnodar.

Selon une enquête du Financial Times publiée le 22 mars dernier, les Etats-Unis auraient demandé à plusieurs reprises aux Ukrainiens de mettre un terme à leurs attaques contre les infrastructures énergétiques russes par crainte d’une hausse des prix mondiaux de l’or noir.

Le sujet du transfert d’armes vers la Russie sera évoquée lors d’une réunion des ministres des affaires étrangères de l’OTAN à Bruxelles, a-t-il également indiqué. Car cela ne constitue « pas seulement une menace pour l’Ukraine ». « C’est une menace pour la sécurité européenne dans son ensemble », a-t-il également déclaré. Ensuite interrogés sur la perspective d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, S. Séjourné et A. Blinken ont renvoyé à la communication faite à Vilnius en juillet dernier où il avait été question d’une adhésion sans calendrier. « Les Etats membres s’engagent à soutenir les réformes de l’Ukraine dans la voie de l’intégration évidemment à l’OTAN », a ainsi déclaré Stéphane Séjourné. « Comme les alliés l’ont dit à Vilnius, l’Ukraine sera membre de l’OTAN », a déclaré A. Blinken tout en ajoutant qu’il fallait « avoir une très bonne et très claire feuille de route pour arriver à cette conclusion ». « Et je crois que le sommet de l’Otan et le 75e anniversaire sera très concentré, de façon très concrète, sur comment établir cette feuille de route », a-t-il dit.

La perspective d’une intégration de l’Ukraine à l’OTAN a été l’une des causes du conflit avec la Russie, Moscou dénonçant l’extension de l’Alliance Atlantique à ses frontières.
En parallèle, force est de souligner que Sébastien Lecornu, ministre français des Armées, a indiqué à son homologue russe Sergueï Choïgou que la France était « disponible » pour des « échanges accrus » en matière de lutte contre le terrorisme, lors d’un entretien téléphonique inédit depuis octobre 2022. S. Lecornu « a confirmé que la France ne disposait d’aucune information permettant d’établir un lien entre cet attentat et l’Ukraine » et a «  appelé la Russie à cesser toute instrumentalisation », ajoute le communiqué. Le ministre français a aussi « condamné sans réserve la guerre d’agression que la Russie a lancée en Ukraine », précise encore son service de presse.

Le ministère russe de la Défense n’a pas encore commenté cet entretien qui intervient alors que les relations entre Paris et Moscou sont particulièrement tendues. Depuis mi-janvier et l’annonce par Emmanuel Macron de l’envoi de 40 missiles Scalp supplémentaires à Kiev, la Russie dénonce l’implication croissante de la France en Ukraine. Les propos du président français, refusant le 26 février d’écarter un envoi de troupes occidentales en Ukraine, a accru les tensions.

Le 22 mars au soir, des hommes armés ont ouvert le feu dans la salle de concert du Crocus City Hall, située à Krasnogorsk en proche banlieue de Moscou, avant de mettre le feu à la salle. À la suite de cette attaque terroriste, 144 personnes sont mortes et 551 autres ont été blessées, selon le dernier bilan du ministère russe des Situations d’urgence. Le groupe État islamique au Khorassan (EI-K) a revendiqué l’attentat. Le 28 mars, le Comité d’enquête russe a indiqué que les auteurs de l’attaque avaient reçu de l’argent venu d’Ukraine. Kiev a de son côté rejeté les accusations de Moscou. Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité russe et Alexandre Bortnikov, directeur du FSB, ont affirmé le 26 mars que l’Ukraine pourrait être impliquée dans l’attaque. Ces affirmations vont dans le même sens que les propos tenus par Vladimir Poutine qui avait déclaré que l’attentat avait été commis par « des islamistes radicaux », tout en assurant s’intéresser aux « commanditaires ».

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