L’armée syrienne a dépêché il y a deux jours la garde républicaine en direction du nord d’Alep pour maintenir la pression sur les troupes pro-turques stationnées dans la région et sur les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes. Selon des sources locales, rapportées par le site arabe Al Quds al Arabi, Damas a envoyé des renforts militaires comprenant des éléments des 105e et 103e brigades (gardes républicains), y compris des chars T72, des véhicules blindés BMP, des transports de troupes, des unités du génie et de l’artillerie de campagne.
Les troupes sont stationnées vers les axes des villes de Manbij et Al-Arima, non loin des différentes milices pro-turques et des forces des FDS.
Ce mouvement des troupes s’inscrit d’abord dans un contexte sécuritaire. Un attentat à la bombe a tué, le 19 juin, cinq soldats de l’armée syrienne dans la ville de Deir ez-Zor, a rapporté le média arabe Arabi Jdiid. Cette attaque faisait suite notamment à la libération par les forces kurdes de plusieurs détenus appartenant à Daech.
Mais ce renforcement militaire au nord intervient surtout à la veille du rassemblement à Astana. Sont attendues pour ce dernier round dans la capitale kazakhe des délégations russes, turques, iraniennes, syriennes, mais aussi l’opposition à Damas, afin de trouver une sortie de crise pacifique.
Ce mouvement de troupes serait une manière pour Damas de faire pression sur la Turquie pour qu’elle quitte le territoire syrien et également sur les forces kurdes pour qu’elles rejoignent le giron national. Pour rappel, la Turquie a repris depuis plusieurs mois contact avec Damas grâce à la médiation de Moscou et de Téhéran, alliés de la Syrie. Mais la normalisation n’est pas encore à l’ordre du jour. Bachar al-Assad exige en effet que les forces turques quittent tout le territoire syrien.
Le front du Golan enflammé
A la frontière avec Israël, force est de souligner que la région du Golan est sur des charbons ardents. En effet, des milliers de druzes syriens du Golan ont protesté contre le projet israélien de construction d’un champ d’éoliennes sur leurs terres agricoles. Ce territoire a été annexé illégalement par l’entité sioniste en 1981. Habillés en tenue traditionnelle, et arborant fièrement leur drapeau aux cinq couleurs, des milliers d’habitants druzes du Golan ont manifesté contre le projet israélien d’éoliennes dans la région. Bloquant les routes avec des pneus enflammés, lançant des projectiles et des cocktails Molotov sur les forces israéliennes, les druzes ont montré leur mécontentement face à la construction d’un champ éolien sur leurs terres agricoles, rapporte une correspondante du média libanais al Mayadeen. En riposte, l’armée israélienne a tiré des flashballs et des grenades lacrymogènes. La police israélienne a appelé les dirigeants de la communauté druze à respecter la procédure légale de construction des éoliennes et à calmer les esprits.
Pour rappel, le plateau du Golan a été conquis sur la Syrie par l’État hébreu lors de la guerre des Six-Jours, en 1967, puis annexé unilatéralement en 1981. Une mesure qu’une résolution de l’ONU a déclarée « nulle et non avenue ». Très longtemps, ce territoire occupé fut l’objet d’âpres négociations avec les autorités de Damas. Il était question de le rétrocéder à condition de normaliser les relations avec l’Etat hébreu, chose qu’avait refusé de faire Hafez al-Assad, père de l’actuel président syrien. Il a fallu ensuite attendre 2019 et un « cadeau » de Donald Trump pour que les États-Unis se décident à être le premier pays au monde à reconnaître la souveraineté israélienne sur ce territoire. En guise de gratitude, le site d’une nouvelle localité sur le Golan a été baptisé « Trump Heights » (« les hauteurs de Trump »).
En décembre 2021, Naftali Bennett, pour sanctuariser son pouvoir, décida de faire voter un plan de 282 millions d’euros pour augmenter les colonies israéliennes sur le Golan. Objectif : 100 000 habitants dans dix ans, soit une multiplication par quatre. Or, ce territoire est également peuplé de druzes, environ 24 000, majoritairement attachés à leur origine syrienne. Ils n’ont donc pas de nationalité sur leur carte d’identité.