Le Comité d’enquête de Russie a ouvert, vendredi 11 mars, une enquête pénale au sujet des appels à la violence et au meurtre visant des citoyens russes qui sont diffusés librement sur Facebook et Instagram suite à la décision de leur maison mère d’assouplir ses règles ses contenus haineux dans 12 pays. Meta ne supprimera plus, entre autres, des messages hostiles à l’armée, aux dirigeants russes, ainsi qu’aux «Russes» lorsque le contexte de ces messages fait mention de l’«invasion» de l’Ukraine – un terme que réfute Moscou.
Moscou a demandé aux autorités américaines de prendre des mesures contre les «activités extrémistes» de Meta, qui a décidé d’assouplir les règles de Facebook sur les contenus haineux dans 12 pays en raison de l’offensive militaire russe en Ukraine.
L’ambassade de Russie à Washington a demandé aux autorités étasuniennes de mettre fin aux «activités extrémistes» de Meta après que l’entreprise californienne a annoncé faire des exceptions à son règlement sur les contenus violents et haineux.
Sur Twitter, l’ambassade de Russie s’est exprimée en ces termes : «Nous exigeons que les autorités [étasuniennes] mettent fin aux activités extrémistes de Meta, et prennent des mesures pour traduire les auteurs en justice. Les utilisateurs de Facebook et Instagram n’ont pas donné aux propriétaires de ces plateformes le droit de déterminer les critères de vérité et de monter les nations les unes contre les autres».
Reuters avait publié jeudi un article citant des courriels échangés par des modérateurs de contenus du géant des réseaux sociaux et affirmant que la mise à jour du règlement s’appliquait à l’Arménie, l’Azerbaïdjan, l’Estonie, la Géorgie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Russie, la Slovaquie et l’Ukraine.
Le plus grand réseau social du monde y autorise ainsi temporairement certaines publications appelant à la violence contre l’armée russe.
Un changement de politique que Meta détaille comme suit dans un courriel révélé par Reuters : «Nous émettons une autorisation en vertu de l’esprit de la politique [de modération] pour permettre les discours violents [de type] T1 qui seraient autrement supprimés en vertu de la politique de lutte contre les discours haineux lorsque [ceux-ci] : (a) visent les soldats russes, SAUF les prisonniers de guerre, ou (b) visent les Russes lorsqu’il est clair que le contexte est l’invasion russe de l’Ukraine (par exemple, le contenu mentionne l’invasion, la légitime défense, etc.). Nous agissons de la sorte car nous avons observé que, dans ce contexte spécifique, les « soldats russes » sont utilisés pour désigner l’armée russe».
«La politique relative aux discours haineux continue d’interdire les attaques contre les Russes», précise cependant le courriel.
«En raison de l’invasion russe de l’Ukraine, nous faisons preuve d’indulgence pour des formes d’expression politique qui enfreindraient normalement nos règles sur les discours violents telles que « mort aux envahisseurs russes », a confirmé à l’AFP Andy Stone, responsable de la communication de Meta. «Nous continuons de ne pas autoriser des appels crédibles à la violence contre des civils russes», a-t-il cependant ajouté.
Parmi les publications désormais autorisées dans douze pays figurent également les appels à la mort du président russe Vladimir Poutine ou du président biélorusse Alexandre Loukachenko.
Ces publications contre des dirigeants russes seront autorisées à moins qu’ils ne contiennent d’autres cibles ou qu’ils comportent des précisions tels que le lieu où la méthode d’un passage à l’acte. Des courriels ont également montré que Meta autoriserait les éloges du bataillon Azov, milice néo-nazie intégrée aux forces ukrainiennes.
Ce changement de politique de la part du groupe étasunien avait pour la première fois été rapporté par The Intercept. Le porte-parole de Meta avait à ce sujet déclaré précédemment que l’entreprise faisait «pour l’instant une exception très restreinte pour les éloges du régiment Azov, strictement dans le contexte de la défense de l’Ukraine, ou dans leur rôle en tant que partie de la Garde nationale ukrainienne».
La Russie a de son côté «limité l’accès» et «ralenti le fonctionnement» de Facebook sur son territoire la semaine dernière, en représailles notamment à la décision du groupe californien d’interdire l’accès en Europe aux médias tels que RT et Sputnik, dont la diffusion sur tous les canaux a été bloquée sur décision de Bruxelles. L’accès à Twitter est quant à lui très fortement restreint en Russie.
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