La route sud, dans la région de Saïda, était bondée de personnes qui retournaient chez elles après en avoir été déplacées pendant plus de deux mois. Les rapatriés brandissaient des drapeaux du Hezbollah et des photos du secrétaire général du Hezbollah, le martyr Sayed Hassan Nasrallah. Des feux d’artifice ont été tirés sur la place de la ville de Nabatieh (sud) pour célébrer la victoire et le retour des déplacés dans leurs villages.
Le Premier ministre de l’occupation israélienne a annoncé mardi soir que le mini-cabinet a approuvé l’accord du cessez-le-feu avec le Liban. Benyamin Netanyahu a révélé que « l’une des raisons du cessez-le-feu au Liban était l’ajustement des forces et du stock militaire, affirmant qu’il y avait un grand retard dans la fourniture d’armes et de munitions ». En réaction à cet accord, les chefs des colonies du nord ont souligné « qu’il s’agissait d’une capitulation et d’un lever du drapeau blanc ». Et de renchérir: « Il s’agit d’un triste accord de règlement et de capitulation du gouvernement israélien face au Hezbollah ».
Selon les médias israéliens, l’accord stipule « qu’Israël ne mènera aucune action militaire contre le Liban, et qu’il retirera progressivement ses forces du sud de la ‘Ligne bleue’ au Liban, dans un délai pouvant aller jusqu’à 60 jours ». Les commandants militaires israéliens se sont engagés à éradiquer le Hezbollah et à éliminer sa présence dans le sud du Liban. Cependant, ils ont finalement été contraints d’accepter un accord de cessez-le-feu sans atteindre aucun de ces objectifs. Itamar Ben-Gvir, sinistre ministre israélien d’extrême droite, a déclaré mardi que l’accord entre Israël et le Liban n’atteint pas les objectifs de la guerre de renvoyer les colons du nord dans leurs foyers en toute sécurité. Yair Lapid, chef de l’opposition, a déclaré que le cabinet de B. Netanyahu était « entraîné dans un accord avec le Hezbollah, actuellement, les villes du nord sont détruites, la vie des habitants s’est effondrée et l’armée est épuisée ».
En outre, l’accord prévoit que le Liban et Israël s’engagent à respecter la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU. Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que la mission de maintien de la paix de l’ONU au Liban, la FINUL, contribuerait également à la mise en œuvre de l’accord.
Pour sa part, le président américain Joe Biden a annoncé que le Liban et Israël avaient accepté la proposition de cessez-le-feu. Le président US sortant qui assurait l’appui total de l’entité sioniste a affirmé, dans un discours prononcé mardi à la Maison Blanche : « Il n’y aura pas de soldats américains dans le sud du Liban, c’est sa promesse au peuple américain ».
Ibrahim Moussaoui, représentant du Bloc Fidélité à la Résistance au Parlement libanais, a déclaré à la télévision libanaise Al-Mayadeen que « l’occupation israélienne avait lancé de grands slogans pour écraser la Résistance, puis elle a imploré un cessez-le-feu ». Le député du Hezbollah a souligné que « la Résistance a affirmé qu’il n’y a pas de retour pour les colons vers le nord sauf par le biais de négociations indirectes et d’un cessez-le-feu ».
Il a déclaré que les négociations se déroulaient indirectement, soulignant que « ce qui s’est passé est un mécanisme de mise en œuvre de la résolution 1701… et que tout accord entre Israël et les États-Unis ne nous concerne pas ». I. Moussaoui a en outre fermement salué l’environnement de la Résistance de toutes les confessions, régions et orientations. Concernant les funérailles de Sayed Hassan Nasrallah, secrétaire général martyr du Hezbollah, il a déclaré qu’elles auront lieu au moment opportun.
Hassan Fadlallah, autre député du Hezbollah a déclaré de son côté que l’armée israélienne a essuyé « un échec historique sur le terrain » car elle n’a pas réussi à s’imposer sur le terrain face aux opérations de la résistance au sud du Liban et elle a échoué dans ses tentatives d’imposer ses conditions politiques à la résistance. A Reuters, il a indiqué que « les forces d’occupation ont été expulsées de la ligne côtière alors qu’elles tentaient d’atteindre depuis le secteur ouest la zone de Bayyada. Elles n’ont pas pu prendre le contrôle de la ville d’al-Khiam, et ses chars ont été détruits aujourd’hui à l’intérieur de la ville, alors que les résistants sont toujours au cœur de Khiam. De plus, lorsqu’une force israélienne a tenté de s’infiltrer en direction du fleuve Litani, au point le plus proche de la frontière, elle a été attaquée et contrainte à battre en retraite ».
« Je ne dis pas des exagérations et je parle de résistants qui ont imposé à l’ennemi israélien d’accepter le cessez-le-feu », a-t-il encore ajouté. « Tous les objectifs de l’ennemi sont tombés sur le seuil des localités al-Khiam et Kfar Kila et les autres villages libanais … L’armée d’occupation israélienne, malgré toute la technologie dont elle dispose, a échoué dans ses tentatives de stopper les opérations de la résistance au sud du Litani. La résistance a poursuivi ses opérations depuis cette région aujourd’hui encore et visé les installations militaires israéliennes ».
Dans l’après-midi de mardi, la Résistance islamique a revendiqué entre 16h30 et 19h50 des barrages de roquettes contre les colonies Metulla, Zar’it, Shomera, Ma’alot-Tarshiha et Cabri. Elle a aussi lancé deux attaques de drones d’assaut contre la colonie Kiryat Shmona et la base Shraga. Cette dernière située dans la région de Akka a été par la suite visé à deux reprises à l’aide de barrages de roquettes. Les médias israéliens ont rendu compte que les sirènes d’alerte ont retenti 115 fois dans les colonies du nord. « Nous pouvons affirmer aujourd’hui en toute confiance que si l’agression israélienne cesse, les objectifs fixés par Israël n’ont pas été atteints. L’ennemi a annoncé qu’il voulait détruire et écraser le Hezbollah et contrôler par tous les moyens la zone située au sud du Litani, mais il n’a pas pu atteindre le fleuve Litani ni n’a pu s’établir dans aucun des villages. Les résistants sont toujours à la frontière », a signalé H. Fadlallah. Il n’a pas manqué de relevé que « nous traversons des heures dangereuses et sensibles, car nous nous sommes habitués à l’entité israélienne qui, lorsqu’il y a une phase de cessation des hostilités ou de tirs, intensifie ses attaques contre les zones libanaises, et c’est ce à quoi nous assistons ces dernières heures à travers la destruction de bâtiments résidentiels et les attaques contre les civils dans diverses régions. »
Les raids israéliens ont été mardi d’une violence inouïe. De l’aveu de l’armée d’occupation israélienne, plus de 180 cibles ont été frappées au Liban. Des bâtiments résidentiels dans plusieurs quartiers de la capitale Beyrouth ont été bombardés dont ceux abritant les bureaux de l’institution d’aide financière al-Qard al-Hassan. Dans la nuit, les habitants de la capitale sont descendus dans les rues et se sont dirigés vers la côte après des avertissements d’évacuation.
Une première frappe en début d’après-midi sur le quartier de Nouwayri avait fait sept martyrs et 37 blessés selon le ministère libanais de la Santé. Ce même quartier populaire a ensuite été visé à deux reprises et un secteur tout proche, Barbour, a été la cible d’une frappe qui a fait trois martyrs et dix blessés, selon le ministère.
Dans la soirée, une frappe a visé un bâtiment dans le quartier commerçant de Hamra dans le centre de Beyrouth, a constaté un journaliste de l’AFP, peu après l’annonce par Israël de l’adoption ce soir d’un cessez-le-feu au Liban. Pendant les heures de la journée et de la nuit, des dizaines de bâtiments dans la banlieue sud de Beyrouth ont été soufflés par les raids israéliens après des avertissements d’évacuation qui se sont poursuivis pendant la nuit. Plusieurs bâtiments résidentiels dans les villes de Tyr et de Saïda au sud et les villes de Baalbek et Hermel à l’est ont été bombardées. Ainsi que des dizaines de villages au sud et à l’est du pays. Des raids israéliens ont aussi bombardé le passage frontalier avec la Syrie Dabousiyeh et al-Aridha endommageant sérieusement le bâtiment de la Sureté générale.
Selon le ministère libanais de la Santé, au moins 3.799 personnes sont tombées en martyrs dans le pays depuis octobre 2023, la plupart depuis le lancement de l’offensive israélienne contre le Liban à partir du 23 septembre.
Satisfecit de l’Axe de la Résistance
Esmaïl Baghaï, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a salué l’accord de cessez-le-feu, et réitéré dans une déclaration mercredi le « soutien ferme de l’Iran au gouvernement, au peuple et à la Résistance islamique au Liban », affirmant que Téhéran a longtemps souligné la nécessité d’une cessation immédiate de l’agression israélienne à Gaza et au Liban, et déployé des efforts diplomatiques considérables au cours des 14 derniers mois pour atteindre cet objectif.
Le diplomate iranien a noté que les politiques bellicistes et les atrocités de l’entité sioniste, avec le soutien total des États-Unis et de certains pays européens, ont entraîné la mort de près de 50 000 innocents à Gaza et au Liban. À cela s’ajoutent plus de 110 000 blessés et plus de 3,5 millions de déplacés palestiniens et libanais ainsi que les infrastructures essentielles largement détruites. « À la lumière de la décision provisoire de la Cour internationale de justice (CIJ) d’empêcher les actes de génocide [à Gaza] et des mandats d’arrêt délivrés par la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre des dirigeants du régime sioniste accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, l’opinion publique mondiale exige depuis 14 mois la fin de la guerre et du génocide et attend maintenant avec impatience que les criminels du régime d’occupation soient poursuivis et punis », a déclaré E. Baghaï.
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a souligné que la communauté internationale avait la responsabilité de préserver la paix et la stabilité en Asie de l’Ouest et d’exercer une pression efficace sur le régime israélien agressif pour qu’il mette fin à la guerre contre Gaza.
De son côté, le groupe irakien Kataeb Hezbollah a salué, mercredi, l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Liban, affirmant que la trêve aurait été impossible sans la fermeté des combattants du mouvement de résistance libanais Hezbollah. Cette décision « était, sans aucun doute, purement libanaise », soulignant cependant qu’une pause dans les activités de l’un des groupes de résistance de la région n’affaiblirait pas l’unité du Front de la Résistance. « Au contraire, de nouvelles parties se joindront, renforçant le Front de la Résistance pour affronter les ennemis d’Allah, de Son Messager et des croyants », a ajouté le groupe. Les Kataeb ont également considéré les États-Unis comme « un partenaire de l’entité sioniste dans tous ses crimes perfides de meurtre, de destruction et de déplacement », soulignant que « l’entité devra payer le prix de ces crimes tôt ou tard ».
Le groupe irakien a réaffirmé son engagement à soutenir la cause palestinienne, soulignant qu’il n’abandonnera pas les Palestiniens de Gaza, quels que soient les sacrifices nécessaires. « Nous ne nous laissons pas décourager par les menaces, la trahison ou les méthodes criminelles de l’ennemi. Et il nous incombe d’aider les croyants », a-t-il déclaré.
La veille mardi, le mouvement de résistance yéménite Ansarallah a salué la fermeté du Hezbollah et du peuple libanais face à l’agression israélienne barbare, affirmant que ses combattants « font confiance aux choix » du groupe de résistance libanais, après qu’un accord de cessez-le-feu a été conclu entre les deux parties. « L’ennemi israélien ne se serait pas soumis et n’aurait pas accepté le cessez-le-feu s’il ne s’était pas heurté à une résistance solide qui n’a pas cédé face aux crimes d’assassinat perfides », a déclaré Mohammed Abdul-Salam, porte-parole d’Ansarallah. « [Le Hezbollah] a excellé dans ses… opérations, qui se sont intensifiées en quantité et en qualité jusqu’à forcer l’ennemi sioniste et son sponsor américain à s’orienter vers un accord de cessez-le-feu, de manière à préserver la sécurité, la souveraineté et l’indépendance du Liban », a-t-il déclaré.