L’ONG a diffusé des images montrant un incendie à bord du navire, ajoutant qu’un signal de détresse avait été envoyé alors que l’embarcation se trouvait à une trentaine de kilomètres à l’est de Malte. Le navire, battant pavillon de Palaos, transportait 30 militants et du matériel humanitaire.
Dans un communiqué, le gouvernement maltais a déclaré que l’incident n’avait pas fait de victimes. Selon lui, douze membres d’équipage et quatre passagers se trouvaient à bord. « Les ambassadeurs israéliens doivent être convoqués et répondre des violations du droit international, y compris le blocus en cours et le bombardement de notre navire civil dans les eaux internationales », a déclaré le groupe. Des militants de 21 pays se trouvent à bord du navire, participant à ce qu’ils appellent une « mission pour contester le blocus illégal et meurtrier de Gaza imposé par Israël et pour livrer une aide humanitaire vitale, désespérément nécessaire ».
En 2010, un convoi de la Flottille de la Liberté avait été arraisonné et abordé en haute mer par des soldats israéliens. L’opération avait coûté la vie à neuf militants turcs à bord du Mavi Marmara.
Israël bloque depuis le 2 mars toute livraison d’aide dans la bande de Gaza, ravagée après 18 mois de guerre israélienne sans merci qui a fait plus de 54 mille martyrs. Une réalité qui fait réagir le Comité international de la Croix-Rouge. Les opérations humanitaires à Gaza sont « au bord de l’effondrement total », a mis en garde vendredi ladite instance.
L’Organisation mondiale de la santé avait qualifié jeudi d’ « abomination » la situation à Gaza, exprimant sa colère face à l’inaction pour venir au secours de sa population.
Ce qui se passe à Gaza est « une abomination », a dénoncé jeudi 1er mai, un haut responsable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a dit sa colère face à l’inaction pour venir au secours de la population. « Nous brisons le corps et l’esprit des enfants de Gaza. Nous affamons les enfants de Gaza, car si nous n’agissons pas, nous sommes complices de ce qui se passe sous nos yeux », a dit Mike Ryan, directeur général adjoint de l’OMS, lors d’un point de presse. « Nous regardons cela se dérouler sous nos yeux, et nous ne faisons rien. En tant que médecin, je suis en colère contre moi-même de ne pas en faire assez. Je suis en colère contre tous ceux qui sont ici derrière moi avec vous », a-t-il ajouté. Il a évoqué « plus de 1000 enfants qui n’ont plus de membres, des milliers d’enfants avec des lésions de la moelle épinière, avec de graves blessures à la tête dont ils ne se remettront jamais, des milliers et des milliers d’enfants avec de graves troubles psychologiques dont ils ne se remettront peut-être jamais ».
Vendredi marquera deux mois de blocus israélien total contre la bande de Gaza. Depuis le 2 mars, aucune aide humanitaire n’est autorisée par l’armée d’occupation israélienne à entrer à Gaza.
Pis encore, les États-Unis ont réitéré leur soutien sans faille au génocide israélien perpétré dans la bande de Gaza, déclarant que le droit international « n’oblige pas une puissance occupante » à autoriser l’entrée de l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne. C’est ce qui ressort de l’audition de Josh Simmons, membre de l’équipe juridique du département d’État américain devant la Cour internationale de Justice (CIJ) mercredi, à La Haye, au troisième jour des audiences consultatives visant à évaluer les conséquences juridiques des restrictions israéliennes imposées aux agences de l’Onu.
Depuis l’instauration du blocus, l’ONU ne cesse de dénoncer la catastrophe humanitaire et sanitaire et le risque de famine pour les 2,4 millions d’habitants. Rappelons que plus de 54.000 Palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants, sont tombés en martyre, depuis le lancement de la guerre génocidaire israélienne contre Gaza, le 7 octobre 2023.
Départs forcés en Cisjordanie
Des dizaines de milliers de Palestiniens ont été déplacés dans le nord de ce camp de réfugiés de Jénine depuis qu’Israël y a lancé, le 21 janvier, la vaste opération Mur de Fer, qualifiée « d’antiterroriste ». Ledit camp est l’un des trois visés par cette opération, avec ceux de Tulkarem et Nour Shams.
Fin février, l’armée d’occupation a déployé des chars à Jénine, pour la première fois en Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, depuis la fin de la seconde Intifada en 2005. Début mars, elle a déclaré avoir étendu son offensive à d’autres quartiers de la ville.
Le camp de Jénine est connu pour être un bastion des groupes de résistance palestiniens et les forces d’occupation y ont toujours mené des opérations. Mercredi, des images de l’AFP ont montré des lignes électriques suspendues au-dessus de rues bloquées par des barrages en terre. Devant l’hôpital gouvernemental de Jénine, des eaux usées se déversent sur la route.
Farha Abu Al-Hija, membre du Comité populaire pour les services dans le camp de Jénine, raconte que des familles vivant aux abords du camp sont contraintes chaque jour de quitter les lieux. « Cent jours se sont écoulés, comme si cela faisait cent ans pour les personnes déplacées du camp de Jénine », ajoute-t-elle. « Leur situation est désastreuse, les conditions sont dures et ils n’avaient jamais connu auparavant une telle douleur ».
En mars, Médecins sans frontières a dénoncé la situation « extrêmement précaire » des Palestiniens déplacés par l’offensive israélienne, affirmant qu’ils étaient « privés d’abris convenables, de services essentiels et d’accès aux soins ». Selon MSF, l’ampleur des déplacements forcés et de la destruction dans les camps est sans précédent « depuis des décennies » en Cisjordanie. De son côté, l’ONU estime à environ 40.000 habitants des camps déplacés depuis le 21 janvier.
Israël Katz, ministre israélien de la Défense, a déclaré que l’offensive durerait plusieurs mois et a ordonné à l’armée de ne pas laisser les habitants rentrer chez eux. Fin avril, les forces israéliennes ont érigé des barrières à plusieurs entrées du camp de Jénine. Leur offensive avait débuté deux jours après l’entrée en vigueur d’une trêve, le 19 janvier, dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas.
Déjà, avant le début de la guerre le 7 octobre 2023, la violence flambait en Cisjordanie où plus de 200 Palestiniens étaient tombés en martyrs. Depuis le 7 octobre, au moins 925 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, d’après les chiffres du ministère de la Santé palestinien. Dans le même temps, au moins 33 Israéliens, dont des soldats, ont été tués en Cisjordanie dans des attaques palestiniennes ou lors d’opérations militaires, selon les données officielles israéliennes.
S’affranchir de la peur
Mahathir Mohamad, ancien Premier ministre malaisien, a exhorté, mercredi, le monde à « surmonter » la « peur » des Etats-Unis pour mettre fin au génocide dans la Bande de Gaza. « Nous avons peur de l’Amérique. Mais nous devons surmonter nos peurs. Il existe des moyens d’arrêter le massacre », a écrit M. Mahathir sur X, ajoutant que le soutien des États-Unis à Israël empêchait les nations d’apporter leur aide à Gaza. « Et le monde ne peut rien faire. Pourquoi ? Parce que le grand peuple américain soutient pleinement le génocide israélien. Ce sont les mêmes personnes qui se gargarisent des droits de l’homme, du caractère sacré de la vie, etc. etc », a-t-il ajouté.
L’ancien responsable malaisien a déclaré que les États-Unis considéraient le reste du monde comme un « ennemi » et les accusaient de « tromper l’Amérique ». Il a prévenu que le monde était « confronté à la menace sérieuse d’une troisième guerre mondiale », exhortant les pays à faire fi de ce qu’il qualifie de « bluff » ou de discours trompeur des États-Unis. « Seule une menace contre l’Amérique l’empêchera de se joindre à Israël dans le massacre du peuple palestinien, dans l’espoir de conquérir Gaza pour en faire une station touristique », a déclaré l’homme d’État chevronné.