Prévu du 6 au 11 juillet 2025 à l’Université Mohammed V de Rabat, l’événement ferait l’objet d’un boycott en cas de maintien des intervenants, a annoncé la MACBI. Cette coordination relevant du mouvement BDS Maroc a fustigé « la participation d’universitaires israéliens issus d’institutions complices » de l’occupation, sans « respect des conditions éthiques fondamentales ». Alors que la bande de Gaza est en proie au génocide depuis le 7 octobre 2023, l’ISA prévoit en effet la participation de trois intervenants d’Israël. L’un d’eux fera un exposé où il qualifie le Hamas d’« organisation terroriste » et mentionne le « déplacement » d’Israéliens à la suite des attaques du Hezbollah contre Israël avant le cessez-le-feu qui continue à être violé depuis des mois par l’occupant sioniste.
BDS Maroc rappelle à travers la MACBI qu’« en 2024, la Cour internationale de justice (CIJ) a jugé que l’occupation israélienne de Gaza et de la Cisjordanie était illégale et constituait un apartheid ». Dès lors, « les experts des droits humains de l’ONU ont appelé à mettre fin aux liens universitaires qui soutiennent la présence illégale et le régime d’apartheid israéliens dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est », ajoute-t-on.
La MCABI a affirmé avoir contacté l’ISA concernant les intervenants dont les communications feraient la promotion du narratif de l’occupation. En retour, l’association a argué « ne pas annuler ces participations », vu son « engagement en faveur de la liberté académique » et pour « offrir une plateforme de dialogue aussi ouvert que courageux ».
Dans ce contexte, la campagne palestinienne de boycott a exigé l’annulation de la participation des universitaires israéliens au cinquième Forum de l’ISA, « sauf si les conditions suivantes sont remplies : le participant israélien reconnaît publiquement et sans équivoque les droits inaliénables du peuple palestinien, en particulier le droit des réfugiés à retourner sur leurs terres et à recevoir réparation ; la présentation du participant israélien s’inscrit dans la logique de la co-résistance à l’oppression et non de la ‘coexistence’ sous l’oppression (…) ; les organisateurs de la conférence enquêtent sur tous les participants israéliens quant à leur éventuelle implication dans des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou un génocide, y compris par incitation ».
La polémique a fait réagir les universitaires marocains, qui annoncent leur boycott du Forum, en cas de maintien de la participation israélienne. Il en va ainsi du secrétariat du courant progressiste des professeurs et chercheurs au sein du Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNE-Sup) qui a exprimé sa « profonde inquiétude des répercussions de l’annonce » de l’ISA. Tout en rappelant que « les universités de l’entité sioniste sont des partenaires et des acteurs stratégiques dans l’occupation et l’institutionnalisation de l’apartheid, en fournissant une couverture académique aux politiques de l’épuration ethnique, en développant des outils de répression et d’espionnage en coopération avec l’armée d’occupation, en hébergeant des bases militaires et des centres de recherche en sécurité au sein de leurs institutions, en institutionnalisant la discrimination raciale à l’encontre des étudiants palestiniens au sein de l’entité sioniste et en justifiant les crimes contre l’humanité, notamment la famine, les massacres et le génocide perpétrés à Gaza ».
Pour l’organisation syndicale, la tenue de ce forum au Maroc, avec la participation d’universitaires d’institutions « impliquées dans ces crimes », serait une « atteinte à l’image de l’université marocaine, à sa crédibilité morale et académique ». Voilà pourquoi les chercheurs marocains ont appelé à « un boycott, à moins que les invitations à participer des représentants de ces institutions ne soient annulées et retirées ». Le courant syndical a appelé la présidence de l’Université Mohammed V à « respecter le symbole historique et scientifique de l’institution, à annuler et retirer toute forme de soutien ou de participation à l’organisation d’un forum auquel des entités sionistes prennent part ». L’ISA a été appelée, de son côté, à « revoir sa position et à adhérer aux principes de la justice académique, en s’opposant à la complicité avec l’occupation et le régime colonial, conformément à ses déclarations antérieures sur la cause palestinienne ».