A l’issue de sa réunion du dimanche 29 décembre, le PJD a publié un communiqué dans lequel il met en garde contre la transformation de la famille en « entreprise commerciale basée sur la comptabilité et les conflits », ce qui conduirait inévitablement à une aggravation du phénomène de l’abstention du mariage. Il a également souligné le risque de transformer les contrats de mariage en « contrats d’adhésion », en raison de l’obligation de stipuler le consentement ou l’opposition à la polygamie.
Lors de cette réunion dirigée par Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD, le parti a exprimé ses préoccupations concernant la gestion par le ministre de la Justice de cette révision, exprimant une totale méfiance quant à sa capacité à garantir une formulation législative fidèle et respectueuse des principes et références de la société. Le PJD a mis en avant que ses récentes déclarations montrent clairement qu’il déforme certaines dispositions et dépasse ses attributions.
Le communiqué du PJD a précisé que bien que les questions religieuses qui relèvent d’un texte clair et non sujet à interprétation aient été définitivement tranchées, l’intérêt du pays exige que les propositions législatives soient soumises à un examen juridique rigoureux et tiennent compte des implications sociales et familiales de ces réformes. Et de justifier ses préoccupations par les « grandes inquiétudes » soulevées parmi la population, non seulement sur l’aspect religieux de ces propositions, mais aussi sur leurs conséquences néfastes sur la structure de la famille. Selon le PJD, la famille doit rester une institution fondée sur l’affection, la miséricorde, le respect et la coopération, et ne pas être réduite à une entité régie par des calculs financiers et des conflits, ce qui risquerait d’aggraver le phénomène de l’abandon du mariage, ainsi que d’entraîner une multiplication des divorces. Ces risques, craint le PJD, sont en contradiction avec les objectifs de la religion islamique, qui vise à encourager le mariage et à préserver la stabilité familiale, essentielle pour renforcer la société.
Le PJD a également formulé des réserves sur plusieurs autres propositions de réforme, notamment celle concernant l’exclusion du logement conjugal de la succession, qui violerait les droits des héritiers, en particulier lorsque le logement représente la seule ou la principale valeur patrimoniale. Il a aussi exprimé des préoccupations concernant la manière dont les dettes des conjoints seraient traitées, estimant que la réciprocité des dettes pourrait entraîner des complications et des charges injustes pour les conjoints, ce qui va à l’encontre du principe de l’indépendance des patrimoines.
Plus, le PJD a souligné que considérer le travail domestique de l’épouse comme une contribution à l’enrichissement des biens acquis pendant le mariage poserait des problèmes d’évaluation et risquait de transformer l’espace familial, fondé sur la solidarité, en un lieu de conflits et de revendications. De même, il a exprimé des réserves concernant la proposition de faciliter le divorce, estimant qu’il n’est pas sage de promouvoir cette démarche dans le Code de la famille, et qu’il ne faut pas priver les couples en cas de divorce consensuel de la possibilité de tenter une réconciliation.
Concernant la garde des enfants en cas de divorce, le PJD a insisté sur la nécessité de protéger les droits du père en matière de visites, de surveillance et de liens familiaux. Il a insisté sur la nécessité d’intervenir en cas de conflit entre les parents pour garantir les meilleurs intérêts de l’enfant.
En ce qui concerne la polygamie, le PJD a estimé que le ministre de la Justice avait outrepassé ses compétences. Il a souligné que « la proposition d’imposer l’avis de l’épouse sur la polygamie lors de la signature du contrat de mariage n’était ni nécessaire ni appropriée, et que la version actuelle du Code suffisait à garantir un équilibre ».
Le PJD a également mis en avant l’importance de clarifier et de réguler l’exception concernant la présence de témoins musulmans lors des mariages célébrés à l’étranger, lorsqu’il est impossible de trouver des témoins musulmans.
En affirmant que le Code de la famille est une loi fondamentale, le PJD a affirmé qu’il ne peut être réformé simplement par une majorité numérique. Il s’agit d’une question cruciale pour la société qui doit être résolue en fonction de son adhérence aux principes religieux, constitutionnels et nationaux, tels que définis par le Roi, et en fonction de sa capacité à servir l’intérêt général, notamment en encourageant le mariage légitime et en préservant l’unité et la stabilité de la famille.