143 voix pour, 9 contre et 25 abstentions : tel est le résultat du vote tenu ce 10 mai à New York, lors d’une séance plénière de l’Assemblée générale de l’ONU. La résolution présentée par les Émirats arabes unis, pays qui a signé les Accords d’Abraham pour normaliser ses relations avec l’entité sioniste », « constate que l’État de Palestine remplit les conditions requises pour devenir membre » des Nations unies et stipule qu’il « devrait donc être admis» au sein de l’Organisation. «Je me suis tenu des centaines de fois à cette tribune, souvent dans des circonstances tragiques, mais aucune comparable à ce que mon peuple vit aujourd’hui », a déclaré Riyad Mansour, ambassadeur palestinien à l’ONU. « Je me suis tenu des centaines de fois à cette tribune, mais jamais pour un vote plus important qu’aujourd’hui, historique », a-t-il ajouté, la voix serrée par l’émotion. Si ce vote demeure non contraignant, il renvoie toutefois le dossier d’une adhésion de la Palestine au Conseil de sécurité des Nations unies. Le 18 avril, en raison du veto des États-Unis, il avait rejeté une demande portée par l’Algérie de reconnaître la Palestine comme membre plein et entier de l’ONU.
Pour autant, cette résolution octroie aux Palestiniens « à titre exceptionnel et sans que cela constitue un précédent » une série de «droits et privilèges supplémentaires » à compter de la 79e session de l’Assemblée qui aura lieu en septembre. Si les Palestiniens ne pourront pas voter ni être membre du Conseil de sécurité, la résolution adoptée ce 10 mai leur permettra notamment de soumettre directement des propositions et des amendements, sans passer par un pays tiers, ou encore de siéger parmi les États membres par ordre alphabétique.
Ce vote, quasi-unanime, a provoqué l’ire d’Israël. « Cela me rend malade », a fustigé à la tribune l’ambassadeur israélien Gilad Erdan, accusant ses pairs de « donner les droits d’un État à une entité déjà partiellement contrôlée par des terroristes ». « Avec ce nouveau précédent, nous pourrions voir ici des représentants de Daech ou Boko Haram siéger parmi nous », a-t-il poursuivi. « Vous réduisez la Charte en lambeaux, honte à vous ! », a-t-il encore lancé, en passant dans une déchiqueteuse le texte de la charte de l’ONU.
Premier soutien d’Israël, en guerre contre le Hamas suite à l’héroïque opération Déluge d’Al-Aqsa contre les colonies et casernes de l’enveloppe de Gaza, le 7 octobre dernier, Washington a fait savoir qu’il s’opposerait à nouveau à l’adhésion de la Palestine à l’ONU. « Les efforts visant à faire avancer cette résolution ne changent rien au fait que l’Autorité palestinienne ne répond pas actuellement aux critères d’adhésion à l’ONU en vertu de la Charte des Nations unies », a déclaré dans un communiqué Nate Evans, porte-parole de la mission américaine.
Parallèlement à cette activité onusienne, Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, a déclaré ce 10 mai sur la radio publique espagnole que l’Espagne, l’Irlande et la Slovénie prévoyaient de reconnaître l’État palestinien le 21 mai, de façon simultanée. « Il y aura donc trois pays » européens à franchir ce pas « et probablement d’autres ensuite », a poursuivi cet ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, en rappelant que la Belgique avait également annoncé sa volonté de reconnaître l’État palestinien.
A signaler que l’Afrique du Sud a demandé ce vendredi à la Cour internationale de justice (CIJ) d’imposer de nouvelles mesures d’urgence à Israël en raison de la situation à Rafah, a annoncé la juridiction. Cette demande intervient au moment où les opérations militaires dans cette ville surpeuplée paralysent l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza. C’est la troisième fois que Pretoria demande des mesures supplémentaires à la plus haute juridiction de l’ONU, après l’avoir saisie fin décembre, accusant Israël de perpétrer un « génocide » à Gaza, une accusation démentie avec véhémence par Israël. Le Président colombien a choisi, lui, l’autre voie, plus radicale, en incitant la Cour pénale internationale à réclamer la tête de Benyamin Netanyahu, chef du gouvernement ultra sioniste qui ne jure, depuis le 7 octobre dernier, que par l’éradication de la résistance nationale palestinienne, le Hamas en tête.