L’indice de genre des ODD évalue les progrès réalisés en matière d’égalité hommes-femmes dans 14 des 17 Objectifs de développement durable (ODD), à travers de 56 indicateurs. Les pays sont notés de 0 à 100, 100 indiquant que les objectifs ont été pleinement atteints. Le score global du Maroc est passé de 61,7 en 2019 à 63,2 en 2022, ce qui le place dans la catégorie «médiocre» (60-70 points) en matière d’égalité des sexes.
Bien qu’il s’agisse d’une évolution positive, ce score signifie que le Maroc n’a parcouru qu’environ les deux tiers du chemin vers la réalisation des principaux objectifs d’égalité, dans le cadre des ODD. Dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), le pays devance ses voisins nord-africains, notamment la Tunisie (85e), l’Algérie (88e) et l’Egypte (89e). Il reste toutefois à la traîne par rapport à certains pays plus à l’est, comme les Emirats arabes unis, le Koweït et l’Arabie saoudite, classés respectivement 32e, 54e et 69e.
Le rapport souligne les avancées réalisées par le Maroc dans plusieurs domaines, entre 2019 et 2022. En l’occurrence, la participation politique des femmes s’est améliorée, même si la parité au Parlement reste encore loin à concrétiser. Le document note que seuls 12 pays sur 139 (8,6%) ont pu réaliser cet objectif, jusqu’en 2022. Les réformes juridiques, comme la réforme du Code de la famille (Moudawana) de 2004, sont considérées comme des mécanismes essentiels pour l’égalité des genres. Toutefois, d’autres réformes juridiques s’avèreront nécessaires pour protéger pleinement les droits des femmes. En outre, davantage de femmes disposent désormais d’un compte bancaire et d’un accès aux services financiers numériques. Le taux de scolarisation des filles dans l’enseignement préscolaire et le nombre d’années de scolarité ont également augmenté. En dépit de ces avancées, des défis persistent. L’autonomisation économique des femmes demeure un enjeu majeur au Maroc, comme dans le reste de toute la région MENA. Le rapport pointe également la faible mise en œuvre des lois visant à lutter contre les violences sexistes dans le pays. Selon l’Indice, le taux global du mariage des petites filles a connu une baisse, mais cette pratique demeure encore problématique au sein de certaines communautés. Si les taux de mortalité maternelle ont diminué également, ils restent élevés par rapport aux pays développés.
Le rapport EM2030 prévient que les progrès du Maroc en matière d’égalité hommes-femmes sont menacés par une série de crises mondiales. L’alourdissement de la dette publique, considérée comme l’indicateur le plus évocateur, pourrait entraver la capacité du royaume à investir dans des initiatives égalitaires. En outre, le rétrécissement de l’espace civique à l’échelle mondiale est considéré comme une préoccupation, faisant que les progrès continus du pays deviennent tributaires de la préservation des espaces pour la société civile et les organisations féministes.
En tant que pays vulnérable au changement climatique, le Maroc pourrait, par ailleurs, être confronté à des défis croissants pour protéger les femmes et les filles des risques liés au climat, tels que les déplacements et l’insécurité alimentaire. En outre, le rapport met en garde contre le fait que l’augmentation des inégalités économiques concentre le pouvoir politique, ce qui pourrait compromettre les efforts en faveur de l’égalité. Pour y remédier, le pays a été appelé à veiller à ce que son développement économique reste inclusif.