Muhammad Maa Al-Enein Ould Ayaih, ministre porte-parole du gouvernement mauritanien, a affirmé que son pays «n’était pas la cible» de la dernière frappe des Forces armées royales, en affirmant devant les médias que l’opération militaire s’est déroulée en dehors des frontières de son pays. Mais tel ne semble pas être l’avis du système algérien qui voit d’un mauvais œil tout rapprochement entre Rabat et Nouakchott.
«Le Maroc cherche par tous les moyens à entraver les échanges entre l’Algérie et la Mauritanie, notamment après la visite du président mauritanien en Algérie (fin décembre 2021, ndlr) et la conclusion d’un accord entre les deux gouvernements, prévoyant la construction d’une route reliant le sud algérien à la ville mauritanienne de Zouerate», a indiqué jeudi Amar Belani, érigé en envoyé spécial de l’Algérie pour le Sahara occidental et le Maghreb. Ces déclarations faites au micro du site Echoroukonline tendaient d’expliquer les «objectifs» de la frappe aérienne marocaine en soulignant que «la consolidation des échanges entre l’Algérie et la Mauritanie donnera plus d’espace à cette dernière pour la diversification de ses flux commerciaux». L’opération des FAR ne s’explique aux yeux d’A. Belani que par «le maintien de la dépendance du marché local mauritanien, vis-à-vis de certains produits de consommation marocains comme les agrumes, qui transitent par le passage contesté d’El Guerguerate».
Le responsable algérien a mis en garde contre «toute extension éventuelle de ces hostilités au territoire national algérien ». Car pareille perspective « pourrait être un prétexte à la guerre. Bien que l’Algérie ait souligné à plusieurs reprises qu’elle ne fera pas la guerre sauf en cas de légitime défense». La question qui se pose dès lors est de savoir pourquoi ledit diplomate perd autant de salive lorsque l’opération menée par les FAR n’a empiété sur le souveraineté d’aucun Etat voisin. Ni la Mauritanie n’a protesté, ni l’Algérie n’a été visée, comme le confirment les déclarations du diplomate algérien. L’affaire prend une dimension assez loufoque lorsqu’on restitue les déclarations faites, mardi, par le ministère algérien des Affaires étrangères. Le département dirigé par Ramtane Lamamra a condamné «les assassinats ciblés commis au moyen d’armes de guerre sophistiquées par le Royaume du Maroc, en dehors de ses frontières internationalement reconnues» mais sans faire état de victimes algériennes enregistrées suite à la frappe réalisée par les FAR dimanche dernier.
Fuite en avant
Outre atlantique, l’Algérie et l’Afrique du sud, alliés de toujours, ont profité de l’organisation d’un débat public par le Conseil de sécurité, le 13 avril, sous le thème «Femmes, paix et sécurité», à l’initiative de la présidence britannique, pour mettre au pilori le Maroc. Les représentants des deux pays alliés contre le Maroc ont pointé de présumées «violations perpétrées par l’occupation marocaine contre les défenseures des droits de l’homme au Sahara occidental», indiquent des médias algériens et des séparatistes du Polisario.
Les deux délégations ont prétendu que les autorités marocaines «utilisent la violence sexuelle comme moyen d’intimidation des femmes sahraouies», citant particulièrement les cas de Sultana Khaya et Aminatou Haidar. «Des violations qui nécessitent une plus grande attention de la part de la communauté internationale et des instances compétentes, notamment le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général, chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflits, dans le cadre de son mandat», ont-ils réclamé.
Omar Kadiri, représentant permanent adjoint du royaume aux Nations unies, a rejeté pareilles allégations, indique la MAP. Dans sa réponse, il a accusé l’Algérie d’être «un violeur en série» des droits de l’Homme et du droit humanitaire international. «C’est en Algérie, où de jeunes hommes et femmes du Hirak sont violés et sexuellement agressés dans les commissariats de police algériens», a-t-il soutenu.
Le diplomate a dénoncé l’instrumentalisation d’un débat au Conseil de sécurité sur les femmes pour aborder le dossier du Sahara. Il a souligné, à cet égard, que les «violations sexuelles» supposées dans la province «n’ont jamais été soulevées dans aucun des rapports ni du secrétaire général de l’ONU, ni de sa représentante spéciale, sur les questions femmes, paix et sécurité». En revanche, il a attiré l’attention des membres de l’instance exécutive de l’ONU qu’ «en mars et mai 2020, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme (HCDH) a publié deux communiqués sur le Hirak et la détérioration de la situation des droits de l’Homme en Algérie».
Pour mémoire, le HCDH avait réitéré dans les deux textes «sa préoccupation au sujet de la situation en Algérie où les droits à la liberté d’opinion et d’expression, de réunion pacifique et de participation à la vie publique continuent d’être attaqués, par l’utilisation de la force inutile et disproportionnée contre des manifestants pacifiques, ainsi que par les arrestations continues».
Dans sa réponse, le diplomate marocain a, également, puisé dans les déclarations faites par Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux droits de l’Homme, concernant le voisin de l’Est, pour étayer ses dires. «En Algérie, je suis préoccupé par les restrictions croissantes des libertés fondamentales, y compris la multiplication des arrestations et des détentions de défenseurs des droits de l’Homme, de membres de la société civile et d’opposants politiques. J’appelle le gouvernement à changer de cap et à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir le droit du peuple à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifiques», a rapporté O. Kadiri. Le 24 décembre 2021, le HCDH avait exprimé, dans un communiqué, les mêmes préoccupations sur la situation en Algérie.
La diplomatie algérienne qui, dans son animosité affichée à l’encontre du Maroc, s’est trompée de combat. Ainsi a été pris qui croyait prendre…