Lors de sa campagne Vigieplastic Méditerranée menée pendant l’été, l’organisation a mesuré des taux de microparticules de plastique pouvant atteindre les deux millions par kilomètre carré dans certaines zones, soit près du double de ce qui était encore observé en 2018-2019, rapporte Le Monde.
Bruno Dumontet, fondateur d’Expédition MED et coauteur de l’étude explique que la Méditerranée « est une mer semi-fermée, donc tous les déchets qui arrivent quotidiennement des 22 pays riverains s’accumulent ». Et d’alerter : « Au rythme auquel vont les fuites de plastique, nous allons être confrontés d’ici à quelques dizaines d’années seulement à une catastrophe environnementale de grande envergure ». Il a, en outre, exprimé son inquiétude de voir la Méditerranée se transformer progressivement en « mer morte ».
Dans un rapport publié en 2020, l’Union internationale pour la conservation de la nature avait indiqué que près de 229 000 tonnes de plastique étaient déversées chaque année dans les eaux méditerranéennes, soit l’équivalent de plus 500 conteneurs par jour, en raison d’une mauvaise gestion des déchets.
Selon l’organisation internationale, sans intervention significative, ce chiffre pourrait atteindre les 500 000 tonnes par an à l’horizon 2040.
L’étude d’Expédition MED, menée par des scientifiques et des volontaires repose sur l’analyse de 52 échantillons prélevés en surface grâce à des filets Manta dans une quarantaine de sites situés à proximité de la Corse et de l’archipel toscan.
Ainsi une concentration moyenne de 220 000 fragments de plastique par kilomètre carré, a été observée par les scientifiques. Une pollution très importante a notamment été constatée dans une zone d’accumulation située au nord-est de la Corse (entre le cap Corse, l’île de Capraia et l’île d’Elbe), les taux approchant les 2 millions de particules par kilomètre carré dans trois sites de cette zone. Il s’agissait en très grande majorité de microplastiques de moins de 5 mm, souligne Bruno Dumontet.
Ces résultats sont d’autant plus inquiétants qu’ils ne représentent que la « partie émergée de l’iceberg », précise Nicolas Gosset, biologiste et coauteur de l’étude : « Ils sont le reflet de ce que l’on trouve en surface, or on sait que 70 % à 80 % des plastiques coulent et finissent dans les profondeurs ».