Les syndicats des enseignants ne décolèrent pas face au peu de cas affiché à l’égard de leur cahier revendicatif par la majorité aux affaires. Ils refusent de reprendre les cours, avec un rythme normal, tant que la tutelle s’obstine à rejeter toute remise en cause de la copie du statut unifié tripatouillé par plusieurs mains de l’Exécutif pour annuler tous les acquis exigés par les syndicats. Ainsi, l’appel d’Aziz Akhannouch à la reprise normale des cours n’aura pas été entendu. Pas plus que la menace tapie derrière les déclarations d’Abdellatif Ouahbi quant au rejet de tout « bras de fer » engagé contre l’Etat. Autant dire que la réunion de la majorité au cours de laquelle la question de la réforme de l’enseignement a été prégnante n’a fait qu’attiser la colère de la famille de l’éducation. La perfidie est telle que l’Istiqlal, formation de la majorité, n’a pas hésité à donner l’ordre à son bras syndical, l’UGTM en l’occurrence, de jouer la carte de la division en mobilisant ses membres contre toutes les formes de protestation. Même l’UMT, centrale syndicale historique, a décidé de jouer la carte de la division pour sauver la tête de l’Exécutif. Mais il semble qu’il y a beaucoup de la coupe aux lèvres. Le marasme au sein du corps enseignant est tel que s’enchainent manifestations et sit-in dans plusieurs provinces. Plus, une nouvelle grève nationale a été annoncée et sera observée pendant trois jours à partir de mardi. Une majorité de coordinations syndicales promettent une bataille de longue haleine contre le nouveau statut des fonctionnaires de l’Éducation nationale. Objectif, réviser ledit statut de sorte qu’il réponde aux attentes du corps enseignant.
C’est dans ce cadre-là qu’il faudra placer le boycott de l’appel lancé par le secrétaire général du ministère de l’Éducation nationale aux « syndicats représentatifs » pour une réunion préliminaire en vue de préparer un nouveau dialogue avec la commission ministérielle chargée par le chef du gouvernement de suivre le dossier et de reprendre le dialogue. En effet, le bureau national du Syndicat national de l’enseignement (SNE), affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT), a annoncé une grève nationale les 21, 22 et 23 novembre en cours. Pour les syndicats, si dialogue il doit y avoir, c’est plutôt avec la commission interministérielle plus qu’avec la tutelle décrédibilisé. Dialogue qui devrait être favorisé par un climat d’apaisement des tensions, le gage étant d’annuler la décision du MEN autorisant le Trésor à ponctionner les salaires des enseignants grévistes.
L’affaire est donc grave. Pour autant, c’est à Chakib Benmoussa, à la tête du MEN, de revoir la version du statut unifié en conformité avec les attentes des enseignants et de défendre auprès de l’Exécutif la cause des fonctionnaires de l’éducation nationale. L’actuel gouvernement qui fait de « l’Etat social » son projet peut-il avancer un tant soit peu sur ce chantier sans revaloriser l’école et, partant, les véritables acteurs de la revalorisation du système d’éducation public, le corps enseignant en l’occurrence ? That’s a quastion…