Selon un officiel américain qui s’est confié anonymement à Fox News, les services de renseignement américain et le Pentagone auraient « recommandé » de maintenir la politique actuelle, en n’accordant pas à l’Ukraine l’autorisation d’utiliser des missiles à longue portée fabriqués aux États-Unis afin de frapper dans la profondeur du territoire russe. Cette recommandation reposerait sur une évaluation estimant que les avantages stratégiques d’un tel changement seraient limités par rapport aux risques encourus.
Ce changement « n’aurait pas d’impact stratégique ou ne changerait pas le cours de la guerre, en partie parce qu’il y a quelques cibles dans la portée de 300km du système de missiles tactiques de l’armée (ATACMS) », a notamment rapporté la chaine US. Cette dernière est notamment revenue sur des affirmations similaires d’un responsable américain, rapportées fin août par le Wall Street Journal(WSJ), selon lesquelles la Maison Blanche n’avait pas l’intention de changer sa politique empêchant Kiev d’utiliser des armes à longues portées contre des cibles en Russie. Ce responsable évoquait également une évaluation du renseignement américain, selon laquelle la Russie aurait déjà déplacé plus de 90% de ses avions militaires hors de portée des ATACMS, anticipant d’éventuelles frappes à longue portée.
Selon la source de Fox News, qui a également évoqué la possibilité pour Moscou de repositionner ses moyens militaires, cette prudence US serait également motivée par des contraintes matérielles, l’Ukraine ne disposant pas suffisamment d’ATACMS, et ce alors que le Pentagone craint que de nouvelles livraisons ne compromettent la capacité de défense américaine. Bien que Joe Biden n’ait pas exclu la possibilité d’un changement de politique en faveur de Kiev, il resterait prudent en raison des « coûts » que cela pourrait occasionner, souligne la chaine américaine. « Il serait irresponsable de ne pas tenir compte de la probable réponse de la part de la Russie » a déclaré le responsable américain à Fox News. Celui-ci a également rappelé que la Russie est une « puissance nucléaire capable de causer de graves dommages à la fois à l’Ukraine et aux États-Unis ». Mi-septembre, soulignant que l’armée ukrainienne ne serait pas en mesure d’effectuer seule de telle frappes à l’aide de missiles à longues portées occidentaux, Vladimir Poutine avait averti que tout feu vert concernant l’utilisation par Kiev de telles armes signifierait « que les pays de l’OTAN, les États-Unis et les pays européens, sont en guerre contre la Russie ». Anthony Blinken, chef de la diplomatie US, avait, quelques jours plus tôt, déclaré que Joe Biden « n’exclu [ai]t pas » d’autoriser Kiev à recourir à ces armes. Un feu vert à l’utilisation d’armes à longues portées, afin de frapper dans la profondeur du territoire russe, est une demande récurrente des autorités ukrainiennes.
