L’armée russe a annoncé ce 1er juin à la mi-journée avoir effectué une « frappe groupée » contre « des installations énergétiques ukrainiennes qui soutiennent le fonctionnement des entreprises du complexe militaro-industriel ». Une série de frappes, effectuée « en réponse aux tentatives du régime de Kiev d’endommager des installations énergétiques et de transport russes », a d’emblée annoncé le ministère dans son communiqué.
Dans son rapport, celui-ci a également déclaré avoir « endommagé » des sites de stockages d’armes occidentales. Au-delà des régions de Kharkov, Zaporojié, Dniepropetrovsk et Poltava à l’Est, de Tcherkassy (sur la rive droite du Dniepr) des explosions ont également été signalées dans celles de Lvov, Khmelnitsky, Vinnitsa et Rovna dans l’ouest de l’Ukraine, a rapporté la chaîne Telegram de Rybar. Selon la même source, des missiles de croisière Kalibr ont été tirés depuis la mer Noire. Des vecteurs, tels que des Tu-95MS et des drones Geran-2 auraient également été impliqués dans ces frappes.
À Lvov, au moins « six impacts sur trois infrastructures critiques » ont été signalés par les autorités locales, a rapporté Rybar. Par ailleurs « l’une des centrales thermiques de la région d’Ivano-Frankovsk et la centrale hydroélectrique HPP Dnipro à Dniepropetrovsk ont été endommagées ». À Odessa, « les infrastructures portuaires ont été touchées et à Balakleïa, un point de déploiement temporaire de l’ennemi » ajoute la chaîne Telegram. « Toutes les cibles désignées ont été touchées » a revendiqué le ministère russe de la Défense. Pour sa part, l’armée de l’air ukrainienne a affirmé sur sa chaîne Telegram avoir abattu 35 des 53 missiles ainsi que 46 des 47 drones dénombrés. « Cela a été une nouvelle nuit extrêmement difficile pour le secteur de l’énergie en Ukraine », a pour sa part indiqué l’opérateur privé DTEK (ex-Société de carburant et d’énergie du Donbass), plus gros acteur du secteur énergétique ukrainien. « L’ennemi a frappé deux de nos centrales thermiques. Les équipements sont gravement endommagés », est-il précisé dans le communiqué. Plus tard dans la matinée, DTEK a diffusé des images, floutées, de dommages infligés à une centrale thermique. Le gouverneur de la région de Lvov a fait état de « trois infrastructures critiques » touchées et de quatre blessés.
Selon un décompte, dressé par le site d’informations Euronews reprenant les déclarations des différents responsables régionaux ukrainiens, au moins 19 personnes auraient été blessées dans cette vague de frappes russes. Sur X, Volodymyr Zelensky a enjoint ses alliés occidentaux à lui fournir davantage de moyens antiaériens. « Nos partenaires savent exactement ce qu’il faut pour cela. Des Patriot supplémentaires et d’autres systèmes de défense aérienne modernes pour l’Ukraine » a-t-il déclaré, appelant également à « accélérer et étendre » la fourniture à Kiev d’avions de combat F-16.
Côté russe, cinq civils ont été tués dans des bombardements ukrainiens dans la région de Donetsk, a annoncé le 31 mai au soir Denis Pouchiline, dirigeant de la région. Trois autres personnes ont été blessées, a-t-il précisé, ajoutant qu’« au cours des dernières 24 heures, 22 attaques ont été enregistrées, l’ennemi a tiré 66 munitions sur le territoire de la République à l’aide de roquettes, d’artillerie de calibre 155 mm, y compris à fragmentation, et de drones kamikazes ». Plus au nord, Viatcheslav Gladkov, gouverneur de la région de Belgorod frontalière de Kharkov, continue d’égrener les multiples attaques ukrainiennes qui frappent chaque jour sa région.
Suite aux opérations de combat de ces dernières semaines à Kharkov, l’armée russe a repoussé les forces ukrainiennes de plusieurs kilomètres, a déclaré la veille Andreï Biélooussov, ministre russe de la Défense. « À la suite de nos opérations intensives dans des zones importantes de la région de Kharkov, l’ennemi a reculé de huit à neuf kilomètres », a-t-il déclaré lors d’une réunion du Conseil des ministres de la Défense de l’OTSC. « Rien que ce mois-ci, 28 localités ont été libérées », a-t-il ajouté. Toujours en matière de gains territoriaux, « au total, 880 kilomètres carrés de territoire sont passés sous le contrôle de l’armée russe cette année », a poursuivi le ministre russe, soit une surface qui équivaut à huit fois celle de la ville de Paris. « En mai, l’ennemi a perdu plus de 35 000 militaires et 2 700 véhicules militaires. Parmi eux, 290 chars et véhicules blindés de combat, dont quatre Abrams, sept Léopard, 12 Bradley. Par ailleurs, 11 avions et quatre hélicoptères ont été abattus, et 730 pièces d’artillerie de campagne et lance-roquette multiples ont été détruites », a égrainé le ministre, citant les chiffres de son ministère. Les forces russes « réduisent systématiquement le potentiel de combat de l’armée ukrainienne », a-t-il affirmé.
L’OTAN mobilisée
Ce 1er juin, lors d’une marche pour la paix à Budapest réunissant des dizaines de milliers de participants, Viktor Orban, Premier ministre hongrois, a mis en garde contre l’imminence d’une guerre contre la Russie. Celui-ci a appelé à empêcher l’Europe d’entrer dans un conflit « qui mènerait à sa propre destruction ». « Au lieu de nous protéger, l’OTAN nous entraîne dans un incendie mondial », estime V. Orban.
« Le sort du monde est en jeu. L’idée d’étendre la guerre gagne en force, et elle a ses avant-gardes : la France, par exemple, mais Londres et Berlin oublient aussi ce qui s’est passé à Hiroshima et Nagasaki lorsqu’ils parlent de la bombe atomique », déclarait le 28 mai Laszlo Csizmadia, fondateur et porte-parole du Forum de solidarité civile (COF) – qui organise les marches pour la paix – dans une interview au site d’informations hongrois Origo. Depuis plusieurs semaines, alors que les déclarations de responsables occidentaux se multiplient en faveur d’un élargissement des frappes de Kiev sur le sol russe, le chef du gouvernement hongrois a multiplié les déclarations visant à alerter l’opinion sur ce qu’il considère comme une marche vers la guerre des Européens. « Chaque semaine, nous nous rapprochons de la guerre », déclarait-il le 31 mai, lors d’une interview, accordée à la radio Kossuth. « C’est absurde, mais au lieu de nous protéger, l’OTAN nous entraîne dans un incendie mondial. C’est comme si un pompier éteignait un incendie avec un lance-flammes », avait-il ajouté.
Rappelant les déclarations de la Russie selon lesquelles l’armée russe avancerait jusqu’à ce qu’une zone « sûre » puisse être créée contre les frappes sur son territoire, V. Orban a ainsi mis en garde sur le fait que plus l’Occident fournirait à Kiev des armes à longue portée, plus l’armée russe avancerait en territoire ukrainien.
« Nous sommes d’accord, il y a une escalade absolue, une intensification de ces sentiments guerriers, ils incitent délibérément à une telle hystérie d’avant-guerre » avait déclaré le même jour Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, lors d’une conférence de presse, répondant à une question sur les propos d’Orban. Une semaine plus tôt, le 24 mai, également sur les ondes de Kossuth Radio, le dirigeant hongrois avait dénoncé les déclarations chargées d’émotion des hommes politiques et des journalistes occidentaux sur la situation en Ukraine et la « menace russe », estimant que l’on assistait à « une sorte de préparation de l’opinion à une guerre ».