Officiellement, on assure que les victimes dans les cinq provinces secouées ont toutes bénéficié d’une aide mensuelle de 2 500 dirhams par foyer. Sauf que cette allocation qui a bénéficié à 63 000 familles a fait couler beaucoup de salive, mobilisé les bonnes volontés pour rassurer là où l’Etat a failli, et conduit des activistes qui parlent crûment des injustices engendrées par le séisme à la case prison. Qu’adviendra-t-il des sinistrés avec le tarissement de cette aide d’appoint ? La question reste sans réponse.
Les informations en provenance des divers douars affectés par cette catastrophe naturelle laissent augurer que les efforts entrepris par le gouvernement pour en atténuer les effets restent aléatoires. Seules 1.000 foyers ont bénéficié des aides de reconstruction, le reste des familles vivotant encore sous les tentes de fortune, dont la majorité se sont vite révélées inadaptées au climat. La lenteur avec laquelle les travaux sont menés expriment à bien des égards l’incurie du système de gestion des calamités naturelles. Autant dire qu’en dépit des efforts gouvernementaux encore menés, la réponse aux attentes de la population locale, traumatisée à vie par un drame humain, est loin d’avoir été à la hauteur. Les enfants érigés en « pupilles de la nation » souffrent, en silence, de l’aveuglement des responsables qui, bien au chaud, se contentent d’aligner les chiffres des réalisations tout en habillant les statistique d’une faconde aussi vide de sens que populiste. L’actuel Exécutif duquel on attendait beaucoup au regard des sorties médiatiques de Faima Zahra El Mansouri, ministre en charge de l’Habitat, est en retard de plusieurs saisons. L’annonce pimpante de la construction de 15 000 logements dans les zones les plus touchées tarde à se concrétiser. Pourtant, le pays ne manque ni de modèles d’habitat écologique, ni de bras pour faire avancer le schmilblick. Même les financements tardent à venir ce qui soulève nombre de questions sur la gestion du Fonds ad hoc mis en place.
L’affaire est grave ! Ceci est d’autant plus vrai qu’un drame n’arrive pas seul, les récentes intempéries dans la région devant alourdir davantage le bilan des déficits et alimenter frustration et colère. Routes, écoles et dispensaires sont réhabilités à un rythme inégal. L’élan de solidarité qui a marqué les esprits aux premières heures du séisme en prend un coup. Cherche-t-on de la sorte, côté politique, à noyer le poisson, en détournant tout simplement l’attention des drames socio-économiques charriés par le tremblement de terre ?
Face à pareille incurie, faut-il s’étonner à ce que nombre de citoyens qui n’ont que les yeux pour pleurer implorent le ciel pour que les responsables de cette tragédie humaine tremblent en passant par les fourches caudines de la reddition des comptes… Le Maroc profond mérite mieux. D’autant plus qu’il regorge de richesses dont les habitants du terroir n’en voient même pas la couleur.