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Marocanité du Sahara : L’administration Biden maintient le flou…

L’offre d’autonomie large faite par Rabat, constamment qualifiée de « sérieuse et crédible » par le Conseil de sécurité de l’ONU, ne suffit-elle plus à l’administration Biden comme processus de règlement sur lequel devrait s’activer Staffan de Mistura, nouveau représentant personnel du S.G de l’ONU pour le dossier saharien ? La question mérite d’être posée à l’heure où le Maroc bataille auprès de ses partenaires traditionnels pour qu’ils soient plus conséquents dans leurs démarches à l’endroit du Royaume.

Après Madrid et Berlin, est-il prévisible qu’un coup de froid soit aussi le lot de Washington dans ses relations avec Rabat ? En tout cas, l’administration Biden qui, assure-t-on, ne cherche pas à annuler la décision de la précédente administration Trump qui a reconnu la marocanité du Sahara, maintient le flou. La preuve ? Lundi, le président Joe Biden a signé la Loi sur l’autorisation de la défense nationale (NDAA) pour l’année fiscale 2022, annonce la Maison Blanche. Une loi qui, entre autres, prévoit de limiter les aides et le financement militaire octroyés au Maroc si le Royaume ne s’engage pas à «rechercher une solution politique mutuellement acceptable au Sahara occidental». L’offre d’autonomie large faite par le Royaume et soutenue par la partie américaine en son temps ne bénéficie-t-elle plus de l’agrément de l’actuelle administration ?
Si l’ancien locataire de la Maison Blanche avait reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara, J. Biden semble, lui, plus frileux considérant cette section qui traite de la «limitation du soutien aux forces militaires du Royaume du Maroc pour des exercices multilatéraux» de la NDAA. On précise côté américain que cette section prévoit qu’«aucun des fonds autorisés à être affectés par cette Loi ou autrement mis à la disposition du Département de la Défense pour l’année fiscale 2022 ne peut être utilisé par le Secrétaire à la Défense pour soutenir la participation des forces militaires du Royaume du Maroc à tout exercice multilatéral administré par le Département de la Défense, à moins que le Secrétaire ne détermine, en consultation avec le Secrétaire d’État, que le Royaume du Maroc s’engage à rechercher une solution politique mutuellement acceptable au Sahara occidental». L’affaire est donc tranchée quand bien même cette limitation peut donner lieu à une dérogation «pour les intérêts de sécurité nationale des États-Unis» si le Secrétaire à la Défense soumet aux comités de défense du Congrès une détermination et une justification écrite. En somme, la normalité des « relations stratégique », dit-on, entre les USA et le Royaume, est fonction des seuls intérêts US. Autant dire que l’Amérique fait peu de cas des intérêts propres du Maroc. La diplomatie marocaine devrait donc en tirer les conclusions nécessaires et se faire une raison… Surtout après avoir, et c’est tout à son honneur, conditionné le retour des relations à la normale avec des partenaires traditionnels, comme l’Espagne ou encore l’Allemagne, par la quête de rapports plus équilibrés et néanmoins respectueux de l’intégrité territoriale du Royaume.
Le coup de semonce fait par l’administration Biden s’apparente à une épreuve de force qui s’accommode mal du discours nourri quant à la dimension stratégique des relations américano-marocaine. En d’autres termes, la partie marocaine devrait savoir garder raison au regard du caractère volatile des alliances entre Etats en cette période de grands chamboulements en cours. Et réagir sereinement face au diktat qu’un quarteron de membres du Congrès US prononce à l’encontre des intérêts bien compris du Royaume.

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